James se sent à l’étroit dans son petit bureau new-yorkais du Chrysler
Building, à l’étroit dans son métier de journaliste comme dans sa vie.
Il travaille pour Fortune, le magazine le plus libéral du pays. Tout ce
qu’il hait. Alors quand son rédacteur en chef l’envoie dans son Sud
natal pour une enquête sur la vie des métayers en Alabama, James se sent
revivre. D’autant qu’on lui adjoint pour ce voyage un jeune photographe
inconnu avec lequel il s’entend d’emblée.
Le reportage deviendra un
brûlot, un plaidoyer, un cri rageur face à la pauvreté des fermiers dans
ces sinistres années trente. Puis un livre, un grand livre signé James
Agee et Walker Evans, "Louons maintenant les grands hommes".Le nom
de James Agee se met à circuler chez les écrivains, les journalistes,
tous les intellectuels. On parle d’un type fascinant, insupportable,
brillant, révolté, alcoolique. Il travaille à un scénario pour John
Huston, enchaîne les mariages, devient l’ami de Chaplin, et on dit même
que pour son premier film en tant que réalisateur, l’illustre Charles
Laughton lui a confié l’adaptation de "La Nuit du chasseur".
Rodolphe
Barry s’est attaché à faire vivre l’homme caché derrière ces œuvres et
nous fait découvrir un artiste dont la soif d’absolu se fracasse sans
cesse contre le réel, un homme en colère que ses propres faiblesses
écœurent.