lundi 31 août 2020

McEWAN Ian - Samedi

Pour Henry Perowne - neurochirurgien réputé, mari heureux, père comblé d'un musicien de blues et d'une poétesse - ce devrait être un samedi comme les autres.
Pas question d'aller défiler contre la guerre en Irak. Plutôt goûter les plaisirs de la vie. Et pourtant... Un banal accrochage et voilà la violence qui surgit dans son existence protégée. Henry aura beau tenter de reprendre le fil de sa journée, ses vieux démons et le chaos du monde le rattraperont sans cesse durant ces vingt-quatre heures, au terme desquelles plus rien ne sera jamais comme avant.
Tout en faisant diaboliquement monter le suspense, McEwan entrelace évènements planétaires et privés avec une telle virtuosité que cet étrange samedi devient la métaphore de toutes nos vies fragiles d'Occidentaux pris dans la tourmente de ce début de siècle. Et cette réflexion profonde sur le hasard et le destin, les pouvoirs respectifs de la science et de l'art, la quête d'un sens qui résisterait à la mort nous montre une fois de plus, après Expiation, un romancier parvenu à la plénitude de son art.

vendredi 21 août 2020

LANCON, Philippe - L'élan

Mozart compose à Vienne, en 1785, la Fantaisie en ut mineur K.475 pour piano. C'est une oeuvre profonde, inquiète, l'une de ses plus mélancoliques. Elle dure environ douze minutes. Le pianiste From n'aurait peut-être pas dû arrêter de la travailler pour rejoindre, dans un château du Lubéron, une femme qui l'appelle et qu'il croit ne plus aimer. Le séjour dure environ une semaine. Lizbie a les attaches fines, une robe fuchsia et ressemble à une biche. From la suit jusqu'où Mozart le conduisait : un rêve et un trou. From ne résiste jamais à ce qu'il aime en lui échappant. La musique est ancienne, l'histoire se passe aujourd'hui.

mercredi 19 août 2020

MANGUEL, Alberto - Je remballe ma bibliothèque

Dans le dessein de dépasser la douloureuse expérience qui fut la sienne lorsqu’il lui fallut remettre définitivement en caisses la bibliothèque constituée des trente-cinq mille volumes qu’il s’était, toute sa vie, employé à amasser patiemment, ardemment et amoureusement, Alberto Manguel nous raconte ce qu’il lui en coûta de quitter son presbytère du xviie siècle au cœur de la vallée de la Loire pour déménager à New York puis, finalement, à Buenos Aires, la ville de son enfance, où il a dirigé un temps la Bibliothèque nationale d’Argentine, poste jadis occupé par son bien-aimé et prestigieux mentor, Jorge Luis Borges.
Alberto Manguel s’engage ici dans un voyage émotionnel qui parcourt son existence et son histoire, revisite les pays qu’il a connus et évoque ses nombreux déménagements, lesquels furent toujours liés à la recherche d’un endroit où enfin héberger ses livres, sans lesquels il lui est impossible de travailler… et sans doute même de vivre.
La passion d’Alberto Manguel pour les livres et les bibliothèques rencontre ici une situation personnelle dont la récente mutation enrichit encore la réflexion menée par cet illustre penseur de la lecture tout au long d’une œuvre généreuse qui exalte le rôle du livre comme l’un des plus puissants antidotes contre les affres de l’exil.

lundi 17 août 2020

ARIYOSHI, Sawako - Le crépuscule de Shigezo

Devenu veuf, Shigezo est recueilli par son fils et sa belle- fille. Et c'est sur celle-ci, Akiko, que va reposer cette lourde charge, avec les problèmes concrets que cela implique. Mais alors que le vieil homme glisse vers une seconde enfance, elle découvrira qu'il symbolise peut-être l'amour le plus authentique, le plus désintéressé qu'elle ait jamais connu.

samedi 15 août 2020

OGAWA, Yoko - Petits oiseaux

Petits oiseaux est un roman d'une douceur salvatrice qui nous confie un monde où la différence n'influe pas sur le bonheur, où la solitude conduit à un bel univers, un repli du temps préservant l'individu de ses absurdes travers, un pays où s'éploient la voix du poème, celle des histoires et des chants d'oiseaux, celle des mots oubliés.


Voici un roman trés original, vraiment singulier, d'une délicatesse poignante sur la complicité de deux frères.
L'aîné ne communique que par le langage des oiseaux, il ne parle aucune autre langue, seul son cadet le comprend.
Est ce un dialecte inventé ou ancestral abandonné par les humains?
Le cadet apprend donc la langue " Pawpaw", afin de communiquer avec son aîné, cet enfant rêveur qui n'emploie que ces mots oubliés par les humains, depuis longtemps....
Les deux garçons restent inséparables et, à la mort de leurs parents, se partagent les tâches.
Le plus jeune travaille dans une résidence, l'aîné se consacre avec bonheur et éfficacité à l'entretien d'une voliére, près de l'école maternelle du village.
La vie pourrait continuer ainsi car ces deux hommes sont trés attachés à leurs traditions, à leur rythme,à leur quartier....
Mais le calme trop évident est toujours le prélude à un drame et Yoko Ogawa instille trés doucement le danger d'une existence immobile...
Ainsi, les deux garçons laissent le monde tourner sans eux, les habitants de leur ville, les enseignants,les commerçants changent au fil du temps, les frères ,eux, n'y prêtent aucune attention....
Une tristesse légère habite, imprégne ce roman sur le temps, sur la liberté,sur la différence, une poésie délicate, surannée, hors du temps, douce et tendre, sur la façon d'appréhender la vie,un univers trés particulier où les sons, les bruits , les habitudes, les chants mélodieux filent la trame étrange, insolite, lente, immobile de cet ouvrage..." Ils vivaient en protégeant leur nid à tous les deux"........
Ou comment vivre autrement?
Ou La différence n'influe pas sur le bonheur...
Ou la solitude peut conduire vers le bonheur et de quelle maniére?Une morale selon laquelle la liberté d'agir importe beaucoup dans l'existence,: liberté d'écouter les roucoulades d'un oiseau à lunettes, liberté d'ouvrir les cages, liberté de s'endormir pour rejoindre à jamais les voix qui se sont tues....
On referme cet ouvrage singulier, d'une grande force, sur la puissance de la nature,les chants mélodieux,les liens indicibles,la solitude,avec la sensation d'avoir côtoyé un peu de la douceur enchanteresse de cet univers là, très particulier!
Une lecture inclassable!

mercredi 5 août 2020

RAGOUGNEAU, Alexis - Opus 77

« Un jour, dans mille ans, un archéologue explorera ton refuge. Il comprendra que l’ouvrage militaire a été recyclé en ermitage. Et s’il lui vient l’idée de gratter sous la peinture ou la chaux, il exhumera des fresques colorées intitulées La Vie de David Claessens en sept tableaux. Je les connais par cœur, ils sont gravés à tout jamais dans ma médiocre mémoire, je peux vous les décrire, si vous voulez faire travailler votre imaginaire :

L’enfant prodige choisit sa voie.
Il suscite espoirs et ambitions.
Le fils trébuche, s’éloigne, ressasse.
Dans son exil, l’enfant devient un homme.
Le fils prodigue, tentant de regagner son foyer, s’égare.
Blessé, il dépérit dans sa prison de béton.

Mais à la différence des tapisseries de New York, ton histoire est en cours ; il nous reste quelques tableaux à écrire, toi et moi, et je ne désespère pas de te faire sortir un jour du bunker. La clé de ton enclos, de ta cellule 77, c’est moi qui l’ai, David. Moi, Ariane, ta sœur. »

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...