lundi 31 décembre 2012

LARSSON, Stieg - La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette

Millenium 2
Tandis que Lisbeth Salander coule des journées supposées tranquilles aux Caraïbes, Mikael Blomkvist, réhabilité, victorieux, est prêt à lancer un numéro spécial de Millenium sur un thème brûlant pour des gens haut placés : une sombre histoire de prostituées exportées des pays de l’Est. Mikael aimerait surtout revoir Lisbeth. Il la retrouve sur son chemin, mais pas vraiment comme prévu : un soir, dans une rue de Stockholm, il la voit échapper de peu à une agression manifestement très planifiée. Enquêter sur des sujets qui fâchent mafieux et politiciens n’est pas ce qu’on souhaite à de jeunes journalistes amoureux de la vie. Deux meurtres se succèdent, les victimes enquêtaient pour Millenium. Pire que tout, la police et les médias traquent bientôt Lisbeth, coupable toute désignée et qu’on a vite fait de qualifier de tueuse en série au passé psychologique lourdement chargé. Mais qui était cette gamine attachée sur un lit, exposée aux caprices d’un maniaque et qui survivait en rêvant d’un bidon d’essence et d’une allumette ? S’agissait-il d’une des filles des pays de l’Est, y a-t-il une hypothèse plus compliquée encore ? Voici enfin au format de poche le deuxième volet de la série culte publiée dans le monde entier avec un succès phénoménal.

lundi 24 décembre 2012

ISAKA, Kotaro - Pierrot la gravité

Haru et Izumi sont deux frères très liés depuis l'enfance.
Haru est issu d'un viol subi par sa mère, mais les parents n'ont jamais caché cette réalité aux enfants et la famille est restée soudée autour de ce drame. Izumi travaille pour une société de tests génétiques, tandis que Haru passe ses journées à nettoyer les tags de la ville. Quand d'étranges incendies se mettent à éclater ici et là, annoncés par de mystérieux graffitis, les deux frères décident de mener l'enquête.
Les signes mis bout à bout forment un rébus dont ils s'efforcent de percer le sens. Au-delà d'une énigme policière aux péripéties étonnantes, c'est la personnalité attachante des deux frères qui captive, ainsi que le charme des dialogues entre humour et émotion, émaillés d'interrogations sur le bien, le mal, et les questions éthiques posées par les progrès de la science. On reconnaît dans ce roman la "marque de fabrique" d'Isaka Kôtarô : création d'un univers original, à la croisée du roman policier, du fantastique et du manga, et mise en place d'un puzzle auquel on peut être assuré que pas une pièce ne manquera lors du dénouement, toujours surprenant.

lundi 17 décembre 2012

L'Impossible - N° 9 - Novembre 2012



NOTRE JOURNAL — Michel Butel
ENTRETIEN — L’Amérique selon Jerome Charyn, Béatrice Leca
L’INCROYABLE HISTOIRE — L’homme qui achète des forêts, Sélim Nassib
PASSANT — Rest in peace Lee Alexander Mc Queen, Béatrice Leca
FORMES BREVES — La Chine première économie du monde en 2020 ?, Yann Moulier Boutang 
Fenêtres Lettres, John Berger
Nightwalker, Marta Orzel 
Souffrir comme un chien, Aïcha Liviana Messina
Poisson rouge, Marie-Rose Lefèvre
DROLERIE — L’Europe à poil devant la crise, Édouard Launet 
Le Travail impossible, Benoît Jacques
Palomar & Zigomar, Delfeil de Ton
L’éclair au chocolat, Suzan Millarca
PAROLES SAGES — Tout notre temps troublé, Jean-Christophe Bailly et Michel Butel
MOTS CROISES — Oulipienne, Jean-Jacques Salgon

mercredi 12 décembre 2012

FOURNIER, Jean-Louis - Veuf

« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c'est bien triste, cette année on n'ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m'a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d'un oiseau qui traversait la rivière. On n'était pas d'accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n'as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m'a répondu je vois très bien de loin, et elle s'est tue, définitivement.
J'ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m'a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C'était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j'avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m'a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n'aimait pas parler d'elle, encore moins qu'on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu'elle est partie. »
Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n'a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d'elle, il nous parle de lui.

lundi 3 décembre 2012

RAGDE, Anne B. - Zona frigida

Un huit-clos haletant, par l'auteure norvégienne à succès.
Qu'est-ce qui a bien pu pousser Bea, jeune caricaturiste branchée de 35 ans, à s'inscrire pour une croisière à destination des terres du Grand Nord ? La croisière, d abord : un concept plutôt destiné au Troisième âge et pas à une célibataire croqueuse d'hommes comme elle... La destination, ensuite : le Svalbard, dite « Zona frigida », aux confins septentrionaux de la Norvège, ne constitue pas un territoire des plus accueillants. On prétend même qu'il y fait si froid que tous les animaux sont devenus blancs... Autant dire que la présence de Bea sur ce cargo a de quoi susciter la curiosité de ses compagnons de route. Si la jeune femme a prétexté auprès de ses proches le besoin de rompre avec son quotidien, il apparaît rapidement que ses motivations sont tout autres : Bea a des comptes à régler avec son passé et ce voyage devrait lui permettre de repartir à zéro. La croisière d agrément va vite se transformer en cauchemar pour certains passagers...

dimanche 25 novembre 2012

KEEGAN, Claire - L'antarctique

Elle a vécu son enfance dans une ferme en Irlande avant de partir pour les Etats-Unis. Dans ses nouvelles, Claire Keegan décrit surtout un quotidien rural où l'on entend les vaches se gratter contre une barrière, où la mère se lève tôt, la première, pour allumer le feu et s'occuper des poules et des moutons. Les hivers sont très froids, les distractions rares. Les épouses rêvent de conduire la voiture mais ce sont les maris qui commandent et les filles qui descendent pour ouvrir les barrières en pleine nuit. Parfois, les femmes s'en vont : elles enfilent une robe rouge pour aller en ville et passer la nuit avec un homme. D'autres vivent dans l'ombre d'un amant marié qui les retrouve de temps à autre, en se cachant. Certaines restent célibataires, s'habituent à vivre seules, fredonnent même des chansons en préparant les confitures et les conserves pour l'hiver. Les couples se parlent peu mais leurs gestes trahissent leur fatigue physique et leur désir de vivre autrement, loin d'un passé familial lourd et statique. Ce sont les détails qui symbolisent la vacuité d'une vie. Trop de lessives, trop d'enfants, trop de tristesse et de rêves avortés : les lèvres des hommes sont froides quand ils embrassent leur épouse le soir au retour du travail.
L'amour, ou plutôt le désir d'amour, est présent à chaque page, mais Claire Keegan cache les sentiments derrière des gestes anodins. Ses nouvelles embrassent toute une existence. Dans ce premier recueil d'une dextérité et d'une sensibilité étonnantes, elle semble prendre son temps pour installer une atmosphère mais n'oublie jamais qu'elle écrit dans un genre littéraire qui exige le sens du rythme. Ses histoires courtes choisissent un instant donné, ramassé, symbolique et terriblement émouvant : celui d'une vie qui bascule, d'une prise de conscience ou d'un regard de trop. L'Antarctique marque la naissance d'un grand auteur et les Anglo-Saxons ne s'y sont pas trompés. La nouvelliste a figuré sur les listes des meilleures ventes aux Etats-Unis après avoir été encouragée par Nuala O'Faolain, Irlandaise elle aussi, et récemment disparue.

jeudi 22 novembre 2012

YOSHIYUKI, Junnosuke - L'averse

Dans L'Averse (court texte de 25 pages), Yamamura Hideo, un jeune homme (il travaille depuis trois ans seulement dans une entreprise) tente de ne pas tomber amoureux. Pour cela, fréquenter les prostituées est assez pratique, les relations, les phrases échangées relevant plus de la représentation que du sentiment. Pourtant, il va rapidement être amené à ressentir quelque chose pour une prostituée "différente" des autres.

lundi 19 novembre 2012

WALLET, Roger - Portraits d'automne

Comment s’arranger avec la vie quand on est déraciné et que la mauvaise saison s’installe. Roger Wallet signe une chronique belle et délicate.
Ce livre, aussi mince qu’une lueur, est une aubaine en ces temps d’agitation. Un charme discret, une force vive mêlée de tendresse et de désenchantement parcourent avec retenue cette centaine de pages. Ici, pourtant, rien de très ambitieux, sinon le
simple désir de raconter une histoire, qui pourrait être la nôtre, en suivant les délicats méandres, en s’abreuvant à la source chaude du souvenir. Portraits d’automne est le livre d’un destin, minuscule, ordinaire, de celui qui, arraché à ses racines, bascule dans un monde de transit. Originaire de Carcassonne, Marc Jimenez est un jeune instituteur que le mauvais sort conduit pour sa première affectation dans un petit bourg près de Beauvais.
Nous sommes au début des années soixante, l’air du temps est légèrement vicié ; comme beaucoup d’autres de sa génération,
Jimenez se retrouve jeté là « sans vraiment l’avoir souhaité, un peu par obligation, un peu parce que Quoi faire d’autre ? 
La banque ? ». Quitter ses dix-huit ans, ses coteaux, ses oliviers, un père ex-combattant de la République espagnole, pour rejoindre là-haut l’odeur entêtante des betteraves, le choc est rude, à deux doigt de la désertion ou du suicide. Il faut pourtant s’y faire. Est-ce le paysage détrempé de la Picardie, « pays de pissats », qui déforme tant les visages et « ravine le coeur » ? Est-ce plutôt l’exil qui rend cette terre si absente ? Il faut pourtant s’accommoder de ces horizons moites et angoissants aux allures de steppes, cesécoliers silencieux et laborieux, ces hommes dont « j’entendais battre leur vie sans échappée, sans voyage », ce « parler […] très nasal, jeté sur la table comme une fatigue ». Jimenez s’enfonce dans la grisaille et le gel des jours sans fin. Seul, menacé par une existence « d’habitudes et de méthodes », le jeune instituteur s’abrite comme il peut pour se réchauffer le coeur : les demoiselles de son âge que l’on rencontre devant Jules et Jim, la photographie qui maintient l’oeil en éveil et laisse les traces de sa chère Occitanie, des moments perdus au bar des Deux-Rives, mais surtout la belle Hélène Bogaert, une troublante parent d’élève à l’histoire que l’on devine compliquée. Que fait-elle là ? Une autre solitude ? La lecture de Supervielle ou de quelques poèmes de René Guy Cadou aidant, il en tombera éperdument amoureux.
Dans Portraits d’automne, tout est en demi-teinte. La mauvaise saison s’étire, laissant ses pensionnaires fourbus devant le manque de perspectives. Roger Wallet jauge le monde à ras d’homme : attentif aux choses, respectueux des êtres, il nous offre une chronique pleine de délicatesse qui donne à la nostalgie une éternelle jouvence. Sous ce ciel bas, cette atmosphère lourde et poisseuse, sous cette « monotonie fuligineuse » qui suintent, palpite le coeur de la vie. Les bruissements de l’âme, les frissonnements du corps sont rendus avec une extrême retenue, comme s’il s’agissait de respecter un fragile et mystérieux équilibre.
Avec pudeur, avec patience, sans pathos, le regard clair et acéré, Roger Wallet parvient finalement à percer l’humide gangue d’un terroir hostile, avec pour seul recours, le bonheur des mots simples. Un travail de recomposition, proche de celui des peintres, vif comme un fugitif ravissement.

mercredi 7 novembre 2012

NOSAKA, Akiyuki - La tombe des lucioles

1945, Japon, un jeune adolescent Seita sur le point de mourir se souvient des derniers mois. Le décès de sa mère, l’enfer des bombardements, son errance avec sa jeune sœur Setsuko et la mort de cette dernière.
Le thème de cette nouvelle est touchant et dur. Deux enfants qui meurent de faim et sans que personne ne les aide. La guerre fait rage et ils se retrouvent seuls à essayer de survivre. Il y a tout l’amour de Seita pour Etsuko, il s’en occupe à la manière d’une mère envers son enfant.

La tombe des lucioles est suivie d’une autre nouvelle Les algues d’Amérique : un couple Toshio et sa femme Kyôko reçoivent quelques jours un couple d’Américains les Higgins. Toshio se montre réticent au début et se remémore la présence des américaine en 1945. L’admiration de Kyôko envers les Higgins tourne au désenchantement. Un texte qui m’a laissée indifférente surtout que Monsieur Higgins s’avère être un amateur de photos de femmes nues. Et pour satisfaire son invité, Toshio l’amène dans les bars à « hôtesse ». C’est crû …

samedi 27 octobre 2012

LACKBERG, Camilla - La princesse des glaces

Erica Falck, trente-cinq ans, auteur de biographies installée dans une petite ville paisible de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre aux poignets tailladés d’une amie d’enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d’eau gelée. Impliquée malgré elle dans l’enquête (à moins qu’une certaine tendance naturelle à fouiller la vie des autres ne soit ici à l’oeuvre), Erica se convainc très vite qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Sur ce point – et sur beaucoup d’autres –, l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi, la rejoint.
A la conquête de la vérité, stimulée par un amour naissant, Erica, enquêtrice au foyer façon Desperate Housewives, plonge dans les strates d’une petite société provinciale qu’elle croyait bien connaître et découvre ses secrets, d’autant plus sombres que sera bientôt trouvé le corps d’un peintre clochard – autre mise en scène de suicide.
Au-delà d’une maîtrise évidente des règles de l’enquête et de ses rebondissements, Camilla Läckberg sait à merveille croquer des personnages complexes et – tout à fait dans la ligne de créateurs comme Simenon ou Chabrol – disséquer une petite communauté dont la surface tranquille cache des eaux bien plus troubles qu’on ne le pense.

Camilla Läckberg, née le 30 août 1974, est à ce jour l’auteur de cinq polars ayant pour héroïne Erica Falck et dont l’intrigue se situe toujours à Fjällbacka, port de pêche de la côte ouest en Suède, qui eut son heure de gloire mais désormais végète. En Suède, tous ses ouvrages se sont classés parmi les meilleures ventes de ces dernières années, au coude à coude avec Millénium de Stieg Larsson.

vendredi 19 octobre 2012

Le pavillon des jades - Anonyme (Qing)

Comédie faussement naturaliste et féerie érotisante, Le Pavillon des Jades pourrait dater du début des Qing (1644-1911).

Son auteur, toujours inconnu, y réussit le tour de force de convoquer toute une palette de situations cocasses et de personnages hauts en couleur : un homme se fait rectifier le sexe pour satisfaire les attentes de son épouse, un cocufieur perd la vie à cause de son goût pour la bagatelle, une renarde aimante échappe à la mort pour revenir se venger de son amant ingrat, un vieux marchand s'épuise à combler sa jeune épouse à la sensualité trop prononcée, sans compter un lot de servantes zélées et un maître ès choses du sexe particulièrement performant.

Plaisamment dérangeant, ce roman, où les lettrés perdent de leur superbe, orchestre un renversement des valeurs qui méritait à lui seul qu'il soit rendu à la vie.

jeudi 11 octobre 2012

GAUDE, Laurent - Ouragan

A La Nouvelle-Orléans, alors qu'une terrible tempête est annoncée, la plupart des habitants fuient la ville. Ceux qui n'ont pu partir devront subir la fureur du ciel. Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime : que reste-t-il en effet d'un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s'est dissous dans la peur ?
Seul dans sa voiture, Keanu fonce vers les quartiers dévastés, au coeur de la tourmente, en quête de Rose, qu'il a laissée derrière lui six ans plus tôt et qu'il doit retrouver pour, peut-être, donner un sens à son existence...
Dans un saisissant décor d'apocalypse, Laurent Gaudé met en scène une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent. Leurs voix montent collectivement en un ample choral qui résonne comme le cri de la ville abandonnée à son sort. Roman ambitieux à l'écriture empathique et incantatoire, Ouragan mêle la gravité de la tragédie à la douceur bienfaisante de la fable pour exalter la fidélité, la fraternité, et l'émouvante beauté de ceux qui restent debout.

dimanche 7 octobre 2012

QUIRINY, Bernard - Les assoiffées

En 1970, la Belgique est le théâtre d'une révolution d'inspiration prétendument féministe, excluant les hommes de toute vie sociale et instituant une dictature d'un nouveau genre. En France cependant, des militants des causes extrêmes considèrent ce petit enfer totalitaire comme un modèle d'égalité. Quelques-uns, parmi les plus convaincus - d'où se détache la figure drolatique de Pierre-Jean Gould, intellectuel germanopratin -, seront conviés à un premier voyage officiel dans l'Empire des femmes, dirigé d'une main de fer par les " Bergères ", Ingrid et sa fille Judith. Sur place, ils seront " promenés " dans des décors en carton-pâte dressés par les propagandistes du pouvoir. Une farce politico-touristique où le tableau ubuesque d'un régime délirant s'accompagne d'une description cocasse de mondains en liberté surveillée, persuadés de participer à un voyage historique. On suit, en parallèle, sous la forme d'un journal, l'histoire d'Astrid, une sujette anonyme, qui découvre la réalité paranoïaque du pouvoir, les privilèges des apparatchitzas et leurs caprices insensés. Dans ce récit burlesque, qui mêle le sarcasme à la gravité, Bernard Quiriny nous livre une réflexion mordante sur les excès du fanatisme et du pouvoir absolu.

mardi 25 septembre 2012

HUSTVEDT, Siri - Un été sans les hommes

Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari, Boris, neuroscientifique de renom, entretient avec une femme plus jeune qu'elle, Mia, poétesse de son état, décide de quitter New York pour se réfugier auprès de sa mère qui a, depuis la mort de son mari, pris ses quartiers dans une maison de retraite du Minnesota. En même temps que la jubilatoire résilience dont fait preuve le petit groupe de pétillantes veuves octogénaires qui entoure sa mère, Mia va découvrir la confusion des sentiments et les rivalités à l'oeuvre chez les sept adolescentes qu'elle a accepté d'initier à la poésie le temps d'un été, tout en nouant une amitié sincère avec Lola, jeune mère délaissée par un mari colérique et instable... Parcours en forme de "lecture de soi" d'une femme à un tournant de son existence et confrontée aux âges successifs de la vie à travers quelques personnages féminins inoubliables, ce roman aussi solaire que plaisamment subversif dresse le portrait attachant d'une humanité fragile mais se réinventant sans cesse.
Siri Hustvedt est la femme de Paul Auster...

jeudi 20 septembre 2012

XXI - N° 14 - Printemps 2011

  • La cavale des bonnes soeurs
  • Les vieux voleurs
  • Un rêve de vieilles dames
  • Les enfants de l’unité 33
  • Voyage dans un pays à venir
  • Le facteur de Kaboul
  • Le roi des contrebandiers
  • Une place au soleil
  • Enquête sur Sydney Rittenberg
  • Entretien avec Charles-Edouard Vincent
  • La route du kif
  • "J’avais raison d’y croire"

vendredi 14 septembre 2012

France Culture Papier - N° 1 - Printemps 2012

> TRANSVERSALES
Une sélection d’émissions avec des invités majeurs de l’actualité culturelle et politique, française et internationale.
Dans le n° 1 : Les Nouveaux Chemins de la connaissance, Continent sciences, la Fabrique de l’Histoire, Répliques, Hors-Champs, Villes-Mondes, Concordance des temps...

> THÉMATIQUES

Deux grandes thématiques d’actualité entendues sur France Culture / Un grand entretien.
Dans le n° 1 : Les révolutions arabes, avec Moncef Marzouki, Henry Laurens, Boutros Boutros-Ghali... / La réforme de la psychiatrie en France / Entretien : Jorge Semprun et Jean Lacouture.

> HIER ET AUJOURD'HUI

Une fiction originale par un auteur contemporain / Des documents et des reportages / Les archives : des entretiens et des documents exceptionnels qui ont marqué l’histoire de la radio.
Dans le n° 1 : 1954 – À Saint-Germain-des-Prés avec Juliette Gréco / 1947 – La création de l’état d’Israël, table ronde / Reportage : Les transgenres en Inde / Côté littérature : Des Papous dans la tête.

dimanche 2 septembre 2012

JONCOUR, Serge - UV

Une villa, sur une île, au plus fort de l'été.
Un jour, un inconnu surgit, il se prénomme Boris. Il vient rendre visite à Philip, son vieil ami de lycée. Seulement Philip n'est pas là. Il n'arrivera que demain, après-demain au pire, on ne sait pas. Courtois, homme avisé et sûr de lui, Boris s'installe. Rapidement. Très rapidement. Il se fond même tellement au décor qu'il s'avère vite le convive parfait, l'élément distrayant. Ravis, charmés, et même manipulés à leur insu, tous se laissent happer par son terrible pouvoir de séduction.
Seul André-Pierre a décidé de se méfier. Il n'aime pas ce genre de type, balnéaire et bronzé. Et puis, pourquoi Philip n'arrive-t-il pas ? Pour lui tout alimente l'inquiétude, jusqu'à cette canicule qui entête, qui échauffe les corps avant les esprits. Jamais il n'a fait aussi chaud, jamais la mer n'est apparue aussi désirable et haute, juste là, en bas des marches, par où Philip arrivera. Patiemment, Joncour assemble ses pièces, maîtrise le volume des cris et les sautes de calmes.

jeudi 30 août 2012

L'Impossible - N° 6 - Août 2012

aaaaaaa

FAYE, Eric - Nagasaki

« Clandestine depuis un an. Il s’étonnait de voir des aliments disparaître de sa cuisine : un quinquagénaire célibataire des quartiers sud a installé une caméra et constaté qu’une inconnue déambulait chez lui en son absence. »
Un simple fait divers dans un quotidien du matin à Nagasaki.
Tout commence par des disparitions, en effet, des déplacements d’objets.
Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. C’est un homme ordinaire, qui rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n’a pas d’odeur, sauf celle de l’ordre et de la mesure.
Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Dans ce monde contre lequel l’imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s’est produit.
Devant l’écran de son ordinateur et grâce à sa caméra, Shimura-san finit par apercevoir l’intruse. Il y a bien quelqu’un chez lui. Il a vu son profil. Il l’observe. Il attend d’être sûr. Est-ce une hallucination, un fantôme de ses échecs sentimentaux passés, une amante amère et revancharde ? Il finit par appeler la police. L’invitée est embarquée et mise en cellule.
On apprendra par les agents en charge de l’enquête et lors du jugement que cette femme à peine plus âgée que son hôte avait trouvé refuge chez lui au cours de son errance. Il partait sans fermer à clé, seule concession à sa maîtrise. On lira qu’elle aimait sentir sur sa peau le rai de lumière qui traversait la pièce l’après-midi et l’odeur des draps propres dans l’armoire qui lui servait de chambre. Tel un animal, cette femme sans passé sentait la menace, détectait le bruit des pas et bondissait se cacher, à l’abri du danger. Elle ne voulait rien de plus qu’être là, sans déranger. Elle aussi était seule.
On apprendra bien d’autres choses encore ; sur la mémoire des lieux et la mémoire tout court, dans une lettre finale que la « clandestine » adressera au maître des lieux, désertés.

lundi 27 août 2012

GOBY, Valentine - Banquises

"Vingt-sept ans d'absence. Vingt-sept anniversaires qui ont pris le dessus, année après année, sur le jour de naissance : ils n'ont plus compté l'âge écoulé de Sarah mais mesuré l'attente."
En 1982, Sarah a quitté la France pour Uummannaq au Groenland. Elle est montée dans un avion qui l’emportait vers la calotte glaciaire. C’est la dernière fois que sa famille l’a vue. Après, plus rien. Elle a disparu, corps et âme. Elle avait vingt-deux ans. Quand Lisa, vingt sept ans plus tard, se lance à la recherche de sa sœur, elle découvre un territoire dévasté et une population qui voit se réduire comme peau de chagrin son domaine de glace. Cette quête va la mener loin dans son propre cheminement identitaire, depuis l’impossibilité du deuil jusqu’à la construction de soi.
Roman sur le temps, roman sur l’attente, roman sur l’urgence et magnifique évocation d’un Grand Nord en perdition. Valentine Goby signe ici un grand livre sur la disparition d’un monde.

samedi 11 août 2012

MOIX, Yann - Podium

Pour ce quatrième roman, Yann Moix a choisi d'explorer une époque, la nôtre, où la question n'est plus, comme au temps de Hamlet, "être ou ne pas être", mais : "être célèbre ou ne pas l'être". Oui, la célébrité, le désir de célébrité sont bien les vrais sujets de ce roman insensé. L'histoire ? Celle d'un certain Bernard Frédérique, qui décide d'être célèbre en devenant un sosie de Claude François. Avec son impresario Couscous, et sa troupe de "Bernadettes", il va ainsi vivre son "identité de sosie". Cloclo est son dieu. Pourquoi n'en serait-il pas, lui, le prophète ? On pénètre alors dans l'univers des fans, des mystiques d' "Alexandrie, Alexandra", des intégristes de "Comme d'habitude", des paumés qui n'en finissent pas de revivre la "geste claudienne", avec ses vestes frangées et ses pantalons pattes d'éph... Dans ce monde bizarre —où l'on croise des sosies de Sardou, de Johnny, d'Elvis,...— personne ne sait, au fond, qui il est. On usurpe une identité pour exister un peu, entre des concerts à Euromarché et des virées sur un parking d'autoroute...

dimanche 29 juillet 2012

TANIZAKI, Junichiro - La vie secrète su seigneur Musashi

Le seigneur de Musashi passe pour vertueux. Tanizaki, transformé en historien, s'attache à rétablir la vérité qui est tout autre. Dans son enfance, le héros a assisté à une scène bouleversante : dans la salle obscure d'un château, où il est retenu comme "otage d'honneur", il surprend de jolies femmes, en train de maquiller et de classer des têtes coupées de guerriers ennemis. L'enfant remarque alors une tête particulièrement saisissante, que l'on surnomme « tête de femme », c'est-à-dire une tête dont on a arraché le nez pendant le combat. C'est le point de départ d'une hantise et d'un fantasme. Le roman raconte une vie tout entière employée à reconstruire cette image de l'enfance, et le Roman de Genji sert de toile de fond à ce récit d'une extraordinaire violence.

mercredi 25 juillet 2012

Collectif de 8 écrivains - Sortons couverts

Huit écrivains ont relevé le défi de parler plus simplement de cet objet banal et nécessaire, encombrant et indispensable, qui partage les nuits d'amour, de tendresse, les plaisirs de passage : le préservatif. Chacun donne libre cours à son imagination et en faisant du préservatif le sujet et le héros de leur variation, chacun tente de libérer le préservatif du discours médical et du discours moral dans lequel il est trop souvent enferré, en l'intégrant dans les univers de l'humour, de l'émotion, de la sensibilité, du rêve.Francis Mizio, Françoise Rey, Frédéric H.Fajardie, Vincent Ravalec, Martin Guide, Sylvie Granotier, Lucio Mad et Laurent Laurent déclinent ici un seul mot d'ordre : sortons couverts !

dimanche 22 juillet 2012

HARRIS, Joanne - Chocolat

À Lansquenet, petit village perdu quelque part en France, mis à part les sempiternels sermons du sombre Reynaud, le curé intégriste de la paroisse, il ne se passe jamais rien. Alors, quand Vianne Rocher et sa fille Anouk décident de s'y installer pour ouvrir une chocolaterie, c'est tout le village qui se met à jaser. Ce qui est assez facile : Vianne n'est pas mariée, elle ne va pas à l'église, et même, elle ose ouvrir sa boutique de délices en plein carême ! Cela fait d'elle la cible idéale pour ce pauvre Reynaud et sa troupe de grenouilles de bénitier. Mais, contre toute attente, Vianne semble très bien s'intégrer dans le village ensorcelé par ses douceurs : ç'en est trop pour ses adversaires, qui vont tout faire pour lui barrer la route, allant jusqu'à la traiter publiquement de sorcière. Mais sur ce point, peut-être n'ont-ils pas tout à fait tort...

dimanche 15 juillet 2012

PAASILINNA, Arto - Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison

L'inspecteur principal Jalmari Jyllanketo, la quarantaine sportive, est envoyé par la Sécurité nationale finlandaise dans l'ouest de la Laponie pour y enquêter sur un ancien kolkhoze reconverti en une florissante exploitation agricole spécialisée dans la culture biologique d'herbes aromatiques, de sapins de Noël et de champignons, et objet des plus folles rumeurs. L'inspecteur, promu contrôleur du ministère de l'Agriculture pour l'occasion, découvre peu à peu que les immenses champignonnières installées au fond d'une ancienne mine de fer sont en réalité un camp de travail forcé où la patronne de l'exploitation, une veuve au caractère bien trempé, séquestre de petits et gros malfrats ayant échappé aux griffes de la justice. Séduit par la philosophie de l'entreprise - et par la fille de la patronne, Sanna -, l'enquêteur s'embarque corps et âme dans cet étrange projet. Un roman drôle et haletant en forme de réflexion sur l'équité et sur les débordements de la volonté de justice.

samedi 14 juillet 2012

RICHAUD, Frédéric - La ménagerie de Versailles

Depuis que Louis XIV s'est fait construire une ménagerie non loin de son palais de Versailles, le marquis de Dunanne dort plus. Et s'il fournissait au Roi une bête féroce, au côté des pélicans et des autruches qu'admirent déjà les courtisans ? Sa gloire et sa fortune seraient faites... MaisDunan court en vain les foires du Royaume : les spécimens intéressants sont rares. Il en faudrait plus pour décourager notre homme, qui se lance alors dans une folle aventure où les fauves ne sont pas toujours ceux qu'on croit...

lundi 9 juillet 2012

SWARUP, Vikas - Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint milliardaire (Slumdog millionaire)

Quand le jeune Ram Mohammad Thomas devient le grand vainqueur de 'Qui veut gagner un milliard de roupies ?', la production soupçonne immédiatement une tricherie. Comment un serveur de dix-huit ans, pauvre et inculte, serait-il assez malin pour répondre à douze questions pernicieuses ? Accusé d'escroquerie, sommé de s'expliquer, Thomas replonge alors dans l'histoire de sa vie... Du prêtre louche, qui laisse trop volontiers venir à lui les petits enfants, à la capricieuse diva de Bollywood, du tueur à gage fou de cricket au diplomate australien espion de sa propre famille, des petits mendiants des bidonvilles de Bombay aux touristes fortunés de Taj Mahal, au fil de ces rencontres, le jeune homme va apprendre que la fortune sourit aux audacieux... Splendeur et misère de l'Inde d'aujourd' hui ou les rocambolesques aventures d'un gamin des rues qui rêve de devenir quelqu'un.

jeudi 5 juillet 2012

TSUJI, Hitonari - Dahlia

Dahlia apparaît, en premier lieu, comme l’histoire d’une famille installée dans la banlieue d’une capitale. Elle peut être japonaise, française ou tout autre chose. Le quartier où elle habite a été autrefois destiné à la bourgeoisie mais peu à peu occupé par des immigrés.
On fait d’abord la connaissance du grand-père. Il s’apprête à aller se promener comme tous les jours et croise trois amis à lui, qui lui proposent de les joindre au bridge. Il accepte l’invitation, mais doit rentrer chez lui pour demander l’autorisation à sa femme. Or, une fois chez lui, il se souvient d’être allé se recueillir sur les tombes des ses amis. C’étaient donc des visions. Puis il se tourne vers sa femme. Et il se rend compte qu’elle non plus, elle n’est plus de ce monde.
Depuis qu’elle a confié à une infirmière la tâche de s’occuper de son beau-père sa belle-fille a pris l’habitude de se promener avec son chien. Dans un parc, elle engage la conversation avec un jeune homme au teint basané. Il se nomme Dahlia. Il lui propose de venir dans son appartement et elle le suit. Dahlia se révèle brutal et sans pitié. Il ordonne la femme de se déshabiller dans le seul but de l’humilier et de mettre en évidence la laideur de son corps.
Un jour, Dahlia exige qu’elle l’invite à dîner en présence de sa famille. Contre toute attente, son mari, ses fils et sa fille éprouvent de la sympathie pour Dahlia. Le mari prend un verre en tête-à-tête dans salon avec Dahlia et lui propose de rester dormir. La fille demande à la mère de l’engager comme tuteur...
L’auteur considère ce livre comme un de ses plus importants. Il rassemble ici de façon symbolique des thèmes qui lui sont chers : la désagrégation du tissu social et familial, l’hermaphroditisme et la visite des fantômes.

samedi 30 juin 2012

TEULE, Jean - Le magasin des suicides

‘Le Magasin des suicides' : un titre pour le moins surprenant, et un slogan en quatrième de couverture également surréaliste : ‘’Vous avez raté votre vie ? Avec nous vous réussirez votre mort !’’ En tout cas on peut affirmer que Jean Teulé, lui, n'a pas raté son roman. La mort et en particulier le suicide font partie des grands tabous de notre société occidentale, mettre fin à ses jours est synonyme de péché dans les grandes religions monothéistes. Dans ce livre, point de jugement de valeur, tout est pris à la dérision. On serait tenté de penser qu'au vu du sujet, il faudrait appréhender cette histoire au second degré... mais le premier fait déjà tellement rire ! Rien n'est glauque, bien au contraire et l'on passe son temps à sourire devant les différentes énumérations de suicides possibles, de la corde tressée main au cocktail-poison du jour, en passant par la pomme au cyanure ou encore le kit avec kimono et sabre pour un hara-kiri traditionnel ! Tous ces moyens sont proposés par la célèbre maison Tuvache où l'on conseille ces "clients à la mort" depuis dix générations. Règle d'or : ne jamais dire "au revoir" mais "adieu"... Cinq personnages composent cette famille atypique : les parents, professionnels, techniciens, commerçants ; l'aîné, dépressif chronique mais extrêmement "créatif" dans sa branche ; la soeur, archétype de l'ado mal dans sa peau, et enfin le petit dernier, véritable grain de sable dans ce commerce si lugubre : lui, voit tout en rose, c'est l'éternel optimiste. Il n'aura de cesse tout au long de l'histoire, de mettre son grain de sable dans ce commerce bien huilé d'articles pour autodestructeurs en puissance. Avec une ambiance à la famille Adams, au climat digne des 'Noces funèbres' de Tim Burton, Teulé donne l’envie de passer la porte de son 'Magasin des suicides' et nous fait passer celle de nous suicider...

samedi 16 juin 2012

XXI - N° 13 - Hiver 2011

  1. Le petit tailleur de Mussoorie
  2. Routards Inn
  3. Le « chien fou » du Cambodge
  4. Divine Birmingham
  5. La couveuse de Mantes La Jolie
  6. Une jeunesse américaine
  7. Les derniers français d’Algérie
  8. Le plein pays
  9. Enquête sur Matthieu Pigasse
  10. Entretien avec Imre Kertesz
  11. Les fermiers aux pieds nus
  12. « J’ai d’abord cru à une erreur »

dimanche 3 juin 2012

HORIE, Toshiyuki - Le pavé de l'ours

Le roman de l'écrivain japonais Toshiyuki Horie est-il une variation sur la fable de La Fontaine " L'ours et l'amateur des jardins ", où l'animal lance un pavé sur la tête de son ami le jardinier pour écarter une mouche, le tuant du même coup ? Nous y rencontrons deux amis, l'un français, l'autre japonais et traducteur, au moment de leurs retrouvailles en Normandie, et nous suivons leurs discussions et interrogations au gré de leurs pérégrinations au pays du championnat de lancer de camemberts. Mais nous voyageons aussi en compagnie d'Emile Littré, de Primo Levi ou de Jorge Semprun, dans ce récit composé au " fil du pinceau ", d'une fantaisie et d'une drôlerie remarquables, où se dessinent en creux des réflexions autour de la transmission de la mémoire familiale ou de l'utilité de l'amitié. Le pavé de l'ours, livre inclassable s'il en est, nous offre un moment de grâce littéraire absolue.

mardi 29 mai 2012

DOCTOROW, E. L. - Homer et Langley

Reclus dans leur maison de la Cinquième Avenue depuis la disparition de leurs parents en 1918, deux frères aussi cultivés qu'excentriques traversent le siècle en assumant une ardente vocation d'ermites, que viennent, à leur grand dam, mettre à mal deux guerres mondiales et de perturbantes irruptions, dans leur solitude, des multiples acteurs de la comédie humaine dont New York est le théâtre - avec ses immigrants, ses prostituées, ses gangsters et autres musiciens de jazz.
Pianiste aveugle passionné de musique classique, grand amateur de femmes, Homer est à peine plus raisonnable que son frère, Langley, esprit rebelle et farfelu, friand d'objets en tout genre - pianos, grille-pain, phonographes, machines à écrire, masques à gaz - qu'il amasse par dizaines au gré de ses lubies, allant même un jour jusqu'à assembler une Ford T dans leur salle à manger.
Soucieux de découvrir, en toute chose, son expression ultime, Langley, par ailleurs, classe et archive méthodiquement la presse quotidienne dans l'obsessionnel dessein de créer un journal au numéro unique, éternellement d'actualité, où se trouverait compilée la quintessence même de la vie.
Inspiré d'une histoire vraie - celle des frères Collyer, collectionneurs compulsifs retrouvés morts en 1947, ensevelis sous des piles de journaux et de livres -, ce roman drolatique, pétri d'humanité et porté par deux personnages dont la loufoquerie le dispute à l'humour, narre, à sa façon jubilatoire, l'épopée du matérialisme et de la solitude made in Usa.

jeudi 17 mai 2012

FERRIER, Mickael - Fukushima, récit d'un désastre

« On peut très bien vivre dans des zones contaminées : c'est ce que nous assurent les partisans du nucléaire. Pas tout à fait comme avant, certes. Mais quand même. La demi-vie. Une certaine fraction des élites dirigeantes – avec la complicité ou l'indifférence des autres – est en train d'imposer, de manière si évidente qu'elle en devient aveuglante, une entreprise de domestication comme on en a rarement vu depuis l'avènement de l'humanité. »

mardi 8 mai 2012

YATES, Richard - Onze histoires de solitude

Dans ce recueil de nouvelles écrites entre 1951 et 1961, Richard Yates, auteur de La Fenêtre panoramique, nous offre onze variations finement aiguisées sur le thème de ce mal intemporel et prosaïquement universel : la solitude. Solitude de l'enfant à l'école (" Docteur Jeu de quilles "), de l'homme à l'armée (" Quand Jimmy reverra sa brune "), solitude du couple ("Tout le bonheur du monde") et aussi celle des vieillards malades (" Fini l'an 'ieux, 'ive l'an neuf "). A travers ces incarnations, se dessine également le portrait d'une époque particulière de l'Histoire des Etats-Unis: celle où le rêve américain, qui semble à la portée du plus grand nombre, s'évanouit déjà pour certains. " Ceux qui réussissent ne m'intéressent pas ", disait Yates. Même si l'auteur, d'une certaine façon, s'est efforcé de ressembler à ses modèles, il n'en a pas moins été salué par ses pairs comme un maître de la peinture de la société américaine de la seconde moitié du vingtième siècle.

dimanche 6 mai 2012

LAMPEDUSA, Giuseppe Tomasi Di - Le guépard

Le Guépard est avant tout l'histoire d'un homme, Don Fabrizio, l'imposant prince de Salina aux yeux clairs et à la toison couleur de miel, qui trouve refuge dans son observatoire pour s'élever au-dessus des querelles et converser avec les étoiles. Nous sommes en 1860,Garibaldi vient de débarquer à Palerme, le vent révolutionnaire du Risorgimento agite la Sicile. DonFabrizio voit se défaire la rigueur de l'ordre ancien et assiste impassible à la ruine de sa classe. Lucide et désenchanté, il s'incline devant la force nouvelle qu'incarne son cher neveu, l'impétueux Tancredi, et c'est avec courtoisie, non sans humour, qu'il demande pour lui la main de la belle Angelica Sedara, fille de don Calogero dont le grand-père ne savait ni lire ni écrire.

mercredi 2 mai 2012

TSUSHIMA, Yuko - Territoire de la lumière

Territoire de la lumière Territoire de la lumière, c'est le lent apprentissage de la liberté par une jeune femme que son mari vient de quitter et qui doit élever, seule, sa petite fille de trois ans. Territoire de la lumière, c'est aussi un petit appartement « aux lumières donnant sur les quatre côtés » et « au sol rouge flamboyant sous les rayons du soleil », symbole d'une indépendance douloureusement acquise. Ce texte regroupe douze nouvelles. Chacune se présente comme une chronique de la vie quotidienne. Les souvenirs - appels à une mémoire enfouie - et les rêves - errances dans l'imaginaire - donnent à ces expériences une résonance poétique.
Yûko Tsushima est née en 1947, c'est la fille du célèbre romancier Osamu Dazai.

vendredi 27 avril 2012

TOURNIER, Jacques - A l'intérieur du chien

Après la mort de Julia, Jean s'est réfugié dans une maison délabrée aux environs d'Antibes. Il y vit en reclus avec un chien rencontré sur la plage, s'obligeant à murer sa mémoire, à ne plus rien savoir des temps heureux comme des temps de deuils. L'arrivée inattendue d'Agnès va réduire ses efforts à néant. Agnès partageait la vie de Julia avant que Jean ne la rencontre. Ayant appris sa mort et, contrairement à lui, n'ayant rien oublié, elle veut en connaître les circonstances. Jean commence par la rejeter avec une violence insolente, qui est un aveu de faiblesse. Agnès le devine. C'est une musicienne. Elle parvient à le faire céder à travers des musiques qu'ils ont partagées autrefois avec Julia. S'ouvre alors une longue correspondance où Jean, redevenant lui-même, découvre que Julia est toujours présente en lui. Découvre surtout, avec étonnement, que la mémoire n'est pas une ennemie. Ces images retrouvées lui redonnent le goût de vivre. Et lorsqu'il rencontre Agnès, pour une seule nuit, dans un hôtel silencieux de Riquewihr, il est enfin en paix avec sa douleur, son passé, son amour. Une paix qu'Agnès sera incapable d'atteindre. Son deuil est trop récent. Dans la dernière lettre qu'elle adresse à Jean avant de quitter l'hôtel, elle lui laisse entendre qu'elle s'en va rejoindre Julia.

dimanche 22 avril 2012

PREVOST, Walter - Tristes banlieues

Les personnages de ce roman sont des jeunes gens __ garçons et filles d'aujourd'hui entre 16 et vingt-six ans__ issus de milieux populaires. Nous découvrons les faits et gestes, les pensées, les désirs, les dégoûts, les espoirs et le désespoir de tout ce petit monde (Olivier, Catherine mère célibataire de Christophe, Patrick et Marie, Philippe et Martine, Michel). Leslieux où se déroulent l'action, en banlieue, sont très importants : cafés, supermarchés, bus, cantines, gares, postes de police. En arrière-plan, il est question d'un détournement d'avion et d'une occupation d'usine. Le pirate de l'air sera abattu et les ouvriers grévistes seront expulsés par la police.

vendredi 20 avril 2012

SALVAYRE, Lydie - Portait de l'écrivain en animal domestique

Un milliardaire, roi de la restauration rapide à travers le monde, capitaine d'entreprise, engage une écrivain française pour l'accompagner et écrire un livre à sa gloire. Elle va ainsi pénétrer dans les arcanes du capitalisme et du libéralisme triomphants, à la fois fascinée et dégoûtée par cet homme aux allures feutrées qui se lézardent quand la vulgarité et la brutalité apparaissent par les fentes. Manoeuvres de séduction et de déstabilisation, techniques d'éviction lors d'un conseil d'administration, tout est bon à la conquête du pouvoir absolu et à sa défense. Mais un doute reste : que va-t-il rester de tout cela ? D'où le désir de postérité, à travers le livre commandé à un écrivain, et à travers un projet qui s'affirme de plus en plus : la philanthropie, le soutien aux grandes causes humanitaires. Mais la générosité feinte peut se finir en faute de goût, avec le risque que l'image en soit ternie, comme une couverture de magazine tapageuse...

mercredi 11 avril 2012

SARRAUTE, Nathalie - Tropismes

Dès 'Tropismes' (1939), qui rassemble ses premiers textes, elle s'attache aux réactions internes, imperceptibles, que suscitent les conventions sociales et langagières des autres. Salué par Sartre et Max Jacob, le manuscrit est refusé par Gallimard et Grasset, et ce n'est que quinze ans plus tard qu'il est reconnu par la critique.

dimanche 8 avril 2012

GARCIA MARQUEZ, Gabriel - Cent ans de solitude

Une épopée vaste et multiple, un mythe haut en couleur plein de rêve et de réel. Histoire à la fois minutieuse et délirante d'une dynastie : la fondation , par l'ancêtre, d'un village sud-américain isolé du reste du monde ; les grandes heures marquées parla magie et l'alchimie, ; la décadence ; le déluge et la mort des animaux. Ce roman proliférant, merveilleux et doré comme une enluminure, est à sa façon un Quichotte sud-américain : même sens de la parodie, même rage d'écrire, même fête cyclique des soleils et des mots. Cents ans de solitude, compte parmi les chefs-d'œuvre de la littérature mondiale du XXe siècle. L'auteur a obtenu le prix Nobel de littérature en 1982.

dimanche 25 mars 2012

ENARD, Mathias - Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

En débarquant à Constantinople le 13 mai 1506, Michel-Ange sait qu’il brave la puissance et la colère de Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, dont il a laissé en chantier l’édification du tombeau, à Rome. Mais comment ne pas répondre à l’invitation du sultan Bajazet qui lui propose – après avoir refusé les plans de Léonard de Vinci – de concevoir un pont sur la Corne d’Or ?
Ainsi commence ce roman, tout en frôlements historiques, qui s’empare d’un fait exact pour déployer les mystères de ce voyage.
Troublant comme la rencontre de l’homme de la Renaissance avec les beautés du monde ottoman, précis et ciselé comme une pièce d’orfèvrerie, ce portrait de l’artiste au travail est aussi une fascinante réflexion sur l’acte de créer et sur le symbole d’un geste inachevé vers l’autre rive de la civilisation.
Car à travers la chronique de ces quelques semaines oubliées de l’Histoire, Mathias Enard esquisse une géographie politique dont les hésitations sont toujours aussi sensibles cinq siècles plus tard.

vendredi 9 mars 2012

MARCEAU, Félicien - La grande fille

Parce que, ce jour-là, ils sont deux à attendre un taxi et qu'il ne s'en présente qu'un, Pierre, plutôt que de céder sa priorité, propose à Françoise de l'emmener. C'est là, dans ce mouvement de liberté, que va commencer leur amour, d'abord en cheminant le long de l'itinéraire habituel des amants, ensuite en débouchant sur un carrefour où, impatients et marquant leur différence, les attendent le désir et l'amour. Ce choix, peu commun, dit-on, mais peut-être moins rare qu'il n'y paraît, cet amour insolite, Félicien Marceau nous les fait vivre avec une allégresse, avec une malice au travers desquelles apparaît un autre visage de l'amour, un autre visage de notre vérité.

mercredi 7 mars 2012

OLAFSSON, Olafur Johann - Retour en Islande

Disa s'apprête à retourner dans son Islande natale après vingt ans d'exil en Angleterre, où elle dirige de main de maître les cuisines de sa belle auberge. Préparatifs, repas d'adieux, dernière inspection de la maison et des objets familiers, transfert en voiture, traversée en mer, chaque étape de son voyage ouvre les vannes à un flot de souvenirs que sa vie si bien ordonnée avait pu lui faire croire enfouis. Au fil de constants allers et retours dans le temps se dessinent son enfance en Islande, son apprentissage passionné de l'art culinaire, ses premières amours avec Jakob, le juif allemand qui mourra dans un camp de concentration, ses années au service d'un banquier dont le fils lui fera un enfant qu'elle sera contrainte d'abandonner à la naissance. C'est ce fils à présent adulte qui motive le voyage de Disa : se sachant condamnée par une terrible maladie, elle veut le voir avant de mourir. Dans ce roman tout en demi-teintes, le pointillisme proustien du souvenir fait fusionner passé et présent en une succession de petits instantanés du quotidien en apparence anodins, qui s'imbriquent pour composer un superbe portrait de femme.

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...