« Un jour, nous nous sommes croisés près d’un lycée-une cohue d’enfants de bobos qui fumaient, assis sur le macadam souillé de crottes, écoutaient du rap sur leur portable, salivaient en se faisant des bises. Bien nourris, orduriers de langage, infects dans leurs corps qui avaient déjà tout goûté sans aimer. Cette moisissure allait gagner les médias, l’enseignement, les partis politiques.
J’ai dit à Lynden : " regardez-les, ces jeunes Blancs. Ils vont penser correctement, consommer bio, se reproduire entre eux, approuver les bombardements démocratiques. En quoi les Noirs et les Arabes que vous haïssez seraient-ils responsables du crétinisme de ces enfants gâtés ?" »
De quelles frustrations le jeune Vivien de Lynden, nouvel enfant du siècle égaré dans ses préjugés racistes et obsédé par la décadence de l’Occident, a-t-il tiré son apocalyptique manuscrit Le grand déplacement ?
Pour faire publier ce brulot politiquement incorrect, la mère du jeune auteur tôt disparu demande son aide à un écrivain, ami du fameux Gabriel Osmonde. Ce dernier, que Vivien s’était choisi pour maître à penser, porte sur le monde un regard plus profondément désenchanté que le jeune néo-hussard brulé au feu de son idéalisme.
Et voilà que cette femme, revenue de toutes les utopies humanitaires les plus valorisantes, guettée par un vide existentiel dont le suicide lui semble la seule issue, comprend qu’il faut sortir du jeu, quitter la scène où tout le monde joue faux, tiraillé par la peur de manquer et la panique de la mort.
Une autre voie est possible. Une autre vie aussi. Chacun n’a-t-il pas droit à sa « troisième naissance », au-delà des frontières que l’on assigne à l’humaine condition ?
Juste pour mémoriser mes lectures. Aucun jugement... Affichage de la 4ème de couverture.
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