dimanche 28 janvier 2018

MORIN, Pascal - Les amants américains

Appelé par sa mère mourante, Alexandre prend la route au petit matin. Cet homme de quarante ans n'a pas connu celle qui l'a abandonné à la naissance, mais il a tant fréquenté les insomnies, l'angoisse et la solitude qu'il a bien eu le temps d'imaginer la jeune fille qui lui a donné le jour à seize ans avant de disparaître.
Durant le trajet, il réinvente pour lui-même, pour elle aussi peut-être, l'histoire de cette petite Rose qui aimait les hommes, qui continuait les cours de sténo en dissimulant son gros ventre sous des bandages, qui voulait avorter... Il se remémore sa propre enfance, marquée par l'absence de celle qu'il appelle Sourde. Amour, haine, violence et sensualité se mêlent alors pour composer un poignant roman des origines.

vendredi 26 janvier 2018

WOOD, Naomi - Mrs Hemingway

Durant l’été éclatant de 1926, Ernest Hemingway et sa femme Hadley partent de Paris pour rejoindre leur villa dans le Sud de la France. Ils nagent, jouent au brige et boivent du gin. Mais où qu’ils aillent, ils sont accompagnés de l’irrésistible Fife, la meilleure amie de Hadley, et l’amante d’Ernest...

Hadley est la première Mrs. Hemingway, mais ni elle ni Fife ne sera la dernière. Au fil des décennies, alors que chaque mariage est animé de passion et de tromperie, quatre femmes extraordinaires apprendront ce que c’est que d’aimer - et de perdre - l’écrivain le plus célèbre de sa génération.

Hadley, Fife, Martha, Mary.

dimanche 21 janvier 2018

PAVLOFF, Franck - L'homme à la carrure d'ours

Dans une zone du Grand Nord ignorée des cartes, d'anciens ouvriers oubliés de tous se sont regroupés en communautés hostiles. Seuls Kolya, un sculpteur d'ivoire descendant des Lapons, et Lyouba, la seule jeune femme à y être née, savent écouter les saisons, les hivers terribles et les printemps flamboyants, passer les frontières, déjouer la vigilance de gardiens invisibles pour s'aventurer à leurs risques et périls hors de ce lieu interdit. 
Dans un style tour à tour âpre, rude et poétique, l'auteur de Matin brun, du Pont de Ran-Mositar et du Grand Exil, prix littéraire des Grands Espaces 2010, dépeint les lieux désolés d'un monde industriel en ruine, la toute-puissance et la beauté de la nature arctique, les peurs qui enferment les hommes, la mémoire et les rêves qui les ouvrent à la liberté.

mardi 16 janvier 2018

LEMAITRE, Pierre - Au revoir là-haut

« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après. »
Sur les ruines du plus grand carnage du XX° siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec Ses morts...
Fresque d'une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l'après-guerre de 14, de l'illusion de l'armistice, de l'État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l'abomination érigée en vertu.
Dans l'atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

vendredi 12 janvier 2018

GESTERN, Hélène - Portrait d'après blessure

Il s’appelle Olivier, elle s’appelle Héloïse. Ils partent déjeuner, mais la rame de métro dans laquelle ils sont montés est gravement endommagée par une explosion. 
Restera de cet accident des corps meurtris, un sentiment brisé et une photo de leur évacuation, si violente et si impudique qu’elle va tout faire trembler autour d’eux. Ils n’auront qu’une obsession : réparer les dégâts que cette image aura causés dans leurs vies.

Portrait d’après blessure raconte l’histoire de deux êtres aux prises avec le pouvoir des photographies, qu’elles parlent la langue de la dignité ou celle du désastre.

lundi 8 janvier 2018

COE, Jonathan - Expo 58

Londres, 1958. Thomas Foley dispose d’une certaine ancienneté au ministère de l’Information quand on vient lui proposer de participer à un événement historique, l’Exposition universelle, qui doit se tenir cette année-là à Bruxelles. Il devra y superviser la construction du Pavillon britannique et veiller à la bonne tenue d’un pub, Le Britannia, censé incarner la culture de son pays. Le jeune Foley, alors qu’il vient de devenir père, est séduit par cette proposition exotique, et Sylvia, son épouse, ne voit pas son départ d’un très bon œil. Elle fera toutefois bonne figure, et la correspondance qu’ils échangeront viendra entrecouper le récit des nombreuses péripéties qui attendent notre héros au pays du roi Baudouin, où il est très vite rejoint par de savoureux personnages : Chersky, un journaliste russe qui pose des questions à la manière du KGB, Tony, le scientifique anglais responsable d’une machine, la ZETA, qui pourrait faire avancer la technologie du nucléaire, Anneke, enfin, l’hôtesse belge qui va devenir sa garde rapprochée…

Coe embarque le lecteur dans une histoire pleine de rebondissements, sans que jamais la tension ne retombe ou que le ridicule ne l’emporte. Sous la forme d'une parodie de roman d’espionnage, il médite sur le sens de nos existences et dresse le portrait d’un monde disparu, l’Angleterre des années 1950, une société tiraillée entre une certaine attirance pour la liberté que semble offrir la modernité et un attachement viscéral aux convenances et aux traditions en place.

vendredi 5 janvier 2018

GAUDE, Laurent - Pour seul cortège

En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.
Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille.
Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père…
Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.

« ALEXANDRE LE GRAND n’est pas un personnage historique.
Ce n’est pas ainsi que j’ai voulu l’approcher. C’est un maelström, un tourbillon de forces contradictoires. Un mélange saisissant de violence et de beauté, de rêves et de démence. Alexandre n’est pas une figure de nos livres d’histoire, il est bien plus que cela : c’est un mythe, c’est-à-dire une force vivante qui m’intrigue, m’habite, et se déploie dans mon imaginaire.
Avec Pour seul cortège, je n’ai pas voulu proposer au lecteur la reconstitution d’un épisode de notre Antiquité, j’ai voulu embrasser Alexandre. Le roman historique ne m’intéresse pas, parce qu’il corsète la fiction. Le roman historique ne m’intéresse pas parce que je préfère l’éblouissement à la véracité, l’épique à l’exactitude. Je veux être dans la fièvre plutôt que dans le détail, tenter d’insuffler au livre une énergie chamanique plutôt que rester fidèle à la chronique.
Pour seul cortège est un chant à deux voix, celle d’Alexandre et celle de Dryptéis. Au fond, il n’y a que ces deux personnages-là et, au coeur du livre, l’énigme de ce qui les lie. Chacun va offrir à l’autre la possibilité de s’affranchir du temps et du poids de l’Histoire. Ce qui me touche, c’est la vibration de leur parole. Ce qui me touche, c’est leur héritage. J’ai écrit Pour seul cortège parce que je veux être du côté des cavaliers du Gandhara, ces cinq compagnons qui abandonnent l’Empire pour embrasser l’immensité, ces cinq hommes qui quittent le réel pour plonger dans le mythe et qui le font avec ivresse. »

Laurent Gaudé

mardi 2 janvier 2018

NOTHOMB, Amélie - Biographie de la faim

L'auteur de Stupeur et tremblements (Grand Prix du roman de l'Académie française 1999) et de Métaphysique des tubes fait revivre ses souvenirs de petite enfance au Japon mais aussi à Pékin, à New York, au Bangladesh et autres lieux où l'a conduite la carrière d'un père diplomate. Au cœur du kaléidoscope : sa faim. Le mystère de la faim, la faim goinfre, joyeuse ou tragique et angoissante, quête perpétuelle d'un accomplissement inaccessible, qui explique autant l'histoire des peuples que celle des individus. Les figures du père, d'une nourrice japonaise, d'une sœur tendrement aimée se dessinent aussi dans ce récit pudique et sincère, maniant l'humour noir et la provocation.

"La faim, c'est moi."

lundi 1 janvier 2018

CLAUDEL, Philippe - Le rapport de Brodeck

Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien.
Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache.
Moi je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.
Mais les autres m'ont forcé : "Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dit, tu as fait des études." J'ai répondu que c'étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d'ailleurs, et qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ils n'ont rien voulu savoir : "Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses. Ça suffira. Nous on ne sait pas faire cela. On s'embrouillerait, mais toi, tu diras, et alors ils te croiront. Et en plus, tu as la machine."

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...