mercredi 27 juin 2018

BIANCARELLI, Marc - Massacre des Innocents


En 1629, le Batavia, navire affrété par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, s’abîme au large de l’Australie. Les quelque deux cent cinquante rescapés ayant rejoint les îlots rocailleux alentour sont alors victimes d’un immense massacre orchestré par l’inten­dant Jeronymus Cornelisz, qui chaque jour s’enfonce davantage dans la violence, la cruauté et l’abjection. Face à lui – les mains tachées du sang des innocents qu’il a exterminés durant sa carrière de soldat –, un certain Weybbe Hayes prend la tête de la résistance et sauve de la mort une poignée de naufragés.
De cet épisode sanguinaire, Marc Biancarelli s’em­pare pour donner vie, corps et âme à des hommes contaminés par le Mal, qui corrompt ceux qui le touchent du doigt en un cercle vicieux dont ils ne peuvent s’extraire. Peinture d’une époque, Massacre des Innocents s’impose comme un roman total, à la fois épique et shakespearien, dont la puissante dra­maturgie se soutient de scènes d’un lyrisme et d’une poésie qui travaillent la matière même de l’horreur.
Face à l’extrême, quand devenons-nous des résis­tants, et, à l’inverse, qu’est-ce qui fait de nous des êtres déchus ?



« LE NAUFRAGE DU BATAVIA EN 1629, et le conflit sanglant qui s’ensuivit entre les survivants, est une histoire qui a toujours nourri mon désir d’écriture. Mais il s’agissait d’un désir contrarié, en raison notamment du fait que l’historien Mike Dash en avait tiré un essai que le romancier Simon Leys jugeait définitif.

Je me suis longtemps plié à ce jugement, jusqu’au jour où j’ai compris qu’il restait un récit singulier à inventer autour de ce cadre historique, et une matière romanesque encore en friche qui me permettait d’explorer plus avant les thématiques généralement présentes dans mon écriture. Dont celle de la violence, matrice essentielle de mon travail, et que j’ai abordée sous bien des aspects concernant spécifiquement la Corse. Ici, le huis clos insulaire, l’opposition des groupes, la barbarie hallucinante des affrontements ne pouvaient que faire écho en moi.

Un autre thème sur lequel je travaillais, celui du retour à la sauvagerie, pouvait aussi trouver dans le carnage des Abrolhos le théâtre de son expression. Mais je n’étais pas dans l’idée de proposer un récit où la pure aventure serait le seul argument. Dès lors, la peinture hollandaise du xviie siècle, voire la culture de cette époque ou les soubresauts liés à la guerre de Trente Ans s’imposèrent comme le contrepoids esthétique de ma narration.

Une dernière chose, enfin, était importante à mes yeux : la réévaluation, dans une dimension romanesque, du rôle de certains protagonistes, c’est-à-dire ceux qui allaient devenir mes personnages. Ainsi Weybbe Hayes et Lucretia Jansdochter, mais aussi le sombre Jeronymus Cornelisz, méritaient-ils que l’on s’interroge, au travers de leurs actes, sur une certaine complexité de la nature humaine. Face à l’extrême, la dureté des épreuves, quand devenons-nous des résistants ? Ou, à l’inverse, qu’est-ce qui fait de nous des êtres déchus ?”



M.B.



mercredi 20 juin 2018

DEVILLE, Patrick - Peste & Choléra

Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créé en 1887, Alexandre Yersin aura mené l'existence la plus mouvementée. "Ce n'est pas une vie que de ne pas bouger", écrit-il. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise. 
Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, et s’est nourri des correspondances et documents déposés aux archives des Instituts Pasteur.

dimanche 17 juin 2018

ALVAREZ, José - Avec la mort en tenue de bataille

« Elle était totalement déterminée. Allégorie d'une Espagne fière et rebelle, lèvres rouges, cheveux noirs noués en chignon dans une résille, revêtue d'un tailleur noir sur des bas également noirs, chaussée de noir enfin, elle s'assit, telle l'annonce de la mort, dans le fauteuil, dos à la fenêtre. La fin du cauchemar était proche. »
Histoire d'amour, de trahison et de sang, Avec la mort en tenue de bataille nous plonge dans la guerre civile d'Espagne avec une puissance d'autant plus rare qu'elle est incarnée par un inoubliable personnage : Inès, mère et épouse respectable qui, lorsque le conflit éclate, se jette à corps perdu dans le maelström de cette lutte fratricide dont elle découvre avec stupeur toutes les ambiguïtés.
Evocation historique d'une tragédie emblématique, le roman de José Alvarez est aussi le sublime portrait d'une femme qui symbolise l'âme suppliciée de l'Espagne, celui d'une mère combattante que l'horreur de la guerre révèle à elle-même.

dimanche 10 juin 2018

GUEZ, Olivier - La disparition de Josef Mengele

1949: Josef Mengele arrive en Argentine.

Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit... jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.

Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant?

La Disparition de Josef Mengele est une plongée inouïe au coeur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l’odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.

samedi 9 juin 2018

LANZMANN, Jacques - Rue des Rosiers

Rue des Rosiers, lieu mythique de l'immigration juive, lieu que les siècles ont chargé d'événements tragiques sans jamais affaiblir sa vitalité prodigieuse. Noam, un jeune obtenteur de génie, amoureux des roses, rencontre Charme, une historienne hantée par les souffrances du peuple juif. Pour s'aimer, ils devront élucider le destin d'une famille disparue, dont Charme habite l'appartement. Les jumeaux Rosenweig ont-ils été sauvés de l'Holocauste pour grandir sous de faux noms ? Noam serait-il par une incroyable coïncidence le fils de l'un d'eux ? Comment apaiser la mémoire des victimes dont les cris obsèdent le couple ? Les forces de la vie finiront-elles par triompher de l'horreur ? Les personnages de Jacques Lanzmann, portés par la compassion et la générosité, entraînent le lecteur dans une histoire riche en révélations.

samedi 2 juin 2018

GUAY-POLIQUIN, Christian - Le poids de la neige

Dans une véranda cousue de courants d’air, en retrait d’un village sans électricité, s’organise la vie de Matthias et d’un homme accidenté qui lui a été confié juste avant l’hiver. Telle a été l’entente : le vieil homme assurera la rémission du plus jeune en échange de bois de chauffage, de vivres et, surtout, d’une place dans le convoi qui partira pour la ville au printemps.
Les centimètres de neige s’accumulent et chaque journée apporte son lot de défis. Près du poêle à bois, les deux individus tissent laborieusement leur complicité au gré des conversations et des visites de Joseph, Jonas, Jean, Jude, José et de la belle Maria. Les rumeurs du village pénètrent dans les méandres du décor, l’hiver pèse, la tension est palpable. Tiendront-ils le coup ?

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...