jeudi 30 octobre 2014

MIZUBAYASHI, Akira - Mélodie, chronique d'une passion

Dans un placard dont on a fait un sanctuaire ne ressemblant en rien à un sanctuaire et qui abrite discrètement quelques âmes inoubliables et inoubliées, il y a une petite boîte en bois laqué pour le thé en poudre. Elle contient une toute petite portion des cendres de mon père que j'avais prélevée dans son urne avant qu'elle ne fût mise en tombe. Lorsque j'ai préparé cette boîte mortuaire il y a déjà dix-huit ans, j'ai osé prendre une pincée de miettes d'os pour en goûter. Bientôt, je crois que j'en ferai autant pour Mélodie dont je garde toujours l'urne près de moi sur l'emplacement exact de son matelas. Je me procurerai une autre boîte en bois laqué pour y mettre quelques cuillerées de poudre d'os et une partie de l'omoplate ou d'une côte. Le reste sera répandu dans le jardin ou ailleurs pour retourner à la terre.
Passion d'un japonais pour son chien... Aucun intérêt !

dimanche 26 octobre 2014

TOURNIER, Michel - Le médianoche amoureux

C'étaient des statues sculptées dans le sable, d'une étrange et poignante beauté. Les corps se lovaient dans une faible dépression, ceints d'un lambeau de tissu gris souillé de vase. On songeait à Adam et Eve avant que Dieu vînt souffler la vie dans leurs narines de limon. Le rocher de Tombelaine émergeait de la brume. Suspendu comme un mirage saharien au-dessus des nuées, le Mont-Saint-Michel brillait de toutes ses tuiles vermeilles, de tous les vitraux de sa pyramide abbatiale. 

vendredi 24 octobre 2014

TESTUD, Sylvie - Le Ciel t'aidera

" T'as peur, t'as peur de tout, sauf du ridicule ", m'a dit mon copain qui est d'une mauvaise foi sidérante! " Il n'y a aucun danger dans cette maison, à part toi! ", il a rajouté. Mon copain dit que je suis une trouillarde, et ça m'énerve ! Si le courage peut se mesurer à la peur à surmonter, alors je me proclame la fille la plus courageuse du monde. Je ne suis quand même pas la seule fille qui balise à l'idée de dormir seule? Je ne suis pas la seule fille à dire que se garer dans un parking non surveillé, la nuit, ça fout les jetons ? C'est pas moi qui invente les cambriolages ? les dingues qui vous guettent au coin de la rue? les monstres pervers pires que des loups ? C'est pas moi qui invente les tempêtes de neige et les maladies fulgurantes ? " Alors? Ça peut arriver ou pas. ? ", j'ai demandé à mon copain, , un jour. " Le pire n'est jamais sûr, la peur n'évite pas le danger ", il m'a répondu . Ça m'a encore plus énervée. Flippée, Sylvie Testud ? Le Ciel t'aidera est l'histoire de sa vie quand elle ne joue pas un rôle sur un plateau, c'est l'histoire d'une fille trop imaginative qui rêve de mourir centenaire et dans son lit. Alors elle se bat comme un diable: elle planque des couteaux sous ses matelas, elle se balade avec un ravissant pistolet de dame, elle s'entraîne au sabre sur ses plantes vertes. C'est vrai qu'elle est Flippée, mais il y a quand même des trucs bizarres... Son copain, lui, trouve que tout est normal, à part elle.

mardi 21 octobre 2014

MIZUBAYASHI, Akira - Petit éloge de l'errance

C’est cet effort d’absence volontaire, de déracinement voulu, de distanciation active par rapport à son milieu qui paraît toujours naturel, c’est donc cette manière de s’éloigner de soi-même – ne serait-ce que momentanément et provisoirement –, de se séparer du natal, du national et de ce qui, plus généralement, le fixe dans une étroitesse identitaire, c’est cela et surtout cela que j’appellerai errance.

mercredi 15 octobre 2014

FOURNIER, Jean-Louis - Trop

Les murs de la salle d'exposition sont couverts de tableaux, ils sont tous tellement beaux qu'on ne sait plus où donner de la tête, devant lequel s'attarder. Alors, on ne s'attarde pas. Dans la pénombre, au fond d'une salle, est accroché un seul petit tableau, l'assistance est silencieuse, recueillie. Il s'agit d'un dessin de Raphaël, une vierge belle à se damner. Je m'arrête devant la devanture d'un kiosquier. Les étagères ploient sous le poids des journaux, des revues, souvent jamais lues. Le marchand de journaux est débordé, il n'a plus de place. Je viens d'acheter un nouveau poste, il me garantit 1350 stations. Je ne peux plus entendre ma radio préférée, il y a trop de stations, elles se brouillent. Sur l'appareil qu'on m'a offert, je peux stocker plus de 1000 chansons. Mon nouveau téléviseur me promet 500 chaînes. Je suis arrêté dans un embouteillage depuis plus d'une heure, il y a trop de voitures. J'ai voulu acheter les sonates pour piano de Mozart, il y a 50 interprétations. Comment choisir ? Au supermarché, j'ai compté 40 marques de gâteaux secs. Je n'en ai pas acheté. Le prince a 400 femmes dans son harem, il a l'embarras du choix. Chaque soir, il hésite, se morfond. Quand il choisit une brune, il pense aux blondes, quand il choisit une blonde, il pense aux brunes. J'ai le syndrome du harem. J'ai le choix, j'ai surtout l'embarras du choix. J'imagine une forêt hirsute, les arbres sont côte à côte, trop serrés, ils s'étouffent, la forêt va bientôt mourir. On va couper quelques arbres pour mon nouveau livre. Il sort une centaine de livres par jour, je pense à mon petit livre. Au bout d'une semaine, il va disparaitre, écrasé par 600 livres. Mon prochain livre, je vais l'appeler TROP.

samedi 11 octobre 2014

OATES, Joyce Carol - Mudwoman

Abandonnée par sa mère à demi-folle au milieu des marais de l’Adirondacks, Mudgirl, l’enfant de la boue, est sauvée on ne sait trop comment, puis adoptée par un brave couple de Quakers qui l’élèvera avec tendresse en s’efforçant toujours de la protéger des conséquences de son horrible histoire. Devenue Meredith "M.R" Neukirchen, première femme présidente d’une université de grand renom, Mudgirl, brillante et irréprochable, fait preuve d’un dévouement total à l’égard de sa carrière et d’une ferveur morale intense quant à son rôle. Mais précisément épuisée par la conception d’une rigidité excessive qu’elle a des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traverse les États-Unis à la veille d’une guerre avec l’Iraq (crise qui la contraint à s’engager sur un terrain politique dangereux) et confrontée à la classique malveillance sournoise des milieux académiques, M.R. se retrouve face à des défis qui la rongent de manière imprévisible. Un voyage sur les lieux qui l’ont vue naître, censé lui rendre un peu de l’équilibre qui lui échappe, va au contraire la jeter dans une terrifiante collision psychique avec son enfance et menacer de l’engloutir une fois encore, mais dans la folie. Cette impitoyable exploration des fantômes du passé, doublée du portrait intime d’une femme ayant percé le plafond de verre à un coût gigantesque, fait de ce livre ainsi que l’a proclamé la critique, "un géant parmi les grands romans de Oates".

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...