mercredi 13 février 2013

Feuilleton - N° 5 - Automne 2012




WINCKLER, Martin - En souvenir d'André

Ça se déroulait toujours de la même manière. Une voix appelait sur mon cellulaire, tard le soir ou tôt le matin. Elle demandait à me rencontrer en tête-à-tête. Et donnait la phrase rituelle :
«En souvenir d'André.»
Je me rendais à l'adresse indiquée et là, je rencontrais un homme, parfois seul, parfois avec une autre personne, de son âge ou plus jeune. On ne faisait pas de présentations. Ils connaissaient mon nom, ils m'avaient donné leur prénom. Lorsque le malade souffrait trop, l'autre personne était là pour m'expliquer. Je l'arrêtais très vite.
«Je vais d'abord m'occuper de la douleur.»

lundi 11 février 2013

OATES, Joyce Carol - Les chutes

Veuve au matin d'une nuit de noces hallucinante, lorsque son époux, un jeune pasteur, se suicide en se jetant dans les Chutes du Niagara, Ariah Littrell se considère désormais comme vouée au malheur. Pourtant, au cours de sa semaine de veille au bord de l'abîme, en attendant qu'on retrouve le corps de son mari d'un jour, La Veuve blanche des Chutes (ainsi que la presse l'a surnommée avant d'en faire une légende) attire l'attention de Dirk Burnaby, un brillant avocat au cœur tendre, fasciné par cette jeune femme étrange. Une passion improbable et néanmoins absolue lie très vite ce couple qui va connaître dix ans d'un bonheur total avant que la malédiction des Chutes s'abatte de nouveau sur la famille. Désamour, trahison, meurtre ? C'est aux enfants Burnaby qu'il reviendra de découvrir les secrets de la tragédie qui a détruit la vie de leurs parents. Une quête qui les obligera à affronter non seulement leur histoire personnelle mais aussi un sombre épisode du passé de l'Amérique : les ravages infligés à toute une région par l'expansion industrielle gigantesque des années 50 et 60, expansion nourrie par la cupidité et la corruption des pouvoirs en place. Un roman aussi beau et tumultueux que ces Chutes au charme maléfique.

samedi 19 janvier 2013

MURAKAMI, Ryu - Melancholia

Yazaki se confie à Michiko, une journaliste japonaise installée à New York. Pourquoi a-t-il été SDF ? Quelle est la nature de la passion jalouse et dévorante qui l'a lié à Reiko et dont il prétend avoir réussi à guérir ? Quel rôle a joué sa rencontre avec Johnson, un autre sans-logis, qui, en phase terminale d'un sida, finit par se suicider ?
Réflexion sur les métaphores du désir, de la jouissance et de la souffrance, Melancholia décrit le lent processus de fascination exercé par le récit de Yazaki sur Michiko. Mais sous l'apparente sincérité des propos de Yazaki se cache la possibilité d'un nouveau piège, l'occasion d'un jeu pervers redoublé, comme en témoigne le coup de théâtre des dernières pages qui plongent brutalement le lecteur dans l'horreur.
On ne souffre réellement, comme on ne jouit d'ailleurs, que de son imagination, semble le leitmotiv de ce second volet de la trilogie - avec Ecstasy et Thanatos - regroupée par Murakami sous le titre " Monologues sur le plaisir la lassitude et la mort ".

samedi 12 janvier 2013

TESSON, Sylvain - Dans les forêts de Sibérie

«Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie. Et si la liberté consistait à posséder le temps? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence ? toutes choses dont manqueront les générations futures? Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.»

dimanche 6 janvier 2013

EGAN, Jennifer - Qu'avons-nous fait de nos rêves ?

Le prix Pulitzer 2011.
Sasha a une petite trentaine. Elle vivote à New York, après avoir quitté son poste d assistante de production dans une grande maison de disques. On la découvre sur le canapé de son psychothérapeute, tentant de régler son problème de kleptomanie et de remettre de l ordre dans sa vie. Sans amis, sans travail, elle est une âme solitaire et prédatrice. Bennie, lui, a la quarantaine passée. Ancien producteur star des Conduits, un groupe de rock emblématique, il se contente désormais d éditer des tubes insipides. Divorcé, il essaie d entretenir des liens avec son fils, sans trop y parvenir. Déprimé, il n arrive même plus à avoir la moindre érection.
D une écriture acérée, Jennifer Egan nous plonge dans la conscience et l histoire de ces deux personnages dont les chemins un jour se sont croisés. Jeune homme timide, Bennie se passionna pour le punk, dans un San Francisco débridé. Adolescente au tempérament fougueux, Sasha partit pour Naples afin d oublier des parents destructeurs. Une foule de personnages jalonnent leur existence, qu il s agisse de Lou Kline, le mentor allumé de la bande, ou de l oncle de Sasha, un homme au bord du gouffre.
Ces histoires de vie s enchaînent, des personnalités très fortes se dégagent, une véritable tension naît autour de leurs destinées. En restituant le passage du temps et les aléas du désir, Jennifer Egan ausculte notre capacité à avancer et à devenir ce que nous sommes, sans rien nier du passé.

mercredi 2 janvier 2013

DELACOURT, Grégoire - La liste de mon envie

Jocelyne, dite Jo, rêvait d être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras.
Elle aime les jolies silhouettes mais n a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie.
Elle attendait le prince charmant et c est Jocelyn, dit Jo, qui s est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l épouse) a courbé l échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu'au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff Esthétique, 18.547.301 lui tombent dessus. Ce jour là, elle gagne beaucoup. Peut-être.

TOIBIN, Colm - Maison des rumeurs

Après le sacrifice de sa fille, une mère fomente la mise à mort de l’assassin. Enragée, elle crie sa joie de venger son enfant. Puis son fil...