dimanche 29 décembre 2013

DE ROSNAY, Tatiana - A l'encre russe

2006. Nicolas Duhamel souhaite renouveler son passeport. La démarche va se révéler aussi éprouvante que périlleuse. Ses parents étant nés à l’étranger, il doit prouver qu’il est bel et bien français. En prime, une stupéfiante découverte l’attend : son père n’est pas le fils de Lionel Duhamel, mais se nomme en fait Koltchine. Depuis vingt-quatre ans, Nicolas vit dans le mensonge. Pourquoi avoir savamment entretenu le secret ? Son père, surfeur hors pair, disparu au large de Guéthary quand il était encore enfant, n’est plus là pour lui répondre. Que savait-il d’ailleurs, ce père intrépide, des circonstances de sa naissance ? Quoi qu’il en soit, celles de sa mort en mer restent auréolées de mystère. Profondément secoué par ces révélations, qui ravivent la douleur de la perte, Nicolas se lance sur la piste de ses origines jusqu’à Saint-Pétersbourg. Contre toute attente, de cette enquête personnelle découlera un roman, publié sous le pseudo de Kolt, qui rencontrera un succès phénoménal et propulsera son auteur en tête des meilleures ventes. 2011. Un brin plus arrogant, un poil plus égoïste après trois ans sous les projecteurs, de Hollywood à Singapour, Nicolas Kolt a choisi de fêter l’anniversaire de sa fiancée au Gallo Nero, villégiature de rêve sur la côte toscane. Il espère y trouver l’inspiration pour son second roman, tant attendu (par ses parents, amis, lecteurs, éditeurs). Pendant trois jours où il croyait trouver luxe, calme et volupté, dans ce paradis pour happy few, Nicolas verra s’accumuler orages et périls, défiler sa vie et se jouer son avenir. Clients inénarrables (du couple ostentatoire à la famille glamour), coulisses de l’édition (enchères et transferts), foire aux vanités (duel sur Facebook et Instagram du succès), jeux de séduction (professionnelle autant que sexuelle), Tatiana de Rosnay jongle avec les registres et les intrigues pour nous offrir le plus affriolants des romans à tiroirs. Réflexion sur l’identité mais aussi sur l’écriture, À l’encre russe démontre la puissance et la virtuosité de la romancière. Son spectaculaire roman gigogne marque le sacre de la reine du secret.

vendredi 27 décembre 2013

HOOPER, Chloe - Fiancailles

Autrefois architecte à Londres où elle a accumulé un certain nombre de dettes, Liese Campbell vit à présent à Melbourne, travaillant pour son oncle agent immobilier.
Elle fait la rencontre d'Alexander Colquhoun, riche propriétaire terrien qui cherche un appartement. Au fil de leurs rendez-vous, Liese et Alexander entament une liaison...rémunérée, l'occasion idéale pour Liese de rembourser ses dettes et quitter l'Australie.
Juste avant son départ, Alexander lui propose une coquette somme d'argent en échange d'un weekend passé avec lui dans sa ferme du bush.
Autant dire que Liese est loin de soupçonner ce qui l'attend...

mardi 24 décembre 2013

BORDAGE, Pierre - Les derniers hommes

1 - Le peuple de l'eau

Quelques peuples nomades tentent de subsister dans une Europe dévastée par les pollutions nucléaires et génétiques. Parmi eux, le peuple de l'eau. Le seul à pouvoir localiser les sources épargnées par les contaminations. L'avenir de tous dépend des baguettes des sourciers. Et sans eau pure, pas de vie !
Solman le boiteux est né avec le don de clairvoyance. Infaillible juge des âmes, rejeté par les autres, le jeune homme ne peut se confier qu'à Raïma la guérisseuse. Elle l'aide à prendre conscience de son pouvoir, lui ouvre les yeux sur les signes qui jalonnent la route du peuple de l'eau. Des signes qui, à la lueur du Livre interdit, semblent annoncer la fin des derniers hommes...

dimanche 22 décembre 2013

6 Mois - N° 5 - Printemps 2013





  • Les enfants de la peur
  • Skins party
  • La mort dans la peau
  • Entretien avec Fernando Moleres :« La photo c’est de l’énergie »
  • Les quatre saisons des Lapons
  • Les petites mères de Naples
  • Les givrés du futur
  • Pique-nique chez les immortels
  • Marisol
  • Les Afronautes
  • Le beau gosse
  • Allemagne, l’éveil de l’Ouest
  • Soeurs des bois

samedi 21 décembre 2013

BIENNE, Gisèle - Marie-Salope


Le titre, d'abord. Faut-il préciser qu'il s'agit d'une expression assez couramment répandue dans le Nord de la France, en particulier dans les Ardennes, et désignant une jeune fille ou une femme qui n'aurait pas de la propreté une idée très conventionnelle ? L'adolescente, dans Marie-Salope, s'emploie surtout à réfuter les jugements préconçus qui l'entourent, à exprimer sa sensibilité, à exercer son esprit joueur et à briser, à ses dépens souvent, les limites auxquelles elle se heurte ; ce qui la mène à se rendre clandestinement chez un homme, étranger au village et passant pour bizarre aux yeux de tous, monsieurHervé.

vendredi 20 décembre 2013

BERBEROVA, Nina - L'accompagnatrice

Pétersbourg, 1919. La neige. Le silence. Le froid et la faim. Les pieds qu'on n'a pas lavés depuis un mois. Les fenêtres bouchées avec des chiffons... J'entre dans l'immeuble. Il fait chaud ! Des tapis, des rideaux, un coffret de cigarettes précieuses. Un chat bleu fumé. Et une femme. Belle, grande, robuste. Des cheveux noirs bien coiffés. Le visage rond et beau, les yeux noirs. Tout en elle dit l'équilibre mystérieux, beau et triomphant. Elle chante et je serai son accompagnatrice. C'est cette vie que je vais m'acharner à détruire. Parce qu'elle est belle, talentueuse, et que je ne suis rien. Parce qu'elle est forte et qu'elle rayonne. Parce qu'elle m'aime et que, moi, je ne comprends même pas ce que cela veut dire..

jeudi 19 décembre 2013

MOREAU, Fabienne - Dans les secrets de Madame Clicquot

Dès les premiers instants passés à Bouzy, Barbe Clicquot avait été saisie d'émotion à la vue des vignes ondulant dans la lumière vespérale. Au fil des jours, elle avait découvert le vignoble de sa belle-famille, l'art de cultiver la vigne et de faire le vin de Champagne. Aussi à la mort prématurée de François, son époux, n'avait-elle pas hésité longtemps avant de prendre sa décision. La jeune femme avait du tempérament et un goût réel pour le commerce. Le monde s'ouvrait en cette aube du XIXe siècle avec de nouveaux marchés à conquérir : les pays de la mer Baltique, la Russie et ses tsars, et au-delà... Bientôt, plus personne n'allait ignorer le nom de Veuve Clicquot, symbole de l'excellence du champagne. Mais tout à la passion de son métier, Barbe avait surmonté bien des épreuves. C'est à la faveur d'une correspondance avec un inconnu qu'elle va se raconter, ouvrant son coeur et livrant peu à peu avec une pudeur contenue les secrets de sa vie...

mardi 17 décembre 2013

PINGEOT, Mazarine - Premier roman

Agathe était plutôt frivole, attirée par le plaisir en général, sensuelle et intellectuelle à la fois. Victor était sentimental, illogique, peut-être romantique. Ils avaient en commun d'aimer créer des mondes, d'inventer des règles qui allient la pureté du plaisir, la liberté à l'excès. Ils s'en tenaient à quelques principes : vivre sans tabou ce qu'il semble important de vivre, ne pas faire souffrir l'autre mais ne rien s'interdire, mener le maximum d'existences possibles et parallèles. Parce qu'ils s'aimaient, ils avaient le droit de s'offir mutuellement la liberté.

samedi 14 décembre 2013

MIYABE, Miyuki - Crossfire

Un roman policier d'une adresse diabolique, au suspense maîtrisé de main de maître, qui à la fois dresse une sociologie du japon contemporain et nous plonge au coeur du brasier qui déchire les êtres. La jeune et jolie aoki junko possède un don extraordinaire, celui de déclencher le feu à volonté. elle commence à utiliser son pouvoir pour rendre la justice et punir les criminels violents. ses exécutions attirent l'attention des anges gardiens, une organisation de vigilance secrète qui voudrait l'enrôler. et le service des incendies criminels de la police de tôkyô se met à sa recherche. au fil de son enquête, l'inspecteur ishizu chikako, une femme patiente et déterminée voit sa vision du monde bouleversée. Tandis que junko, poursuivant ses raids fiévreux et brutaux sur tôkyô, se pose de plus en plus de questions sur le bien-fondé de sa croisade contre le mal.

vendredi 6 décembre 2013

BEIGBEDER, Frédéric - Un roman français

C’est l’histoire d’un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d’un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère. C’est l’histoire d’un garçon mélancolique parce qu’il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l’échec de leur mariage. C’est l’histoire d’un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu’il les avait gagnées […]. C’est l’histoire d’une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés. Telle est la vie que j’ai vécue : un roman français.

dimanche 1 décembre 2013

Garcia, Tristan - Faber

Dans une petite ville imaginaire de province, Faber, intelligence tourmentée par le refus de toute limite, ange déchu, incarne de façon troublante les rêves perdus d'une génération qui a eu vingt ans dans les années 2000, tentée en temps de crise par le démon de la radicalité. «Nous étions des enfants de la classe moyenne d'un pays moyen d'Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n'étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l'aristocratie, nous ne rêvions d'aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons - par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d'attendre une vie différente. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu'il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler.»

dimanche 24 novembre 2013

VIEL, Tanguy - La dusoarition de Jim Sullivan

Du jour où j'ai décidé d'écrire un roman américain, il fut très vite clair que beaucoup de choses se passeraient à Detroit, Michigan, au volant d'une vieille Dodge, sur les rives des grands lacs. Il fut clair aussi que le personnage principal s'appellerait Dwayne Koster, qu'il enseignerait à l'université, qu'il aurait cinquante ans, qu'il serait divorcé et que Susan, son ex-femme, aurait pour amant un type qu'il détestait.

samedi 23 novembre 2013

BIAGINI, Eric - L'emprise numérique

Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies

Cartable électronique, cloud, e-book, Twitter, tablette tactile, Facebook, smartphone, big data… Le déferlement techno-logique bouleverse notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes. Les nouvelles technologies donnent l’illusion de la toute-puissance : transparence, accès immédiat à une infinité de connaissances et de produits culturels, démulti-plication des contacts et des échanges, accélération, etc. 
Multinationales du high-tech, start-ups ou hacktivistes, tous prétendent construire un monde sans conflit dans lequel les humains communieraient ensemble grâce à leurs machines magiques, affranchis de toutes contraintes et limites (temporelles, spatiales, relationnelles, corporelles), dans une société fondée sur la fluidité et l’instantanéité des échanges, organisée sur le modèle du réseau informatique : une forme de marché idéal. L’utopie libérale se réalise grâce à la révolution numérique en cours. 
Les nouvelles technologies recomposent le monde selon leur propre logique, celle de la performance et de l’efficacité. Elles renforcent le règne de la compétition et l’exigence d’aller toujours plus vite, de se mobiliser intégralement pour son entreprise et sur les « réseaux sociaux », d’être capable de s’adapter à toutes les évolutions technoculturelles, sous peine d’être exclu. L’homme numérique croit avoir trouvé l’autonomie en se débarrassant des pesanteurs du vieux monde matériel. « Enfin libre ! », dit-il, alors qu’au contraire, il dépend de plus en plus de dispositifs technoscientifiques. Pour rester dans la course et tenter de maîtriser un réel qui lui échappe, il multiplie les machines. Mais ce sont elles qui désormais le possèdent.

samedi 9 novembre 2013

VAUTRIN, Jean - En attendant l'eau chaude


Les aventures du petit Benjamin : son père, auteur de roman policier et dessinateur, lui dessine et lui offre donc, un beau matin, une maman !

jeudi 7 novembre 2013

ROLIN, Jean - Zones

Dans la soirée, après avoir bu deux ou trois poires en conclusion de mon dîner, dans un état, donc, de légère ébriété, je suis descendu vers la gare Saint-Lazare en ruminant la lancinante question de ce que je pourrais bien faire, en voyage à Paris, qui ne soit pas du journalismepittoresque ou de la sociologie de comptoir. Heureusement, les poires ne tardèrent pas, si je puis dire, à porter leurs fruits. Ainsi éprouvai-je bientôt le sentiment d'être suivi, dans la rue de Rome autrement déserte, par un type amoché quej'avais remarqué auparavant et qui portait un pansement sur l'oeil droit (.. .). Au coin de la rue de Rome et du boulevard des Batignolles,j'observai que leSacré-Coeur, considéré sous cet angle, ne ressemblait aucunement au Sacré-Coeur mais beaucoup à Notre-Dame-de-la-Garde. C'était une impression de voyage. Déjà la nuit remplissait à plein bord la large et profonde tranchée du chemin de fer que longe la rue de Rome dans sa partiesupérieure mais, tout au fond, l'acier poli des rails réfléchissait encore la lumière du couchant et traçait dans l'obscurité des lignes roses.

dimanche 3 novembre 2013

JOHNSON, Craig - Dark horse

L'affaire paraissait pourtant simple. Wade Barsad, un homme au passé trouble, a enfermé les chevaux de sa femme Mary dans une grange avant d'y mettre le feu. En retour, celle-ci lui a tiré six balles dans la tête durant son sommeil. Telle est du moins la version officielle. Mais le shérif Walt Longmire ne croit pas à la confession de Mary. Persuadé de son innocence, Walt décide de se rendre sur les lieux du crime. Il débarque incognito à Absalom, la petite ville du comté voisin – où il n'a pas juridiction– et se heurte très vite à l'hostilité de la plupart des habitants. Mais Walt n'est pas là pour se faire des amis, et il ne tardera pas à découvrir qu'une grande partie de la population avait de bonnes raisons de vouloir la mort de Wade.
Dark Horse est un polar tendu comme une corde. Craig Johnson entraîne son shérif dans une chevauchée palpitante à travers les paysages rudes et désolés du Wyoming sans jamais se départir de son humanité et de son humour habituel.

mardi 29 octobre 2013

JAUFFRET, Régis - Claustria

Platon, le mythe de la caverne. Des prisonniers qui ne verront jamais de la réalité que des ombres d'humains projetées sur la paroi de la grotte où ils sont enchaînés. Dans le souterrain les enfants n'ont vu de l'extérieur que les images tombées du ciel qui leur parvenaient par le câble de l'antenne. Le mythe a traversé vingt-quatre siècles avant de s'incarner dans cette petite ville d'Autriche avec la complicité d'un ingénieur en béton et celle involontaire de l'Écossais John Baird qui inventa le premier téléviseur en 1926.

vendredi 25 octobre 2013

VIZINCZEY, Stephen - Eloge des femmes mûres

«Ce livre s'adresse aux jeunes gens, mais il est dédié aux femmes mûres - et c'est des rapports entre ceux-ci et celles-là que je me propose de traiter. Je ne suis pas expert en pratique amoureuse, mais j'ai été un bon élève des femmes que j'ai aimées, et je vais essayer d'évoquer ici les expériences heureuses et malheureuses qui ont, je crois, fait de moi un homme.»
Récit de l'apprentissage amoureux, Éloge des femmes mûres est un véritable traité de l'érotisme, celui qui se pratique dans la découverte et le respect de l'autre, qui enrichit la connaissance de soi. Avec beaucoup d'humour et d'esprit, Stephen Vizinczey livre ici un classique de la littérature érotique moderne.

lundi 21 octobre 2013

SEBALD, Winfried Georg - Les anneaux de Saturne


Cet homme qui voyage à pied dans les paysages de la côte Est de l'Angleterre traverse en vérité l'épaisseur des temps disparus. Il chemine dans le souvenir des œuvres fantasques de Thomas Browne, commente la leçon d'anatomie immortalisée par Rembrandt, croise le destin de Joseph Conrad en route vers le Congo, se souvient d'un film sur la pêche au hareng, songe aux grandes batailles navales et à leur représentation picturale, réfléchit à la " purification " dans les Balkans au milieu du siècle, évoque Chateaubriand ou le poète Edward FitzGerald et, quelques pages plus loin, revient à la fascinante histoire de la sériciculture en Chine puis en Europe. 

Tel est en effet le monde selon W. G. Sebald : une nébuleuse d'histoires et de rêves évanouis, un émouvant kaléidoscope de fragments et d'éclats où se reflète encore, pour celui qui sait voir, la trace précaire de nos ensevelissements successifs. Ce monde, l'auteur des Anneaux de Saturne lui donne asile dans un livre à l'érudition prodigue, qu'il a lui-même illustré de photographies, cartes, tableaux, documents historiques, au gré de son voyage et de ses "rencontres". Car c'est bien de rencontres qu'il s'agit, dessinées d'un trait lumineux, à la beauté élégiaque.


mardi 15 octobre 2013

MATSUMOTO, Seicho - Un endroit discret

Tsuneo Asai est en mission à Kôbe pour le compte du ministère de l'Agriculture lorsqu'il reçoit un coup de téléphone : son épouse est morte quelques heures plus tôt. Elle a succombé à une crise cardiaque tandis qu'elle se trouvait dans un magasin. Sous le choc, il décide de rentrer à Tôkyô par le premier train. Eiko avait le cœur fragile, il le savait, et la nouvelle de son décès ne l'a surpris qu'à demi. Les circonstances de sa mort, en revanche, ne laissent pas de l'étonner. Comment cette épouse docile, au caractère réservé, avec laquelle il menait une vie calme et sobre, qui ne s'absentait de la maison que deux ou trois après-midi par semaine pour aller à ses réunions de haïku, a-t-elle pu mourir dans une curieuse petite boutique de cosmétiques, dans un quartier où elle n'aurait jamais dû mettre les pieds ? Quelques jours plus tard, il décide d'aller s'excuser auprès de la commerçante de la gêne occasionnée. Il découvre alors, non loin de là, la villa Tachibana, une maison de rendez-vous. Son trouble grandit. Peu à peu, d'infimes détails, de curieux haïkus publiés à la mémoire de son épouse dans la revue de son cercle littéraire, les confidences du personnel des "villas" sur les couples illégitimes qui les fréquentent, le convainquent que sa femme menait une double vie... Dans ce roman écrit au début des années 1970, Seichô Matsumoto traque de l'intérieur un fonctionnaire appliqué brusquement débordé par un événement inattendu. Ce faisant, il nous donne à voir une société japonaise profondément ambivalente, à la fois pétrie de conventions et complice de ceux qui les ignorent.

samedi 5 octobre 2013

ROLIN, Jean - La clôture

La même année que Napoléon Bonaparte naît dans une bourgade de la Sarre un enfant roux dont le père, tonnelier de son état, a servi dans les armées de Frédéric II. À la faveur des guerres de la Révolution et de l'Empire, l'enfant roux est appelé à devenir l'un des plus illustres maréchaux de France, avant de mourir fusillé à l'angle des jardins de l'Observatoire. Entre-temps, il aura été vainqueur à la Moskova, héroïque lors de la retraite de Russie, indécis ou calamiteux dans d'autres circonstances, déloyal à l'empereur, traître à la monarchie restaurée, défait à Waterloo et indéfectiblement fidèle à quelque chose d'éclatant et d'obscur.Aujourd'hui, le boulevard qui lui est dédié relie la porte de Saint-Ouen à la porte d'Aubervilliers à travers des quartiers qui ne comptent pas parmi les plus paisibles ou les plus aérés de la capitale. D'autres destins s'y nouent, d'autres échecs s'y consomment. Celui de Gérard Cerbère, rescapé de nombreuses Berezinas, retranché avec sa caravane à l'intérieur d'un pilier soutenant le périphérique. Celui de Lito, officier des forces armées zaïroises échoué au McDonald's de la porte de Clignancourt. Ou encore celui de Ginka Trifonova, une jeune Bulgare, assassinée une nuit de novembre 1999 sur un talus de la rue de la Clôture.

jeudi 3 octobre 2013

TEULE, Jean - L'oeil de Pâques

Le centre du monde est à Calais, entre les falaises de craie et le trou dans le Channel. Le centre d'un monde ou passent les orbites de six planètes bien humaines. Pâques, beauté métisse venue d'Inde, joue le rôle du soleil. Chacune lui tourne autour, attiré par sa chaleur. Depuis la nuit des temps, ces planètes sont appelées à se percuter, pour faire jaillir des gerbes de bonheur lilas. Et pour que ce miracle advienne, un crime doit être commis.

dimanche 29 septembre 2013

FRAPPAT, Hélène - Lady Hunt

Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d'une maison qui l'obsède, l'attire autant qu'elle la terrifie. En plus d'envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu'il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l'héritage d'une malédiction familiale auquel elle n'échappera pas ? D'autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris plus un effet secondaire qu'une carrière. Tandis qu'elle fait visiter un appartement de l'avenue des Ternes, Laura est témoin de l'inexplicable disparition d'un enfant. Dans le combat décisif qui l'oppose à l'irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs... Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l'énigme du réel ? Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l'effroi et des tourments extralucides de l'âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège.

jeudi 12 septembre 2013

OTSUKA, Julie - Certaines n'avaient jamais vu la mer

L'écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux Etats-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi.
C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elles recontrent pour la première fois à San Francisco leur futur mari. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
A la façon d'un choeur antique, leurs voix s'élèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées ... leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire ... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre. Et l'oubli.

dimanche 8 septembre 2013

NAIPAUL, V.S. - La moitié d'une vie

La Moitié d'une vie est l'histoire de Willie Chandran, dont le père a tourné le dos à son héritage de brahmane pour épouser une femme de basse caste. Quand Willie atteint l'âge adulte, il décide de fuir sa condition de sang-mêlé et se retrouve très loin de l'Inde, dans le Londres bohème et bariolé des années 50, où il se forge une nouvelle identité. Il s'épuise dans des aventures sexuelles et dans sa lutte pour devenir écrivain - épreuves dont il est sauvé par l'amour d'une femme. Nouvel arrachement : il accepte de suivre cette femme chez elle, en Afrique, pour vivre jusqu'aux derniers jours de l'époque coloniale une existence inédite. " Du grand Naipaul, qui ramasse toutes ses hantises pour signer un conte moral désenchanté, élégant, cruel. Et terriblement poignant, comme un office des ténèbres. " André Clavel, L'Express.

samedi 31 août 2013

MURAKAMI, Haruki - 1Q84, Livre 3

C’est l’histoire de deux mondes, celui réel de 1984 et un monde parallèle tout aussi vivant, énigmatique et en décalage subtil, celui de 1Q84, où deux lunes brillent dans le ciel. Deux mondes imbriqués dans lesquels évoluent, en alternance, Aomamé et Tengo, 29 ans tous deux, qui ont fréquenté la même école lorsqu’ils avaient dix ans, et unis par un pacte secret. En 1984, chacun mène sa vie, ses amours, ses activités. Les deux jeunes gens sont destinés à se retrouver mais où ? Quand ? En 1984 ? Dans 1Q84 ?
Une odyssée initiatique qui se joue des espaces et des temps et qui emporte tel un puissant courant, une atmosphère aussi étrange qu’envoûtante pour un roman double où sont réunis les thèmes de prédilection de l’auteur : la religion et la violence, le meurtre, l’Histoire, le sexe et l’amour pur, mais aussi l’écriture, la fabrication d’un roman, la solitude.

mercredi 21 août 2013

LEANDRI, Bruno - Turbulences

Il la considéra en fronçant les sourcils. " - Mademoiselle, le texte du dos de couverture d'un livre, que l'on appelle 4 de couv' dans le métier, sert à informer en quelques mots un éventuel acheteur par une description brève et séduisante du contenu, voire un petit extrait accompagné d'une photo de l'auteur. En aucun cas, il ne peut servir à envoyer un message à votre mari, j'en suis vraiment désolé. Elle émit un léger soupir. - Écoutez, mademoiselle, un livre est une chose importante qui demande du temps et de l'argent, celui-ci est un recueil de nouvelles parues dans le mensuel Fluide Glacial, des histoires fabuleuses, fantastiques, délirantes ou désopilantes, illustrées par les plus grands dessinateurs de presse du moment, ce n'est pas un panneau d'affichage. Si vous voulez prévenir votre mari, notre époque vous offre quelques moyens plus appropriés pour le faire, à commencer par le téléphone ou Internet. Elle renifla. - J'ajoute qu'il y a une chance sur un million pour que votre mari tombe précisément sur ce livre et lise la 4 de couv'. Non, je vous en prie, vous n'allez pas pleurer. Bon, écoutez-moi, je m'en fous, allez demander à l'auteur, c'est à lui de décider, mais il refusera. " Message pour Jean-Paul de la part de Nathalie en remontant, est-ce que tu peux s'il te plaît acheter du lait demi-écrémé, sinon ta mère va encore me faire une histoire.

dimanche 18 août 2013

BEIGBEDER, Frédéric - L'amour dure 3 ans

«La troisième année, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle : dégoûtée, votre femme vous quitte. La mauvaise nouvelle : vous commencez un nouveau livre.»

vendredi 16 août 2013

RUFIN, Jean-Christophe - 7 histoires qui reviennent de loin

Sept histoires fortes, drôles, émouvantes. Sept petits romans avec chacun son intrigue, ses personnages, son dénouement inattendu. Sept lieux du monde, Mozambique, Kirghizie, île Maurice... qui apportent leurs couleurs et leurs parfums. Sept occasions de donner aux grandes questions contemporaines un visage humain. Sept instants de vie. Un même bonheur de lecture.

jeudi 8 août 2013

NOTHOMB, Amélie - Robert des noms propres

Les tueurs ont des fragilités plus ou moins incompréhensibles. Et l'on n'imagine pas l'influence du hoquet d'un fœtus sur une fillette de dix-neuf ans enceinte, à fleur de peau ! A fortiori après huit heures d'insomnie. Ajoutez à cela une petite querelle sur le choix du prénom… et hop, voilà Lucette qui vide le chargeur d'un revolver sur la tempe de son mari endormi ! Rien de tel pour faire disparaître le hoquet ! Vite fait, bien fait… D'ailleurs, tout file sur les chapeaux de roue dans ce nouvel opus d'Amélie Nothomb. Robert des noms propres est l'histoire de cette enfant née en prison, dont la mère a flingué sèchement le père avant de baptiser sa fille Plectrude et de se suicider dans sa cellule. Il y a mieux comme géniteurs ! Surtout quand par la suite on est recueilli par un oncle et une tante qui vous élèvent comme une princesse, à tort et à travers, avec qui tous les coups sont permis, les plus excentriques, les plus capricieux. C'est là l'itinéraire d'une gamine hors norme, belle et farouche, rebelle et prodigieusement intelligente, cancre et douée à la fois, qui se voit danseuse et petit rat à l'Opéra, se nourrit des pages du dictionnaire Le Robert, sombre dans l'anorexie avant de connaître les révélations de sa naissance, de vivre avec "l'homme de sa vie" et de rencontrer… l'auteur ! Conduisant son récit avec légèreté et une distance ironique, Amélie Nothomb démontre bien encore (à raison d'un roman par an !) qu'elle possède le feu de l'écriture. Le feu de Dieu et des démons à en croire la touche finale de ce Robert des noms propres, au titre aussi subtil que Cosmétique de l'ennemi ou Hygiène de l'assassin… --Céline Darner --Ce texte fait référence à l'édition Broché .

mardi 6 août 2013

KIRINO, Natsuo - L'île de Tokyo

Une vingtaine de naufragés japonais se sont réfugiés sur une île au large des Philippines. Kiyoko - la seule femme présente - y est arrivée la première, avec son mari (mais il a disparu, tombé du haut du cap Sayonara, avant même le début du livre). Bientôt une dizaine de Chinois les rejoignent, qui se révèlent aussitôt industrieux et inventifs, créant une économie de survie à partir de presque rien, là où les Japonais gaspillent leur énergie en artisanat décoratif et vaines activités. Bien qu'âgée de 46 ans déjà, Kiyoko est l'objet de toutes les convoitises, et fait figure de femme fatale car tous ses maris successifs sont assassinés. La rivalité qui oppose les deux clans, chinois et japonais, n'est pas seulement économique... Les insulaires mènent une vie sauvage et primitive et leurs rapports se dégradent au fil du temps, tandis que parallèlement, la personnalité de Kiyoko devient de plus en plus agressive et dominante. Une vision très cruelle de la violence des rapports humains et de la sexualité s'exprime ici, de manière intemporelle.

mercredi 31 juillet 2013

Feuilleton - N° 6 - Hiver 2012


  • Lettre ouverte à Wikipédia, par Philip ROTH
  • En descendant Broad Street, une topographie de la violence au Libéria
  • Merci pour le feu, par Francis SCOTT FITZGERALD
  • New York Is Killing Me
  • Le Mozart Américain
  • Boum Boum Tchac Bling Bling
  • Les 'Tos, par Herman MELVILLE
  • Gueuleton : Hiver 2013
  • Guantánamo autrement
  • Qui l'encre, qui le texte ?
  • Une belle mort, stratégies de repli


dimanche 28 juillet 2013

XXI - N° 19 - Eté 2012



















SOMMAIRE

  • La confession du prêtre tueur
  • Les 33 de San José
  • Les cartels ou la vie
  • L’homme qui s’est reconstruit
  • Les mystères du "Cassini"
  • Mon camion dans la tête
  • Des oeufs sous la cendre
  • Le fils de la terre
  • Enquête sur Elisabeth Badinter
  • Entretien avec Jean-Paul Kauffmann
  • Laos, le docteur des éléphants
  • "Les plaisirs du calme"

vendredi 19 juillet 2013

DU BOUCHERON, Bernard - Court Serpent

Un petit peuple issu d'Europe s'est établi " au Nord du monde ", dans une solitude glacée où il s'acharne à survivre. Mais, au fil des siècles, les communications s'espacent, puis s'interrompent. L'oubli et l'abandon menacent. Court Serpent est le navire spécialement commandité et construit selon un savoir ancestral, à la fin du XIVe siècle, pour aller à la recherche de cette communauté perdue et lui porter secours. L'abbé Montanus, chargé de conduire l'expédition, de relever le diocèse et d'y ranimer la foi, raconte les épreuves inouïes qu'il a dû affronter pour parvenir au but. Son récit est aussi celui d'une aventure politique et spirituelle, que traverse un amour sacrilège. Il donne la clé de cette aventure fascinante dont débattent encore aujourd'hui historiens et archéologues.

lundi 15 juillet 2013

TRIN Xuan Thuan - Le Cosmos et le Lotus

Que nous dit vraiment la science sur la nature de l'univers, sur son origine et son avenir ? Par quel mystère le langage mathématique, pure création de l'esprit humain, se révèle t-il aussi performant pour nous décrire les phénomènes physiques, de l'infiniment petit à l'infiniment grand ? S'il existe un ordre du monde, ce que nous en disent la physique quantique et la théorie de la relativité est-il compatible avec ce qu'enseigne le bouddhisme ? Et que peut-on en conclure concernant notre propre vie ?
A ces questions passionnantes et à beaucoup d'autres, le célèbre astrophysicien Trinh Xuan Thuan répond ici d'une façon personnelle, en s'appuyant sur son expérience.
Son itinéraire l'a placé d'emblée à la confluence de trois cultures : issu d'une famille de lettrés vietnamiens imprégnée de traditions bouddhiste et confucéenne, il a reçu une éducation à la française puis une formation scientifique à l'américaine. Une telle richesse de points de vue lui permet d'apporter, non pas des réponses toutes faites du haut de son savoir, mais des éléments de réflexion accessibles à tous, qui nous font participer à la grande aventure de l'astrophysique depuis un siècle. Entre le Cosmos que nous dévoile chaque jour la science et le « Lotus » de la sagesse orientale, Trinh Xuan Thuan nous invite à emprunter une voie d'intelligence ouverte.

dimanche 30 juin 2013

ANDREVON, Jean-Pierre - Gueule de rat

Sans amour et sans famille, un homme devient un rat. Tel est le destin de Bernard Garcin, né en 1981 sous le signe de la poisse : dyslexique, d'une intelligence primaire, il va être le héros de l'absurde contemporain. Son père, ouvrier aux chantiers navals de La Carguat dans le sud de la France, est licencié et abandonne le foyer conjugal. Pour survivre, la mère de Bernard, hôtesse de bar, se prostitue. Dans un pays en pleine décomposition, dans une région menacée par la xénophobie, Bernard Garcin, livré à lui-même, va glisser vers la déchéance. Dépourvu de volonté, porté par les événements, il connaîtra une fin de rat d'égout. Voici les aventures urbaines, politiques, sociales et sexuelles d'un personnage de notre temps. Gueule de Rat est un roman férocement noir sur la France d'aujourd'hui et ses millions d'exclus.

samedi 29 juin 2013

ANDREVON, Jean-Pierre - Le dernier dimanche de M. le Chancelier Hitler

C'est un petit bonhomme grisonnant, aux mains tremblantes, vêtu d'un costume gris étriqué. Il perd ses cheveux, ses yeux faiblissent, mais il a horreur d'être vu avec des lunettes. Il est atteint de la maladie de Parkinson et ion lui soupçonne un début d'Alzheimer. Il habite un petit trois-pièces dans South Brooklyn avec sa femme Eva. Autrefois Eva Braun. En cette année 1949, cela fait quatre ans que le petit bonhomme a été accueilli aux Etats-Unis où il vit sous la surveillance constante du FBI. C'est que, jusqu'en mai 1945, il était chancelier du Troisième Reich. Son nom : Adolph Hitler. Son destin ? Pas brillant : bien qu'il soit loin d'en douter, il n'a plus que deux jours à vivre.

vendredi 28 juin 2013

HOGENHUIS, Anne - Tristes printemps

Portée par des femmes courageuses et attachantes, l'épopée des Seliverstoff se raconte sur trois ou quatre générations. Elle déroule l'histoire d'une famille qui avait fourni des chefs militaires, des juristes, et des personnes dévouées à leur pays.
Puis vinrent le XXe siècle et la révolution bolchevique. Cécile et son époux firent face de leur mieux à des défis inhumains. Ils surmontèrent la pauvreté, les famines, l'exil et les incarcérations de leur progéniture. A leurs six enfants, ils insufflèrent le courage et la culture qui les aidèrent à surmonter les épreuves les plus dures. Tous, ils révèrent de se retrouver à Paris. Un train imaginaire, construit de chaises, devait les y conduire. De leurs récits alternés ressort la force de l'âme slave et la vigueur de caractère avec lesquelles jeunes et vieux luttèrent pour s'octroyer le droit à la vie. Finalement, les petits-enfants Seliverstoff assistèrent à l'écroulement du régime. Mais le viatique s'était épuisé. Le pire dans le communisme, a-t-on dit, c'est ce qui vient après. La dernière génération finit par y succomber.

samedi 22 juin 2013

HINO, Keizo - L'île des rêves

Contrairement à ce que laisse supposer ce titre poétique, l'île des rêves n'est rien d'autre qu'un immense terrain vague dans la baie de Tôkyô, recouvert d'ordures et de montagnes d'immondices rejetées par la ville.
C'est là qu'aime aller se promener tous les dimanches Monsieur Sakai, employé dans une société de construction, l'une de celles qui ont édifié les tours, les gratte-ciel et les échangeurs de cette mégapole dont il est amoureux ; amoureux comme d'une créature vivante dont il écouterait les battements de coeur et la respiration. Sans parvenir à comprendre comment une décharge d'ordures peut dégager une telle fascinante beauté.
La rencontre avec une mystérieuse jeune femme en noir, qui le renverse un soir avec sa moto, l'entraînera encore plus loin dans l'exploration de cette île artificielle et abandonnée, recouverte d'une forêt dense. De ses arbres pendent, comme des marionnettes, des hérons empêtrés dans des fils de pêche - images obsédantes de ces figures d'oiseaux qui le mèneront à sa perte jusqu'à ce qu'une sorte de sérénité radieuse vienne graduellement se couler en lui.

mardi 4 juin 2013

FOURNIER, Jean-Louis - Poète et paysan


Ça a commencé comme une plaisanterie. On a beaucoup ri, on s'est embrassés, on s'est caressés, c'était doux, c'était chaud, j'étais bien, je n'avais jamais été aussi bien de ma vie. Je ne suis redescendu du ciel que le lendemain matin, par l'escalier, titubant de bonheur. Naïf, je pensais que, désormais, j'allais être heureux toujours. Avant d'avoir repris mes esprits, j'avais décidé de reprendre la ferme de son père. Quand on est amoureux, on devient un peu fou, et comme je l'étais déjà un peu avant, j'étais capable de tout. Son père aurait été poissonnier, je reprenais la poissonnerie. J.-L. F.

lundi 3 juin 2013

BARNES, Julian - Le perroquet de Flaubert

Médecin anglais spécialiste de Flaubert, Geoffrey Breathwaite découvre dans un recoin du musée Flaubert, à Rouen, le perroquet empaillé qui inspira à Louise, la vieille servante de Un coeur simple, une étrange passion. Mais à Croisset, la propriété de famille des Flaubert, se trouve un second perroquet avec les mêmes prétentions à l'authenticité. Où est le vrai perroquet, qui est le vrai Flaubert, où est la vérité de l'écrivain ? Si rien n'est certain, l'inspecteur Barnes, au bour de son éblouissante enquête littéraire, démontre néanmoins, avec élégance et humour, que la seule chose importante, c'est le texte...Né à Leicester en 1946, Julian Barnes est l'auteur de plusieurs romans et essais. Le perroquet de Flaubert (Prix Médicis étranger) a été traduit dans le monde entier.

vendredi 24 mai 2013

ENDO, Shusaku - Le fleuve sacré

«Après avoir marché à travers cet enchevêtrement de ruelles, ils virent soudain le Gange apparaître sous leurs yeux. La surface de l'eau était d'un gris boueux. Quelque chose flottait au loin, filant rapidement à cause de la vitesse du courant. Le cadavre d'un chien... Sur son passage, le fleuve sacré n'engloutissait pas seulement les hommes, mais tous les êtres vivants... "C'est un endroit où les gens viennent pour mourir", martela le guide.»Parmi un groupe de touristes japonais, parti pour effectuer un voyage en Inde, qui retrouvera la paix, la régénération de l'âme et du cœur dont chacun, chacune a tant besoin ? Isobe, dont la femme, avant de mourir d'un cancer, lui a fait jurer de la retrouver dans sa prochaine réincarnation ? Mitsuko, qui veut à tout prix revoir l'étudiant devenu prêtre qu'elle a séduit puis abandonné quand elle était à l'université ? Ou Kiguchi, qui reste obsédé par ce qu'il a dû faire pendant la guerre en Birmanie afin de survivre ? C'est en Inde, sur les rives du Gange, que leurs chemins vont converger.

lundi 6 mai 2013

LABRO, Philippe - Quinze ans

Le « petit garçon » a grandi. Lycéen à Paris, il a quinze ans. C'est l'âge de la solitude, des rêves, de l'attente. Un inconnu, Alexandre, entre alors dans sa vie. Le charme slave, la grâce, l'élégance font de lui un être à part. Le narrateur réussit à devenir son ami intime et gagne le droit d'aller prendre le thé avec lui au sortir du lycée, chez la vieille et curieuse « Madame Ku». Alexandre a une sueur. Et peut-être le merveilleux jeune homme n'est-il qu'une pâle copie de cette Anna, beauté fantasque et secrète, dont l'innocent narrateur va tomber totalement amoureux... Cette histoire tendre et cruelle se passe au début des années cinquante. Elle est à la fois le roman d'un premier amour, et la chronique exacte d'une époque où les jeunes n'avaient pas de droits, pas de moyens, où la guerre froide allait aboutir à la guerre de Corée - quand le verbe aimer avait tout son sens, quand l'air de cithare du Troisième homme résonnait dans un univers sans télé, sans pilule, sans vitesse... On se prend à envier ces adolescents dont les tumultes sentimentaux se déroulent entre le square Lamartine et la place du Trocadéro, qu'ils traversent parfois pour aller au Palais de Chaillot, écouter, sans comprendre la chance qui leur est donnée, le grand, l'unique Wilhelm Kempff. Humour, nostalgie, émotion et violence des premières expériences, on retrouve, dans ces dialogues, scènes et portraits, le ton de sincérité de l'auteur de L'étudiant étranger.

jeudi 2 mai 2013

BRUCKNER, Pascal - La maison des anges

Antonin Dampierre, la trentaine soignée, est un garçon normal. Ou presque. Il travaille dans une agence immobilière de luxe jusqu'au jour où, ratant une vente à cause de deux ivrognes, il rosse l'un deux à mort. Illumination ! Notre purificateur commence alors sa quête hallucinée dans le Paris des naufragés où il croise la route d'Isolde. Cette héroïne de l'humanitaire parviendra-t-elle à le sauver de lui-même ? La Maison des Anges est un polar du bitume qui nous emporte avec effroi et jubilation dans le grand ventre de Paris.

mardi 23 avril 2013

AUTISSIER, Isabelle - L'amant de Patagonie

1880, Ouchouaya, Patagonie. Orpheline farouche, Emily l'Ecossaise a 16 ans. En cette période d'évangélisation du Nouveau Monde, Emily est envoyée en Patagonie en tant que « gouvernante » des enfants du Révérend. Elle qui ne sait rien de la vie découvre à la fois la beauté sauvage de la nature, les saisons de froid intense et de soleil lumineux, toute l'âpre splendeur des peuples de l'eau et des peuples de la forêt. La si jolie jeune fille, encore innocente, découvre aussi l'amour avec Aneki, un autochtone Yamana. Alors, sa vie bascule. Réprouvée, en marge des codes et des lois de la civilisation blanche, Emily fugue, rejoint Aneki et croit vivre une passion de femme libre. Jusqu'au drame.
De la colonisation des terres patagonnes à la mort des croyances ancestrales, des affrontements sanglants entre tribus au charme du dépaysement, le roman d'Isabelle Autissier puise à la fois aux sources du réel et de la fiction : qui connaît mieux que la navigatrice les mers du Grand Sud et leurs histoires ? Mais il fallait le talent de la romancière pour incarner ces amants de Patagonie.

mardi 16 avril 2013

ROCK, Peter - L'abandon

Un fait divers hors du commun est à l'origine de ce roman hors norme. La narratrice, Caroline 13 ans, vit en ermite avec son père dans une réserve naturelle, fuyant la ville et les hommes. Que fuient-ils ? Pourquoi fuient-ils ? Jusqu'à quel point Caroline est-elle libre ? Le roman dessine peu à peu une réalité complexe et une figure paternelle difficile à appréhender. Drame psychologique ? Nature wrtiting ? L’Abandon bouscule les genres et s’impose comme l’un des récits les plus marquants jamais écrits sur l’amour formidable et fou entre un père et sa fille. Si le sujet de L'abandon fait forcément penser à La route de Mc Carthy, le traitement qu'en fait Peter Rock est absoluiment personnel, ce qui nous vaut le plaisir de découvrir un roman original et puissant, une vraie réussite.

jeudi 11 avril 2013

YOSHIDA, Shuichi - Le mauvais

Par une nuit de neige, une jeune femme est étranglée au col de Mitsuse. L'enquête policière, en cherchant à découvrir la vérité, fait surgir de l'ombre ceux qui font connue, parents, amies, collègues, sans oublier les hommes qu'elle rencontrait, et dans la lumière où ils se tiennent tour à tour, les points de vue divergent, le blanc vire au noir, la victime perd son innocence. Peu à peu se dessinent les liens unissant ce petit monde qui gravitait autour d'elle, et c'est alors que le mauvais n'est plus celui qu'on croit... S'il est vrai que l'enquête, de révélations en retournements de situation, nous tient sans cesse en haleine, elle sait surtout nous troubler et nous émouvoir, en nous montrant ces êtres si vulnérables à travers leurs mensonges, capables de générosité et de passion malgré leurs petitesses, humainement nourris de bien et de mal.

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...