mercredi 30 décembre 2015

CLARO - Crash-test

Un employé affecté aux ?crash-tests? chez un constructeur automobile, une strip-teaseuse se jouant de ses voyeurs mâles, un adolescent qui échappe à la cellule familiale en découvrant l'auto-érotisme dans des BD pour adultes : trois personnages en quête d'un point de rupture, d'une forme d'accident, et qui tous dansent sur le fil du rasoir au centre du sanctuaire que Claro édifie ici à Eros et Thanatos.

dimanche 27 décembre 2015

MILLET, Catherine - La vie sexuelle de Catherine M.

Bien connue dans les milieux de l'art, auteur d'essais sur l'art contemporain et de monographies consacrées aux artistes d'aujourd'hui, Catherine Millet entreprend de raconter sa vie sexuelle. Avec une crudité et une clarté dont on reste confondu.Le récit ne suit aucune chronologie, la relation des événements (non datés) et la description des scènes sexuelles étant distribuées selon quatre chapitres : " le nombre ", " l'espace ", " l'espace replié " et " détails ".La Vie sexuelle de Catherine M. constitue, à coup sûr, l'un des livres les plus audacieux et les plus stupéfiants que la tradition érotique ait donnés à la littérature française.

samedi 19 décembre 2015

MEDORUA, Shun - L'âme de Kôtarô contemplait la mer

"Un jour, la rumeur s'est répandue qu'on entendait le chant d'une femme sur l'îlot-cimetière. L'endroit suscitait régulièrement ce genre d'histoires..."
Dans ces six nouvelles, la légende est comme un recours face à l'étrangeté parfois monstrueuse du monde. Ainsi les sanctuaires des forêts sacrées vibrent des danses et des invocations des prêtresses kaminchu, simples paysannes frappées du don de double vue. L'enfant rêveur voit sans effroi ce que les autres ignorent, car les âmes des disparus n'apparaissent qu'aux coeurs simples. Et les esprits qui circulent autour de nous deviennent très loquaces dès qu'un vivant les distingue. L'univers de Medoruma Shun tient son pouvoir d'envoûtement de la synthèse lumineuse entre son enfance dans le très singulier Japon d'Okinawa et un fonds de traditions et de croyances toujours vivaces.


Kôtarô est un père de famille sans histoire, pêcheur dans un petit port de l’île d’Okinawa, au sud de l’archipel du Japon. Un jour funeste, il sombre dans un mystérieux coma. Son âme s’échappe alors de son corps, descend sur la plage et reste là, à contempler la mer. Une vieille grand-mère du village la rejoint chaque soir, s’assoit à ses côtés sur le sable et la supplie de réintégrer le corps de Kôtarô, car ses deux jeunes enfants attendent qu’il se réveille. Mais l’âme de Kôtarô préfère contempler la mer. Ailleurs, dans un autre village, l’âme d’une petite fille morte trente ans plus tôt va chaque fin d’après-midi s’asseoir sous les saules au bord de la rivière, pour regarder les enfants qui jouent. Elle regrette tellement de n’avoir pas eu le temps de fréquenter l’école…

Plusieurs émouvants fantômes peuplent ainsi ce beau recueil de nouvelles, signées de Medoruma Shun, qu’on se gardera pourtant de ranger dans la catégorie des auteurs de littérature fantastique. En effet, comme souvent chez les écrivains japonais l’irrationnel côtoie naturellement la réalité. Ici, les âmes qui se promènent à la nuit tombée font partie de la vie des villageois et ne constituent d’ailleurs pas le sujet principal des nouvelles. Ce sont surtout ses souvenirs d’enfance que nous raconte Shun. Le personnage principal de la plupart de ses courts textes est un petit garçon qui découvre jour à près jour à la fois son propre corps, les secrets de sa famille, la violence ou l’injustice du monde. Avec pudeur et beaucoup de justesse, Shun décrit par exemple le trouble que ressent ce petit garçon pour un camarade de classe, très gentil et timide, un peu différent des autres. En toile de fond se profile Okinawa, que l’on découvre à travers la description de petits paysans qui ont survécu tant bien que mal aux horreurs de la guerre et aux bombardements. Cet encrage géographique est un des points importants du travail de Shun. Il a lui-même grandi à Okinawa et dans ses textes transparaît le climat subtropical, les étés à la chaleur étouffante qui caractérisent cette île. Insensiblement, il rappelle par petites touches l’histoire particulière de ce lieu stratégique qui, après la guerre, a continué a être administré par les Américains, avant d’être finalement rétrocédé au Japon en 1972. Medoruma Shun ne nous fait pas un cours d’histoire, mais d’une nouvelle à l’autre il se souvient des routes que les Américains construisent, des jeeps qui débarquent dans des petits villages et sèment la panique. Il se souvient des combats de boxes clandestins que les GI organisent dans des arrière-cours minables, et raconte l’étonnement des petits garçons du village qui viennent les observer en cachette. Une sourde mélancolie baigne ce recueil à l’évocation de ce temps passé, ces petites gens qui menaient une vie tranquille sur Okinawa, et dont l’existence a soudain été bouleversée par la guerre, les bombardements et toute une modernité qu’ils n’avaient pas choisie. Aujourd’hui, le village a bien changé et personne ne songerait plus à aller pêcher au bord de la rivière : elle est bien trop polluée.

lundi 14 décembre 2015

PALAHNIUK, Chuck - Snuff

Quand l'auteur de Fight Club s'attaque à l'obsession de notre société pour la pornographie. 
Cassie Wright, star du porno sur le retour, a décidé de terminer sa carrière sur un coup d'éclat : se faire prendre devant les caméras par six cents hommes au cours d'une seule nuit. Dans les coulisses, les heureux élus attendent patiemment leur tour. Parmi eux les numéros 72, 137 et 600 font part de leurs impressions. Mais, entre fausses identités, désirs de vengeance et pulsions homicides, la nuit ne va pas du tout se dérouler comme prévu.

Plus trash, subversif et sauvage que jamais, Chuck Palahniuk réussit l'exploit de nous offrir un roman à suspense se déroulant entièrement pendant un gang-bang. Il poursuit au passage son exploration de la face obscure des sociétés bien-pensantes, sous l'angle, cette fois, de la pornographie.

Chuck Palahniuk est né en 1962. Il est l'auteur de neuf romans, parmi lesquels Fight Club (Gallimard, 1999), Monstres invisibles (Gallimard, 2003), Choke(Denoël, 2002) et Berceuse (Gallimard, 2004).

mardi 8 décembre 2015

LOI, Fabrice - Pirates

Tony Palacio, forain, trompettiste de jazz, quitte la loterie familiale et monte à Marseille. Entre survie et petits trafics, il y rencontre Max Opale, un ancien militaire devenu expert en balistique. Tour à tour ami, mentor et rival, Max Opale initie Tony à la violence dans une enquête liée aux pirates de Somalie. Et avec Awa, femme d'Opale et soprano sud-africaine, Tony Palacio vivra un singulier duo... Plus encore : Awa lui apprendra que tous les mondes ne se valent pas.
Au-delà du destin tragique de Tony, homme libre, Pirates dessine un portrait de Marseille, ville splendide, tendre et brisée, et des infortunés d'ici et d'ailleurs. C'est aussi le récit d'un mystère africain, et des conflits contemporains, aux guerres fragmentées qui prospèrent sur l'oubli et le mensonge. Un roman sur nos idéaux, et sur les liens qui unissent musique, poésie et politique.

samedi 5 décembre 2015

MENARD, Pierre - Comment paraitre intelligent

Longtemps l'intelligence n'a été qu'un luxe, voire un vice. Mais la libéralisation de l'économie, la mise en place d'une méritocratie et l'extension de l'enseignement ont renversé la donne. Ce qui ne servait autrefois qu'à une petite élite pour briller dans des salons est devenu une impérative nécessité. De nos premiers pas à nos derniers soupirs, on nous trie, on nous classe, on nous évalue, établissant une dictature de l'intelligence. Que faire, alors, lorsque l'on n'a pas la chance d'être un génie ? Nous pouvons nous y résigner et déclarer sans honte que " les gens pauvres ne sont pas nécessairement des tueurs " (G. W. Bush), que " la routourne va vite tourner " (F. Ribéry) ou que notre maison est orientée plein sud selon les moments de la journée. Mais ce n'est peut-être pas la meilleure solution. À défaut de devenir intelligents, donnons l'illusion que nous le sommes ! Voici donc un guide érudit et humoristique, qui, de Jules César à Pierre Desproges en passant par Napoléon, Balzac, Proust, Dali, Coluche ou Guitry, vous révèle tous les secrets vous permettant de paraître, à votre tour, aussi génial que si vous l'étiez vraiment.

mercredi 2 décembre 2015

PARKER, Graham - Pêche à la carpe sous Valium

Brian Porker voudrait être une rock star. De sa jeunesse rythmée par les bastons, la musique et les flirts, il ne reste qu'une vie monotone, à peine troublée par les disputes avec sa femme et les soûleries au pub du coin... Un jour, Brian ressort sa vieille basse. C'est le début d'un délire radicalement rock'n'roll, qui le conduira sur scène pour remplacer le défunt Mick Jagger au sein des Rolling Stones!

samedi 28 novembre 2015

ULHMAN, Fred - L'ami retrouvé

Agé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescence. 

C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans, qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.

vendredi 27 novembre 2015

MIYAMOTO, Teru - Le brocard

Le Brocart est un roman épistolaire. Par le plus grand des hasards un homme et une femme autrefois mariés, puis séparés, se sont revus. En l'espace d'un an, ils vont tisser et retisser leur histoire d'amour dans une correspondance faite de confessions, de volte-face, de mensonges, d'enthousiasme. 
Mais le passé, le présent, l'avenir se rejoignent et leurs lettres nouent entre eux un nouveau destin. Ce roman surprenant de délicatesse est l'histoire de la vie d'un homme et d'une femme s'exposant au vent qui souffle vers l'avenir.

Le roman épistolaire est depuis le 20ème siècle malheureusement complètement tombé en désuétude. Il avait au moins le mérite d’obliger l’écrivain à se forcer à écrire d’une manière très spécifique ce qui dans la plupart des cas donnait une prose excessivement travaillée ou pas une seule virgule n’était laissée au hasard. En cette fin du 20ème et début du 21ème siècle, avec l’avènement du courriel et autres formes insipides de courrier, la littérature s’est complètement éloignée de cet art majeur de la littérature. Il y eut bien une tentative de David Lodge avec « Pensées secrètes » en 2000, où il tenta d’incorporer à sa narration le maudit courriel, mais cette tentative n’aboutit qu’au fait que ce genre d’écriture était des plus minables.
Dans « Le brocart » de MIYAMOTO Teru écrit en 1982, on peut parler de réelle résurrection du genre. En effet, il nous offre ici un roman d’une écriture frôlant (si ce n’est touchant) la pureté d’écriture qui nous manque trop souvent.
La première chose qui nous frappe dans cet échange de lettres entre deux anciens amants, est l’utilisation du vouvoiement et non du tutoiement, chose assez incompréhensible pour les francophones. Ce choix du « vous » a certainement du être difficile pour le traducteur, car le mot employé par MIYAMOTO est : « anata », ce qui signifie « tu » ou « toi ». Mais « anata » est plutôt entre le « vous » et le « tu ». Et si au début ce choix de traduction nous paraît étrange, au bout du compte, on se rend compte qu’il est au contraire très judicieux. En effet, les deux anciens mariés veulent absolument garder leurs distances car ils pressentent qu’un rapport trop étroit (quel qu’il soit) pourrait leur être irrémédiablement néfaste.
L’histoire est donc celle de deux amants divorcés (YASUAKI Arima et KATSUNUMA Aki) qui après dix ans sans s’être revus se croisent un beau jour par hasard et se retrouvent sans trop s’en rendre compte à s’écrire mutuellement de très longues lettres ayant pour but de comprendre ce qui leur est arrivé dix ans auparavant et ce qui les a poussé à divorcer d’un commun accord.
C’est en effet il y a dix ans que YASUAKI s’est retrouvé impliqué dans un double suicide avec sa maîtresse du moment. Elle réussira à se donner la mort mais lui ne succombera pas aux coups portés par l’instigatrice de ce voyage sans retour. Mais ayant vu la mort de si près, YASUAKI ne verra plus jamais la vie de la même manière et tentera comme il peut de survivre à coups de conquêtes toutes plus inutiles les unes que les autres.

Ce roman vaut donc tout le respect du monde littéraire de part sa forme qui est un exemple de fluidité et d’étonnante simplicité recherchée, et de part son fond qui réussit à nous montrer très clairement l’état psychologique des deux protagonistes de cette histoire d’amour et de respect hors du commun.

samedi 21 novembre 2015

De RICHEMONT, Blanche - Pourquoi pas le silence

Chronique des états d âme fugitifs de la montée vers l âge adulte, 
Pourquoi pas le silence fixe le moment de toutes les métamorphoses.

Qu est-ce qu aimer ? Qu est-ce que vivre ? Qu est-ce que devenir adulte ? Autant de questions infinies qui se présentent à Paul, quinze ans, et auxquelles il aimerait trouver des réponses. Des questions se bousculent, mais aucune réponse n apparaît satisfaisante, ni suffisante, dans sa volonté d absolu ; une volonté contrariée par tout ce qu il découvre des attentes de son entourage, de ses propres impasses, et ce sentiment, contre lequel il lutte, de « non-adhérence » au monde. Il nage à contre-courant et à trop vouloir paraître et sourire, le courant l emporte. Sa famille le sent : elle ne sait comment l aider. Jusqu au bout, ils lui tendront une main, qu au dernier moment il ne parviendra plus à attraper.

Écrit d une plume sensible, un roman qui ne pèse jamais, malgré l ombre profilée à la fin du suicide du narrateur. Ce qui frappe dans l écriture de Blanche de Richemont, outre le fait qu elle recrée une ambiance que chacun a pu traverser à un moment ou à un autre de sa vie, c est qu elle est dénuée de pathos, toujours vive et rapide. La signification du livre n apparaît qu à la fin, de manière rétrospective, pour lui donner un nouvel éclairage : celui du « soleil noir de la mélancolie ».

vendredi 20 novembre 2015

TEULE, Jean - Mangez-le si vous voulez

Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. Il arrive à destination à quatorze heures. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé. Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie en quelques minutes par une frénésie aussi barbare ? Ce calvaire raconté étape par étape constitue l'une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIX e siècle en France.

jeudi 19 novembre 2015

COE, Jonathan - Testament à l'anglaise

Tabitha Winshaw a 81 ans et elle est folle. 

Démence sénile? Pas du tout. Elle a perdu l'esprit un soir de l'hiver 1942 quand son frère préféré, Godfrey, a été abattu par la DCA allemande au-dessus de Berlin. Le chagrin alors? Ce n'est pas cela non plus. 

Elle est persuadée que la mort de Godfrey a été commanditée par son frère aîné, Lawrence, qu'elle déteste.

Une folle dans la famille, l'aristocratie britannique en a vu d'autres. Mais voilà que Tabitha se mêle de commander à Michael Owen, un jeune homme dépressif, une histoire de la dynastie des Winshaw qui occupe tous les postes-clés dans l'Angleterre des années quatre-vingt. 

Il y a du jeu de massacre dans l'air d'autant que Tabitha n'est peut-être pas aussi folle qu'il y paraît. 

Cette cinglante satire de l'establishment, passionnante comme un polar et teintée d'un humour très british, quatrième roman d'un critique littéraire né en 1961, a valu à Jonathan Coe une renommée internationale et a obtenu en France le prix Femina étranger en 1995.--Gérard Meudal--

mercredi 11 novembre 2015

DAVIDSON, Craig - De rouille et d'os

Le nouveau film de Jacques Audiard, adaptation de 2 nouvelles de Craig Davidson, sortira le 17 mai 2012 et fera partie de la sélection officielle du 65ème festival de Cannes, avec dans les rôles principaux : Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts (révélé dans le récent Bullhead), Céline Sallette et Bouli Lanners.

Dans la lignée d écrivains comme Chuck Palahniuk et Thom Jones, Craig Davidson aime prendre des risques. A la dureté de son univers, il allie l émotion et la compassion qu il manifeste envers ses personnages dont il sonde les corps, les âmes et les c urs avec une redoutable efficacité. Son écriture, viscérale et percutante, s empare littéralement du lecteur pour ne plus le lâcher.
Ces formidables nouvelles sont les meilleures que j ai lues depuis bien longtemps. Il y a là matière à une douzaine de romans... Croyez-moi, vous n avez jamais rien lu de tel. 
Bret Easton Ellis

vendredi 6 novembre 2015

TESSON, Sylvain - L'éternel retour

En Sibérie, dans le Dorset anglais ou au coeur des montagnes de Géorgie, les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances : les héros de ces nouvelles ne devraient jamais l'oublier. Cinq nouvelles, cinq gifles étourdissantes et toniques, cinq invitations à méditer sur l'homme et la nature.
L'asphalte
Les porcs
Le lac
L'ile
Le phare

jeudi 5 novembre 2015

RAVALEC, Vincent - Treize contes étranges

Par l'auteur d'Un pur moment de rock'nroll, treize " contes étranges " sur la beauté du TGV, un pickpocket surnommé Carte Orange (à cause de sa prédilection pour le métro) qui perd mystérieusement un doigt, une star de cinéma et sa fille qui donnent dans leur appartement du Marais un bain à un clochard... 
Treize nouvelles où se côtoient le désir, le quotidien et le merveilleux.

lundi 2 novembre 2015

SHIMAZAKI, Aki - Wasurenagusa

Après un premier mariage raté, Kenji Takahashi découvre qu'il est stérile. Accablé, il quitte la maison familiale. Seule compte encore pour lui sa nurse, Sono. Lorsqu'il fait la connaissance de Mariko, qui vit seule avec son fils Yukio, il en tombe amoureux et l'épouse contre l'avis de ses parents, qui le déshéritent. Quarante-six ans plus tard, retraité et affaibli, il recherche les traces de Sono. Au moment où il retrouve sa tombe, sur laquelle est inscrit le nom de la fleur de myosotis (wasurenagusa), il découvre le secret de ses origines et le malheur qui a frappé ses parents.

dimanche 1 novembre 2015

SHIMAZAKI, Aki - Tsubame

En 1923, pour échapper aux violences japonaises, une jeune Coréenne est cachée sous un nom japonais et confiée au prêtre Tsubame. L'histoire de son impossible réconciliation avec elle-même est l'occasion d'une réflexion sur l'identité perdue.

vendredi 30 octobre 2015

SHIMAZAKI, Aki - Hamaguri

Deux petits enfants de Tokyo, Yukio et Yukiko, scellent un pacte de fidélité en inscrivant leurs noms à l'intérieur d'une palourde, comme un serment d'amour éternel. Devenus adolescents, ils se retrouvent à Nagasaki sans se reconnaître ; les sentiments qui les habitent désormais, qui les troublent profondément, leur seraient-ils interdits ? Aux dernières heures de sa vie, la mère de Yukio cherchera à ouvrir les yeux de son fils en lui remettant ce coquillage sorti du tiroir de l'oubli.

mercredi 28 octobre 2015

SHIMAZAKI, Aki - Tsubaki

Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko, une survivante de la bombe atomique, évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d'abord à Tokyo puis à Nagasaki. Elle reconstitue le puzzle d'une vie familiale marquée par les mensonges d'un père qui l'ont poussée à commettre un meurtre. Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n'échappe à son destin.

samedi 24 octobre 2015

HELIOT, Johan - Involution

L'AMAS - pour Anomalie Magnétique de l'Atlantique Sud - préoccupe les scientifiques du monde entier : si ce qu'enregistrent les instruments de mesure est avéré, on a peut-être affaire à un phénomène géophysique d'une ampleur inégalée depuis l'extinction des dinosaures. Les villes du continent sud-américain sont les premières à en percevoir les effets : à Sao Paulo, tous les appareils de communication commencent à se dérégler. Pas de chance pour Vincent, un Français qui vient juste d'être embauché par Globo, le nouveau géant brésilien de l'Internat mondialisé; ni pour Chloé, son ex, venue avant lui au Brésil pour fuir leur relation moribonde. C'est même encore pire pour la jeune femme : responsable du projet de forage pétrolier le plus ambitieux jamais conçu, elle se trouve aux premières loges pour assister à l'apocalypse...

dimanche 18 octobre 2015

HAENEL, Yannick - Jan Karski

Jan Karski est un messager de la résistance polonaise. En 1942, il entre dans le ghetto de Varsovie, puis essaie d'alerter le monde sur le sort de la Pologne et l'extermination des Juifs d'Europe. Pourquoi Jan Karski n'a-t-il pas été écouté ? Que s'est-il passé, à Washington, en 1943, lors de son entretien avec le président Roosevelt ? Qu'est-ce que Jan Karski veut dire lorsqu'il déclare : " Je suis un catholique juif " ? Ce livre, avec les moyens du documentaire, puis de la fiction, interroge le destin de cet homme exceptionnel, dont l'existence modifie l'histoire du XXe siècle.

vendredi 16 octobre 2015

TEULE, Jean - Je, François Villon

Il est peut-être né le jour de la mort de Jeanne d'Arc. On a pendu son père et supplicié sa mère. Il a étudié à l'université de Paris. Il a joui, menti, volé dès son plus jeune âge. Il a fréquenté les miséreux et les nantis, les curés, les assassins, les poètes et les rois. Aucun sentiment humain ne lui était étranger. Des plus sublimes aux plus atroces, il a commis tous les actes qu'un homme peut commettre. Il a traversé comme un météore trente années de l'histoire de son temps. Il a ouvert cette voie somptueuse qu'emprunteront à sa suite tous les autres poètes : l'absolue liberté. Après Rimbaud et Verlaine, Jean Teulé ne pouvait mieux clore son voyage en Poésie qu'en endossant avec orgueil et humilité les haillons magnifiques de François Villon. Cet ouvrage a reçu le prix du récit biographique

vendredi 9 octobre 2015

CAMUS, Albert - L'étranger

«Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français...»

dimanche 4 octobre 2015

HAMON, Jérome - T'as vu le monsieur ?

"Aux gens qui, pour m'avoir vu avant et après la greffe, me disent:'C'est le jour et la nuit', je réponds:''C'est la nuit et le jour plutôt'.
La greffe m'a sorti d'une longue nuit où m'avaient enseveli les déformations, les regards et les moqueries, une nuit de trente-cinq ans dont je ne voyais pas la fin.
Depuis l'opération, je vis de ce jour que je n'espérais plus. Anonyme dans la foule, je ne suis plus celui qu'on dévisage avec effroi et cruauté. Je suis un homme parmi les hommes et je marche sans peur vers celui qui approche et va bientôt me croiser, son regard glissant, sans plus, sur mon visage. Je suis tout simplement un homme heureux."

Premier greffé total du visage en juin 2010, Jérôme Hamon, l'année de ses quarante ans, raconte sa vie d'avant, marquée par les assauts de la maladie de von Recklinghausen, mais aussi sa volonté de vivre désormais comme tout le monde, ses expoirs et la façon dont il s'est approprié son nouveau visage.

Jérôme Hamon nous livre le récit saisissant d'une expérience hors du commun et porte un regard sans complaisance sur notre société de l'image et de l'apparence.

jeudi 24 septembre 2015

IRVING, Washington - Les déterreurs de trésors

Des rivages de Manhattan aux côtes de Long Island, la rumeur va bon train : et si la région regorgeait de trésors ? Enfouis par le capitaine Kidd et ses pirates à la fin du XVIIe siècle, ils attendent leur inventeur, avec le diable en embuscade. Quatrième et dernière partie des Contes d’un voyageur (1824), « Les déterreurs de trésors » met en scène, au fil de cinq récits enchâssés, les aventures burlesques de personnages en quête d’improbables richesses. Loin des pieuses légendes sur les ancêtres puritains, ce contre-récit des origines de New York nous fait remonter à la protohistoire du capitalisme en Amérique.

Connu pour l’histoire de Rip van Winkle et la légende de Sleepy Hollow (1819-1820), Washington IRVING (1783-1859) fut le premier écrivain américain à jouir d’une renommée internationale. Mais cet observateur acerbe des mœurs démocratiques et mercantiles de son temps est aussi l’auteur d’une histoire satirique de New York (1809) ainsi que de nombreux recueils de contes et esquisses où le charme désuet d’un âge d’or cède le pas au matérialisme effréné qui déjà saisit la jeune nation.

samedi 19 septembre 2015

D'ORMESSON, Jean - Casimir mène la grande vie

Mon grand-père aimait le passé.
Moi, j'étais comme tout le monde: je préférais les filles, et les baiser. Je ne pensais à rien d'autre. Je venais d'avoir seize ans. J'étais en terminale. Je préparais le bac. L'école m'ennuyait à périr. Et la vie encore plus. Je détestais le lycée, les lundis, la roulette russe des examens et, plus tard, des concours, la sombre noria des jours. Je détestais plus encore le monde autour de moi et la vie devant moi.
Le monde me cassait les pieds, la vie me faisait peur.
L'avenir avait l'allure d'un éternel lundi, d'un bac sans cesse recommencé. De temps en temps, à la maison, un imbécile bénévole me demandait ce que je voulais faire lorsque je serais grand. J'étais déjà assez grand: j'avais un mètre quatre-vingt-neuf. Je le regardais avec fureur. Ce que je voulais faire ? Rien du tout, tête de lard. J'avais plutôt envie de mourir.

jeudi 17 septembre 2015

COE, Jonathan - La vie très privée de Mr Sim

Maxwell Sim est un loser de quarante-huit ans. Voué à l’échec dès sa naissance (qui ne fut pas désirée), poursuivi par l’échec à l’âge adulte (sa femme le quitte, sa fille rit doucement de lui), il s’accepte tel qu’il est et trouve même certaine satisfaction à son état. Mais voilà qu’une proposition inattendue lui fait traverser l’Angleterre au volant d’une Toyota hybride, nantie d’un GPS à la voix bouleversante dont, à force de solitude, il va tomber amoureux. Son équipée de commis-voyageur, représentant en brosses à dents dernier cri, le ramène parmi les paysages et les visages de son enfance, notamment auprès de son père sur lequel il fait d’étranges découvertes : le roman est aussi un jeu de piste relancé par la réapparition de lettres, journaux, manuscrits qui introduisent autant d’éléments nouveaux à verser au dossier du passé. Et toujours Max pense à la femme chinoise et à sa fille, aperçues dans un restaurant en Australie, dont l’entente et le bonheur d’être ensemble l’ont tant fasciné. Va-t-il les retrouver? Et pour quelle nouvelle aventure? Brouillant joyeusement les cartes de la vérité et de l’imposture, Coe l’illusionniste se réserve le dernier mot de l’histoire, qui ne manquera pas de nous surprendre. 
Plus d’une génération va se reconnaître dans ce roman qui nous enchante avec un humour tout britannique, bien préférable au désespoir.

jeudi 10 septembre 2015

KOURKOV, Andreï - Les pingouins n'ont jamais froid

Victor, de retour d'Antarctique, n'a qu'une idée en tête : retrouver son pingouin Micha, qui a atterri dans le zoo personnel d'un richissime Moscovite. Victor parcourt l'Ukraine et la Russie et s'aventure jusque dans les plus sombres recoins de la Tchétchénie.En funambule virtuose, Kourkov sillonne le gouffre qui sépare le rire du drame avec une aisance incomparable.

samedi 29 août 2015

DUBOIS, Jean-Paul - Kennedy et moi

S'il achète un revolver, rend visite à l'amant de sa femme, et finit par mordre sauvagement son dentiste, c'est que Samuel Polaris va mal. Très mal. A moins que les autres, les gens "normaux" - avec leurs plans de carrière, leurs adultères, leur incompétence arrogante - n'aient basculé dans une sorte de folie collective. 
Allez savoir. Parce qu'il n'a pas le choix, parce qu'il est amoureux de sa femme et qu'il refuse de se résigner au pire, Samuel Polaris décide de reconquérir sa dignité.
Même s'il doit, pour cela, voler à son psychiatre la montre que portait Kennedy le jour où il a été assassiné.
Nerveux, caustique, érotique, Kennedy et moi est le miroir où vient se refléter la "contre-vie" contemporaine.

vendredi 28 août 2015

OATES, Joyce Carol - Fleur vénéneuse

Terence Greene est un quadragénaire à qui tout semble avoir réussi. Mari modèle et père de famille aimant, il dirige grâce à sa belle-famille une importante fondation philanthropique.
Sa vie est bouleversée le jour où il est nommé juré lors d’un procès et qu’il croise la route de la belle et exotique Ava-Rose Renfrew, venue témoigner contre un homme accusé de l’avoir violemment agressée.
Sous le charme, il convainc les autres jurés de rendre un verdict en sa faveur, malgré de très nombreuses zones d’ombre.
Une fois le procès terminé, Terence entame une liaison avec Ava-Rose. Liaison qui se révélera dévastatrice… Terence comprendra – mais un peu tard – qu’il a butiné une fleur vénéneuse…
Première édition : Double délice (Belfond, 2000)

dimanche 16 août 2015

HOLT, Jim - Petite philosophie des blagues et autres facéties

Les blagues sont le fruit d'une ingéniosité humaine qui, au plus tendu et au plus épuré, confine à l'art.

samedi 15 août 2015

HORIE, Toshiyuki - Le marais des neiges

Un bowling doit fermer ses portes après vingt ans d'existence difficile, et le dernier jour ne fait pas exception à la règle : aucun client à l'horizon. Mais un peu après neuf heures du soir, un couple se présente, et le propriétaire décide de leur offrir la partie. En les regardant jouer, il se perd dans ses souvenirs, Monsieur Super, la foule qui se pressait au bord des pistes, sa femme, morte depuis quelques années déjà... 
Tout comme cette première nouvelle, les six autres récits du recueil se situent autour d'une petite station de montagne, et évoquent l'existence tranquille de ses habitants. Une école de cuisine, une usine d'emballages en carton, un magasin de disques ou un cours privé de calligraphie sont autant de lieux dans lesquels évoluent ces vies apparemment sans histoires, qui dissimulent leurs drames secrets. 
Toshiyuki Horie excelle à dépeindre la petite communauté humaine de cette ville un peu démodée, à l'écart de l'agitation du Japon moderne. L'importance que ses récits accordent au détail et la subtilité avec laquelle il scrute les regrets ou les doutes de ses personnages confèrent une tonalité mélancolique et une grande harmonie à l'ensemble. D'une touche, toutes les nouvelles s'interconnectent et donnent ainsi vie à cette cité nommée le Marais des Neiges.

lundi 3 août 2015

BROCAS, Alexis - La vie de jardin

Elle s'appelle Estelle, Marie-Laure, Florence ou Solenne. Un jour, elle quitte Paris pour une maison avec jardin. Pour une banlieue près des flux d'argent, loin du bruit des pompes : l'endroit idéal pour élever des enfants. Il s'appelle Aymeric, Benoît, Flavien ou Pierre. Son quotidien : branlettes, brimades, quatre cents coups, amitiés éternelles. Au pensionnat, qu'a-t-il à faire des rêves de sa mère ? Il est financier, avocat, agent immobilier ou chercheur. Tard le soir, il construit le monde de demain. Et si ce devait être notre monde ? Alexis Brocas nous offre le récit d'une riche banlieue pavillonnaire : un roman d'une ambition folle, la peinture d'une époque. A suivre sur trente ans, la vie de dizaines de personnages. La subtilité de l'analyse sociologique rejoint le plaisir de raconter une histoire.

vendredi 31 juillet 2015

ORSENNA, Erik - L'entreprise des Indes

Le 13 août 1496, au large du Portugal, le bateau que commande Christophe Colomb fait naufrage.
Le futur amiral vient d avoir vingt-cinq ans. Par miracle, il réussit à regagner la côte et trouve refuge à Lisbonne auprès de son frère cadet, Bartolomé. Lequel exerce la profession de cartographe.
Depuis le début de ce xve siècle, le monde s ouvre. Et le Portugal est le moteur principal de cette ouverture. La Renaissance commence par des expéditions lointaines. Sous l impulsion d Henri le navigateur, des caravelles partent chaque mois pour aller explorer les côtes de l Afrique. À Lisbonne, capitale du savoir, se retrouvent toutes les corporations de la découverte : mathématiciens savants du ciel, cosmographes, géographes, constructeurs de bateaux et des outils de navigation... cartographes.
Huit années durant, les deux frères vont travailler ensemble et préparer le voyage auquel Christophe songe depuis l adolescence : c est l Entreprise des Indes, gagner Cipango (le Japon) et l empire du Grand Khan (la Chine). Mais au lieu de la route habituelle, celle de la soie, vers l est, on affrontera l océan, plein ouest.
En 1484, leur projet sera rejeté par le Comité des Sages qui conseille le Roi Jean II. C est la raison pour laquelle Christophe ira tenter sa chance auprès des monarques espagnols, Isabelle et Ferdinand.
Un maître cartographe, un rhinocéros, un fabricant de veuves, une maîtresse d école pour les oiseaux, une bécassine, une prostituée réputée principalement pour la qualité de ses oreilles, Marco Polo, quelques Dominicains, des chiens dévoreurs d Indiens, tels sont quelques-uns des personnages secondaires de ce récit.

J ai voulu m attacher à cette période peu connue de l histoire de la curiosité humaine. Ce moment où naît une nouvelle liberté en même temps que se développe l Inquisition et que les Juifs sont chassés. Ces années où se conçoit peu à peu l unité de la planète, préalable à la première mondialisation, qui ne va plus tarder.
Pour ce faire, j ai osé donner la parole au jeune frère, Bartolomé. C est lui qui parle, c est lui qui raconte : il est complice, et premier témoin de l Entreprise depuis ses tout débuts. C est aussi lui qui s interroge : pourquoi, et comment, cette belle passion de la Découverte s est-elle changée en génocide des Indiens ? À quoi sert de découvrir si l on tue ce et ceux que l on découvre ? »

mardi 21 juillet 2015

SEPULVEDA, Luis - Le monde du bout du monde

Un garçon de seize ans lit Moby Dick et part chasser la baleine. Un baleinier industriel japonais fait un étrange naufrage à l'extrême sud de la Patagonie. Un journaliste chilien exilé à Hambourg mène l'enquête et ce retour sur les lieux de son adolescence lui fait rencontrer des personnages simples et hors du commun, tous amoureux de l'Antarctique et de ses paysages sauvages. Il nous entraîne derrière l'inoubliable capitaine Nilssen, fils d'un marin danois et d'une Indienne Ona, parmi les récifs du Cap Horn, sur une mer hantée par les légendes des pirates et des Indiens disparus, vers des baleines redevenues mythiques.

dimanche 19 juillet 2015

CLAUDEL, Philippe - Les âmes grises

Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917. 

C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.

Qui a tué Belle de Jour? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.

Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes. 

La frontière entre le Bien et le Mal est au cœur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne.

mercredi 15 juillet 2015

JAHNN, Hans Henny - Le navire de bois

Pour complaire à sa fiancée, la fille d’un capitaine de marine, Gustav décide à l’improviste de l’accompagner dans un voyage sur un étrange navire de bois, véritable labyrinthe, transportant une cargaison mystérieuse vers une destination inconnue. Seule femme à bord, Ellena devient l’objet des fantasmes de tous les hommes. Un jour, elle a disparu ; en tentant de la retrouver, Gustav provoque involontairement le naufrage du navire.

À la fois roman de haute mer, de la veine des Melville et Conrad, mettant l’homme aux prises avec les éléments, et intrigue policière, comme Le Procès de Kafka, ce récit allie un réalisme intense à un univers intérieur et symbolique : le mystère ou l’absurdité de l’existence, la solitude des êtres, leur obscure culpabilité.

mercredi 8 juillet 2015

ROB SMITH, Tom - La ferme

Enfant unique, élevé dans une famille soudée, entre un père britannique et une mère suédoise, Daniel, 29 ans, n'a jamais douté de l'équilibre familial. 
Alors quand ses parents vendent leur pépinière pour aller rénover une vieille ferme suédoise, le jeune homme ne voit aucune raison de s'inquiéter. 
Et pourtant. 
Un matin, Daniel reçoit un appel de son père : " Ta mère ne va pas bien. Elle imagine des choses terribles, terribles... " 
Puis de sa mère : " Ton père est un homme dangereux et un menteur. " 
Qui croire ? 
Bientôt sa mère déboule dans l'appartement londonien qu'il partage avec son compagnon, dont ses parents ignorent l'existence. 
Elle veut parler, prouver à son fils qu'elle n'est pas folle. 
Une ferme isolée dans la campagne suédoise ; un couple ruiné ; un voisin décidé à leur rendre la vie impossible ; une jeune fille disparue ; la découverte d'un lieu de débauche ignoble ; des menaces de mort ; un cauchemar qui se répète sans fin. 
Et un mari qui cacherait un jeu diabolique... 
Qui dit la vérité ? 
Que se passe-t-il réellement sur ces terres nordiques ? 
Que sont ces preuves que sa mère prétend avoir accumulées ? 
Son père est-il un dangereux psychopathe ? 
Et surtout, comment Daniel a-t-il pu se voiler la face aussi longtemps sur les siens ? 
Pour démêler l'histoire, Daniel devra se rendre en Suède mener l'enquête lui-même.

samedi 4 juillet 2015

SEPULVEDA, Luis - Le vieux qui lisait des romans d'amour

Antonio José Bolivar Proaño est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d'hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Mais Antonio José Bolivar a découvert sur le tard l'antidote au redoutable venin de la vieillesse : il sait lire, et il a une passion pour les romans qui parlent d'amour, le vrai, celui qui fait souffrir. Partagé entre la chasse et sa passion pour les romans, le vieux nous entraîne dans ce livre plein de charme dont le souvenir ne nous quitte plus.

vendredi 3 juillet 2015

PAASILINNA, Arto - Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés

Le très distingué professeur Surunen, membre finlandais d’Amnesty International, las de se contenter de signer des pétitions, décide de prendre les choses en main. Il s’en va personnellement délivrer les prisonniers politiques qu’il parraine en Macabraguay, petit pays d'Amérique centrale dirigé par un dictateur fasciste sanguinaire. Après le succès de l’évasion de cinq d’entre eux, et non sans avoir goûté à la torture des geôles locales, Surunen accompagne l’un de ses protégés jusqu’au paradis communiste, un pays d’Europe de l’Est baptisé la Vachardoslavie. Là, il découvre le triste sort d’une poignée de dissidents enfermés dans un asile psychiatrique, et s’emploie à les libérer à leur tour. 

Revisitant à sa façon Tintin au pays des Soviets, Paasilinna renvoie dos à dos les dictatures de tous bords avec une ironie mordante et un sens du burlesque accompli.

vendredi 26 juin 2015

ROSENTHAL, Olivia - Mécanismes de survie en milieu hostile

Mécanismes de survie en milieu hostile, se présente comme un roman en cinq chapitres, tous narrés à la première personne, un « je » qui va peu à peu dévoiler sa proximité avec l’auteur tout en maintenant à distance les pièges de l’autobiographie.

Ces cinq actes mettent à l'épreuve une adolescente devenue jeune femme face à l'attente, la perte, le deuil, le silence, face à l’hostilité du monde extérieur puis au monde intérieur béant qui la condamne à s’inventer, avec les moyens du bord, des mécanismes de survie.

Dans ce roman labyrinthique, d’autres motifs s’entremêlent aux jeux du chat et de la souris de la narration. Ainsi chaque partie comprend-elle de brefs récits en italiques – tirés de témoignages authentiques – d'individus revenus de l’au-delà, à l’image de Tony R. ou Jacqueline S. ayant réchappé in extremis à la mort clinique, et dont les destins vont connaître d’incroyables bifurcations.

mardi 23 juin 2015

ATWOOD, Margaret - Le dernier homme

Un monde, le nôtre, dans un futur pas si lointain... Un monde dévasté à la suite d'une catastrophe écologique sans précédent, où se combinent des conditions climatiques aberrantes, des manipulations génétiques délirantes et un virus foudroyant prompt à détruire l'ensemble de l'humanité. Esseulé au cœur de cet enfer aseptisé et visionnaire, digne de 1984 et d'Orange mécanique, un homme, Snowman, est confronté à d'étranges créatures génétiquement modifiées, les Crakers, une nouvelle race d' " humains " programmés pour n'être sujets ni à la violence, ni au désir sexuel, ni au fanatisme religieux. Tel un Robinson futuriste, il doit lutter pour sa survie et celle de son espèce. Au risque d'y perdre son âme...
" Une magnifique histoire d'amour et d'amitié dans un roman d'anticipation qui tient aussi du thriller et de la satire politique. (...) Intelligent, haletant, émouvant. "

samedi 30 mai 2015

ISHIGURO, Kazio - Un artiste du monde flottant

Jeune homme bohème, le peintre Masugi Ono aimait à fréquenter le " monde flottant ", métaphore sous laquelle les Japonais définissent les lieux de plaisir de la vie nocturne. Dans le Japon de l'après-guerre, l'artiste vieillissant se trouve confronté à un univers en dislocation, plongé dans une sombre incertitude. Il tente de donner un sens à sa vie, il dialogue avec ses contemporains et interroge son passé.

jeudi 14 mai 2015

MILLET, Richard - Le goût des femmes laides

On m'avait assez répété que j'étais laid : il me fallait le devenir, et j'avais, à quinze ans, assez de jugeote pour deviner que tout se jouerait dans le domaine amoureux, à tout le moins sexuel, puisque, je le savais déjà, j'étais de ceux à qui l'amour est refusé, et qui, par conséquent, doivent séparer ce sentiment du désir qui en est la dimension incendiaire, et consolatrice.
À travers la confession déroutante d'un homme qui, dès l'enfance, a grandi persuadé que sa mère le trouvait laid, Richard Millet cerne au plus près les tourments de la dissonance et de la solitude, et livre, dans une langue superbe, une singulière éducation sentimentale.

dimanche 10 mai 2015

RUFIN, Jean-Christophe - Globalia

La démocratie dans Globalia est universelle et parfaite, tous les citoyens ont droit au « minimum prospérité » à vie, la liberté d'expression est totale, et la température idéale. Les Globaliens jouissent d'un éternel présent et d'une jeunesse éternelle. Évitez aussi d'être, comme Baïkal, atteint d'une funeste « pathologie de la liberté », vous deviendriez vite l'ennemi public numéro un pour servir les objectifs d'une oligarchie vieillissante dont l'une des devises est : « Un bon ennemi est la clef d'une société équilibré. » 
Un grand roman d'aventures et d'amour où Rufin, tout en s'interrogeant sur le sens d'une démocratie poussée aux limites de ses dangers et de la mondialisation, évoque la rencontre entre les civilisations et les malentendus, les espoirs et les violences qui en découlent.

jeudi 30 avril 2015

NOTHOMB, Amélie - Pétronille

« Au premier regard je la trouvai si jeune que je la pris pour un garçon de quinze ans. »

Elle a 30 ans, aime le champagne, écrit des romans, les libraires se l'arrachent. Elle qui pourtant est habituée aux séances de dédicaces est troublée lorsque Pétronille Fanto se présente devant elle un exemplaire de "Sabotage amoureux" à la main...


Amélie Nothomb signe ici une histoire dont le point de départ est une correspondance, un échange épistolaire qui deviendra une rencontre en chair et en os, celle d'une romancière avec sa fidèle lectrice Pétronille Fanto. Rapidement le tutoiement s'instaure, les dialogues se multiplient, le courant passe, une amitié se crée.
L'auteur a choisi de mettre en scène deux femmes que l'amour de l'écriture réunit, une dont la notoriété est installée, l'autre plus jeune et déjantée qui a l'avenir devant elle et un potentiel énorme.
Petites chamailleries, vilaines manières, bêtises improvisées, humour, rires complices, échanges musclés, situations singulières, admiration et compétition feront de ce roman, un moment de lecture agréable, l'occasion également pour l'auteur de rappeler à son lecteur quelques-uns de ses romans déjà publiés.
Comme toujours dans ses romans, Amélie Nothomb aime se raconter, se mettre en scène, parler du Japon, étaler sa culture, mais on lui pardonne, c'est un moment de lecture bien arrosé, le champagne coule à flots et la fin est bien imaginée.

jeudi 16 avril 2015

IRVING, John - Dernière nuit à Twisted River

1954, au nord du New Hampshire, à Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand coeur, l’ami de toute une vie. Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame. Première étape, Boston, où Dominic cuisine dans un restaurant italien, où Danny rêve de devenir écrivain. De nouveau inquiétés par le shérif, les Baciagalupo se bâtissent une nouvelle vie dans le Vermont : après avoir tâté de la gastronomie chinoise, Dominic se lance à son compte avec succès, et Danny devient un écrivain célèbre. Ultime étape : Toronto. Mais on n’échappe pas à la rage vengeresse du shérif !

samedi 21 mars 2015

DE KERANGAL, Maylis - Corniche Kennedy

" Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison. " Le temps d'un été, quelques adolescents désoeuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer...Apre et sensuelle, la magie de ce roman ne tient qu'à un fil, celle d'une écriture sans temps morts, cristallisant tous les vertiges.

mardi 17 mars 2015

NEUHAUS, Nele - Flétrissure

Samuel Goldberg, un vieil homme respecté et influent, est assassiné dans sa riche demeure francfortoise.
Fait troublant : l’autopsie révèle que Goldberg, un rescapé de la Shoah, présentait sur le bras des traces du Blutgruppentätowierung, le tatouage que portaient les membres de la Waffen ss de leur propre groupe sanguin… Bientôt les meurtres se succèdent. Chargés de l’enquête, le très distingué commissaire Oliver von Bodenstein et la très prosaïque Pia Kirchhoff comprennent que les victimes partageaient un terrible secret.
Un polar allemand magistral qui regarde l’Histoire en face. Le meurtre ressemble à une exécution. Qui peut être capable de tuer d’une balle dans la tête un homme de quatre-vingt-douze ans ? Par ailleurs David Josua Goldberg devait connaître son assassin car la police ne trouve aucune marque d’effraction, juste un chiffre mystérieux écrit sur le mur avec le sang de la victime. L’affaire devient plus étrange encore lorsqu’au moment de l’autopsie on découvre, sur le bras gauche de Goldberg, la trace du tatouage effacé de son groupe sanguin.
Comment peut-on trouver sur un Juif, rescapé des camps de concentration, ce signe infamant, celui que portaient tous les membres de la ss ? Avant même que le commissaire Oliver von Bodenstein et sa collègue, l’inspecteur Pia Kirchhoff, aient pu commencer à enquêter, l’affaire leur est retirée des mains par ordre conjoint du ministère de l’Intérieur allemand, et de l’ambassade américaine. Goldberg était en effet devenu citoyen américain après la guerre.
Mais bientôt les meurtres se succèdent, tous plus énigmatiques les uns que les autres. Chaque fois les victimes sont très âgées et le mode opératoire d’une atroce cruauté. Le très distingué commissaire Oliver von Bodenstein et la très prosaïque Pia Kirchhoff ne tardent pas à concentrer leurs soupçons sur une famille très respectée de la haute société francfortoise. Grâce aux relations familiales du commissaire von Bodenstein et à la ténacité toute plébéienne de Pia Kirchhoff, le lecteur pénètre peu à peu dans le monde très fermé de la grande bourgeoisie allemande, qui sait si bien garder ses terribles secrets derrière les grilles de ses magnifiques propriétés.
Avec ce roman, Nele Neuhaus s’est imposée outre-Rhin comme un auteur de polars majeur. Ses livres, vendus en Allemagne à des centaines de milliers d’exemplaires, sont en cours de traduction dans plus de vingt pays.

vendredi 13 mars 2015

VUILLARD, Eric - Tristesse de la terre

Une histoire de Buffalo Bill Cody

Alors, le rêve reprend. Des centaines de cavaliers galopent, soulevant des nuages de poussière. On a bien arrosé la piste avec de l’eau, mais on n’y peut rien, le soleil cogne. L’étonnement grandit, les cavaliers sont innombrables, on se demande combien peuvent tenir dans l’arène. C’est qu’elle fait cent mètres de long et cinquante de large ! Les spectateurs applaudissent et hurlent. La foule regarde passer ce simulacre d’un régiment américain, les yeux sortis du crâne. Les enfants poussent pour mieux voir. Le cœur bat. On va enfin connaître la vérité.

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...