mercredi 22 avril 2020

McCANN, Column - Danseur

Ange ou démon. Étoile… filante, peut-être, mais étoile qui brilla au plus haut par son génie et son ambition. C’était Noureev. Rudi. Rudik Rudolph. Prénom choisi par sa mère, Farida, en hommage à Rudolph Valentino. Et quel séducteur que ce jeune Tatar, un peu rustre, ayant grandi entre sa mère aimante, sa grande sœur et un père qui mettra des années à admettre le choix de son fils !

La force du roman de McCann réside dans son style narratif : raconter l’histoire de Noureev, par l’intermédiaire (imaginaire et romancé) de divers acteurs de sa vie : sa sœur, Serguei et Anna (qui le forma à Oufa et lui fit découvrir la danse et la musique), leur fille qui l’hébergea à Leningrad, ses amis, sa complice de scène et de coulisses la grande Margot Fonteyn, ses amants, sa gouvernante ou des anonymes fascinés par le talent du jeune garçon de l’époque… avec en filigrane une partie de l’histoire contemporaine soviétique dont certains aspects de la guerre froide semblent parfois un peu caricaturaux mais restent essentiels pour bien comprendre le contexte dans lequel évolua Noureev... et son exil !
Car l’étoile eut une vie à la hauteur de sa rage : pleine, violente, passionnée, exigeante, égoïste. Entre vampire génial qui pouvait tout sacrifier pour son art et ami dévoué, généreux et fou. Il y a de la fascination et de l’agacement devant cet homme hors norme qui eut la force – plutôt rare de nos jours – d’assumer, envers et contre tout, son destin à force de travail, d’acharnement. Car, y compris ses détracteurs, tous furent subjugués par cette énergie, cette incandescence que dégageait Noureev qui ne vivait que pour la danse.

samedi 18 avril 2020

OATES, Joyce Carol - Nous étions les Mulvaney

A Mont-Ephraim, petite ville de l'Etat de New York, tout le monde connaît les Mulvaney, leur bonheur et leur réussite.
Michael, le père, d'origine modeste, a su à force de travail se faire accepter par la bonne société de la ville. Grâce à sa femme qu'il adore, la ferme qu'ils habitent est un coin de paradis, une maison de contes de fées où, au milieu d'une nature splendide, entourés de chiens, de chats, d'oiseaux, de chevaux - et immensément d'amour -, leurs trois fils et leur fille Marianne vivent une enfance inoubliable.
Jusqu'au drame de la Saint-Valentin 1976, qui vient mettre un terme à cette existence idyllique, fait voler la famille en éclats et marque à jamais chacun de ses membres.

jeudi 9 avril 2020

PANCOL, Katherine - Les yeux jaunes des crocodiles

Joséphine et Iris sont deux sœurs dans la quarantaine. Joséphine, dite « Jo », chercheuse au CNRS, historienne spécialiste d'histoire médiévale, méprisée par sa mère qui n'a jamais mis sa confiance en elle, est une femme introvertie sans relations sociales qui se consacre surtout à ses recherches. Couverte des dettes qu'a contractées son mari chômeur, elle a expulsé celui-ci du domicile. Elle élève péniblement ses deux filles, dont l'aînée, Hortense, la traite de manière dépréciative et odieuse, la considérant comme une ratée.

Iris, la sœur de Joséphine, belle bourgeoise blonde parisienne, favorite de sa mère, est une femme d'avocat oisive, frivole et exubérante, mariée à un homme riche qu'elle n'a jamais aimé pour lui-même mais uniquement pour le confort de vie qu'il lui apporte. Afin de se donner une importance qu'elle n'a pas, Iris annonce lors d'un dîner qu'elle écrit un roman sur l'histoire d'une femme au Moyen Âge, mensonge inspiré par la thèse de sa sœur. Mais elle se trouve bientôt dans une impasse quand un éditeur s'intéresse à ses supposés travaux littéraires. C'est alors qu'elle va supplier sa sœur Joséphine d'écrire le roman pour elle, lui promettant de lui laisser tout l'argent des ventes pour sortir de ses dettes, en échange du prestige d'avoir écrit l'œuvre. Joséphine accepte à contrecœur. Le roman, à sa sortie, est encensé par la presse, connaît un succès prodigieux auprès du public et devient un best-seller en quelques mois. Les relations entre les deux sœurs se compliquent et l'imposture commence à devenir visible dans la famille. Sur fond d'instabilité conjugale à tous les niveaux générationnels, les destins de ces femmes, faits de déchirements, de mépris mutuels et de jalousies, vont entrer en mutation jusqu'à trouver un équilibre naturel. Mais Iris sera-t-elle démasquée ?

vendredi 3 avril 2020

OVALDE, Véronique - Ce que je sais de Vera Candida

Quelque part dans une Amérique du Sud imaginaire, trois femmes d’une même lignée semblent promises au même destin : enfanter une fille et ne pouvoir jamais révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Elles sont toutes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Parmi elles, seule Vera Candida ose penser qu’un destin, cela se brise. Elle fuit l’île de Vatapuna dès sa quinzième année et part pour Lahomeria, où elle rêve d’une vie sans passé. Un certain Itxaga, journaliste à L’Indépendant, va grandement bouleverser cet espoir.

Un ton d’une vitalité inouïe, un rythme proprement effréné et une écriture enchantée. C’est ce qu’il fallait pour donner à cette fable la portée d’une histoire universelle : l’histoire des femmes avec leurs hommes, des femmes avec leurs enfants. L’histoire de l’amour en somme, déplacée dans l’univers d’un conte tropical, où Véronique Ovaldé a rassemblé tous les thèmes – et les êtres – qui lui sont chers.

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...