vendredi 27 novembre 2015

MIYAMOTO, Teru - Le brocard

Le Brocart est un roman épistolaire. Par le plus grand des hasards un homme et une femme autrefois mariés, puis séparés, se sont revus. En l'espace d'un an, ils vont tisser et retisser leur histoire d'amour dans une correspondance faite de confessions, de volte-face, de mensonges, d'enthousiasme. 
Mais le passé, le présent, l'avenir se rejoignent et leurs lettres nouent entre eux un nouveau destin. Ce roman surprenant de délicatesse est l'histoire de la vie d'un homme et d'une femme s'exposant au vent qui souffle vers l'avenir.

Le roman épistolaire est depuis le 20ème siècle malheureusement complètement tombé en désuétude. Il avait au moins le mérite d’obliger l’écrivain à se forcer à écrire d’une manière très spécifique ce qui dans la plupart des cas donnait une prose excessivement travaillée ou pas une seule virgule n’était laissée au hasard. En cette fin du 20ème et début du 21ème siècle, avec l’avènement du courriel et autres formes insipides de courrier, la littérature s’est complètement éloignée de cet art majeur de la littérature. Il y eut bien une tentative de David Lodge avec « Pensées secrètes » en 2000, où il tenta d’incorporer à sa narration le maudit courriel, mais cette tentative n’aboutit qu’au fait que ce genre d’écriture était des plus minables.
Dans « Le brocart » de MIYAMOTO Teru écrit en 1982, on peut parler de réelle résurrection du genre. En effet, il nous offre ici un roman d’une écriture frôlant (si ce n’est touchant) la pureté d’écriture qui nous manque trop souvent.
La première chose qui nous frappe dans cet échange de lettres entre deux anciens amants, est l’utilisation du vouvoiement et non du tutoiement, chose assez incompréhensible pour les francophones. Ce choix du « vous » a certainement du être difficile pour le traducteur, car le mot employé par MIYAMOTO est : « anata », ce qui signifie « tu » ou « toi ». Mais « anata » est plutôt entre le « vous » et le « tu ». Et si au début ce choix de traduction nous paraît étrange, au bout du compte, on se rend compte qu’il est au contraire très judicieux. En effet, les deux anciens mariés veulent absolument garder leurs distances car ils pressentent qu’un rapport trop étroit (quel qu’il soit) pourrait leur être irrémédiablement néfaste.
L’histoire est donc celle de deux amants divorcés (YASUAKI Arima et KATSUNUMA Aki) qui après dix ans sans s’être revus se croisent un beau jour par hasard et se retrouvent sans trop s’en rendre compte à s’écrire mutuellement de très longues lettres ayant pour but de comprendre ce qui leur est arrivé dix ans auparavant et ce qui les a poussé à divorcer d’un commun accord.
C’est en effet il y a dix ans que YASUAKI s’est retrouvé impliqué dans un double suicide avec sa maîtresse du moment. Elle réussira à se donner la mort mais lui ne succombera pas aux coups portés par l’instigatrice de ce voyage sans retour. Mais ayant vu la mort de si près, YASUAKI ne verra plus jamais la vie de la même manière et tentera comme il peut de survivre à coups de conquêtes toutes plus inutiles les unes que les autres.

Ce roman vaut donc tout le respect du monde littéraire de part sa forme qui est un exemple de fluidité et d’étonnante simplicité recherchée, et de part son fond qui réussit à nous montrer très clairement l’état psychologique des deux protagonistes de cette histoire d’amour et de respect hors du commun.

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