dimanche 7 février 2010

TORRES-BLANDINA, Alberto - Le Japon n'existe pas

Un aéroport espagnol, un vieil homme près de la retraite, balayeur de son état. Il s'appelle Salvator Fuensanta. Salvator a l'art de conter des histoires sur les hommes et sur l'amour – car il est toujours question d'amour dans les histoires de Salvator. Il les conte au fil de ses rencontres avec les voyageurs qui patientent avant leur embarquement.
C'est le portrait attendrissant d'un bavard bien informé que nous dresse avec talent Alberto Torres-Blandina dans Le Japon n'existe pas.
Mesdames, Messieurs, embarquement immédiat pour un voyage vers un personnage qui vaut le détour. Salvator Fuensanta est un vieil homme. Il va bientôt partir à la retraite. Veuf de sa femme adorée Leonor, il n'a jamais voulu la remplacer. Mais ces derniers temps, malgré son grand âge (comme il dit), il en pince de plus en plus que la belle Juana, la vendeuse de journaux. Elle travaille aussi dans cet aéroport. Il est donc facile de faire plus ample connaissance et de papoter délicieusement de tout et de rien.
Salvator travaille depuis tellement de temps dans ce lieu de passages incessants, il a observé, vu aller et venir tant de monde qu'il est capable de déterminer la destination d'un voyageur rien qu'en observant son allure générale, à moult signes et petits rien. Il a acquis ainsi une belle érudition sur la nature humaine.
Il connaît toutes les personnes qui travaillent ou ont un temps travaillé dans l'aéroport. Il est comme un bon samaritain des lieux. On sent bien que l'auteur s'est amusé avec son personnage. Il lui donne à dire bien des choses sur les hommes, l'éducation, et lui attribue des théories bien campées sur pas mal de sujets. Et notamment, sur le Japon. Saviez-vous que le Japon, le pays où le soleil se lève, n'existe pas ? Qu'il s'agit d'une pure invention marketing ? Vous apprendrez aussi que le sushi a été inventé par un cuisinier portugais.. Une théorie aux arguments qui tiennent bien la route et que l'on en finit vraiment par douter. Enfin, presque !!
Parmi les histoires de Salvator, il y a celle d'Edouardo, un enfant, un temps son voisin d'immeuble, qui tourne mal car trop idéaliste. Après quelques actes répréhensibles, il décide de fuir en Inde puis au Népal où il espère une vie plus en adéquation avec ses idéaux.
Et puis il y a aussi l'histoire d'amour impossible entre Rosalia et Roberto. Il l'aime mais n'est pas aimé en retour. Ils travaillent ensemble dans une des boutiques de l'aéroport, sont liés par une grande amitié.. mais au désespoir de Roberto, cela n'ira jamais plus loin. Ils finiront par se séparer et ne plus travailler ensemble.
Saviez-vous qu'il existe dans les aéroports un pacte, un code secret en usage et qu'il n'est pas bon de faire certains gestes inconsidérés ? Par exemple, le fait de s'éventer avec une revue ou un livre pourrait être interprété par d'autres voyageurs et avoir des conséquences assez spéciales. Les aéroports ne sont-ils pas des lieux de rencontres ?
C'est une lecture fort agréable que nous propose Alberto Torres-Blandina. Dans un style parlé de tous les jours, très simple mais sans aucun relâchement de langage – Salvator sait se tenir et connaît beaucoup de choses – on suit les mots de ce balayeur fin connaisseur des hommes. Un vrai régal que de suivre le monologue de cet homme que l'on a peut être croisé un jour sans le savoir. Leonor, sa femme, disait : « Salvator, tu fais de l'incontinence verbale ». Pour ma part, je ne trouve pas. Mais bon, peut être qu'au quotidien.
Le temps n'a plus de prise quand on commence à écouter les histoires de Salvator. Et j'aurai bien aimé rencontrer au cours de mes voyages un personnage comme lui. C'est si long d'attendre dans les aéroports.

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