mercredi 28 avril 2021

CLEMENT, Gilles - Je chemine avec...

Qui suis-je ? Si je le savais, cela réglerait un certain nombre de questions que je continue à me poser ! Mais heureusement, j’ai commencé par refuser d’être celui que l’on voulait que je sois. J’ai renoncé très jeune à rentrer dans une catégorie, case, obligation, ou bienséance. Finalement, j’ai exploré deux pistes : l’émerveillement, lorsqu’on observe les insectes on est dans l’étonnement, et le faire, parce que fabriquer de ses mains m’a toujours paru très important. »


Gilles Clément a vécu son enfance entre la Creuse et Oran, où s’est ancré son goût du voyage et de l'observation. Jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, enseignant et écrivain, il n’a qu’une passion : le vivant ! Il est à l’origine de nombreux sites (privés et publics, en France et dans le monde) : le jardin de l'Arche de la Défense (Paris), le parc Matisse (Lille), le Domaine du Rayol (Var). Il en a dégagé certains concepts florissants (le Jardin en Mouvement, le Jardin Planétaire et le Tiers-Paysage) sur un principe de base : « Faire le plus possible avec, le moins possible contre » la nature, les énergies, la vie.

samedi 24 avril 2021

PRINCE, Christophe & Nathalie - Nietzsche au Paraguay

Paraguay, 1886. Virginio Miramontes, un aventurier solitaire, est recueilli en pleine jungle dans une étrange colonie peuplée d’une poignée de familles allemandes.

C’est le projet fou d’Elisabeth Nietzsche, sœur du célèbre philosophe, et de son mari, le lugubre docteur Förster. Tous deux rêvent de créer dans ces terres vierges une nouvelle Allemagne digne de l’utopie aryenne balbutiante.
Antisémitisme délirant, plans d’expansion démesurés, cultures et commerces impossibles… Rien ne marche comme prévu, et la Nueva Germania court au désastre. La maladie rôde, la faim guette, la violence s’installe. Perdue dans ce microcosme entouré de barbelés, Elisabeth tient à son frère la chronique fantasmée de leur succès, passant ses jours à attendre les lettres de Nietzsche.

Nietzsche au Paraguay révèle une face cachée de l’Histoire, celle d’une illusion folle, présage des massacres nazis un demi-siècle plus tard.

jeudi 22 avril 2021

BURGAT, Florence - Qu'est-ce qu'une plante ?

A un moment où une certaine confusion a été introduite dans les esprits, Florence Burgat mène une enquête passionnante sur la vie végétale. Des ouvrages et des articles récents ont connu un grand succès en anthropomorphisant les plantes et en leur attribuant une conscience, une vie sensible et des émotions qu'elles n'ont pas. L'auteur éclaire d'une manière scientifique et philosophique, dans le cadre d'une approche phénoménologique remarquablement bien conduite, didactique et élégante, la différence ontologique entre animaux et végétaux.
Les végétaux, en effet, ont une vie d'un autre type et des interactions biochimiques entre eux et avec leur biotope : les plantes sont dépourvues de psyché, elles n'ont pas d'existence "pour soi", il n'y a pas de psychologie des plantes. Sans organes sensoriels ni système nerveux, les plantes réagissent mais ne perçoivent pas, elles n'ont pas de subjectivité , elles ne sont confrontées ni à la souffrance, ni à l'expérience de la mort : leur vie, contrairement à la vie animale, n'est pas marquée par l'inquiétude et n'a pas de dimension tragique. Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas s'engager pour protéger les forêts, les arbres, les buissons, les fleurs, ni s'opposer à la destruction et à l'appauvrissement des écosystèmes et notamment de la flore. Cela signifie que l'on est fondé à se demander "qui" sont les animaux mais que pour la vie végétale, d'une radicale altérité par rapport à la vie animale, la nôtre et celle des autres espèces, la bonne question est bien :"qu'est-ce" qu'une plante ?

dimanche 18 avril 2021

CLAUDEL, Philippe - Fantaisie allemande

Philippe Claudel cite en exergue le si réaliste Thomas Bernhardt : « L’Allemagne a une haleine de gouffre. » Terrible formule qui trouve sa réalisation dans ce roman décomposé où les personnages reviennent, comme dans une ronde que même la mort ne peut interrompre.
Un soldat (un déserteur ? un rescapé ?) croit trouver refuge et trouve la fin.
Un homme âgé ressasse un passé qui n’en finit pas, et l’on apprend qu’il est le père de Viktor. Qui est Viktor ? Un soldat ou un salaud, ou les deux ?
Une fille mal dégrossie, cruelle, maltraite le pensionnaire d’un hospice, mais qui est le plus cruel d’entre eux, puisque l’homme si paisible chantonne à son heure des marches nazies ?
Le peintre expressionniste allemand Franz Marc est-il mort à Verdun en 1916 ou au contraire au cours de l’Aktion qui élimina les handicapés physiques et mentaux ?
Qu’est-ce que la petite (« die Kleine ») va faire du cadavre carbonisé couché en gisant dans l’usine où elle s’égare et joue ?

samedi 17 avril 2021

DOS PASSOS, John - Manhattan transfer

Ils durent changer de train à Manhattan Transfer. Ellen avait un gant neuf, en chevreau, dont le pouce avait craqué, et elle ne cessait de le frotter nerveusement avec l'index. John portait un imperméable à martingale et un chapeau mou gris rosâtre. Quand il se tourna vers elle, en souriant, elle ne put s'empêcher de détourner les yeux et de fixer la pluie qui miroitait sur les rails. - Voilà, chère Elaine. Oh, fille de prince, voyez, nous prenons le train qui vient de la gare de Penn... C'est drôle d'attendre ainsi dans la brousse de New Jersey.

...

Un voyage dans le temps, un aller retour à New-York, pas la ville que nous connaissons , mais New-York du début du vingtième siècle. Elle n'a pas tellement changé, le même bruissement, le va et vient incessant telle une fourmilière. Dans ce brouhaha John Dos Passos nous fait découvrir un univers "Manhattan Transfer" une ville et des êtres humains. Sur une période allant de la première guerre mondiale au crack boursier de 1929 jusqu'à la prohibition.
John Dos Passos nous raconte à sa manière des vies de femmes et d'hommes, des destins plus ou moins contrariés, moins linéaires que ces rues et avenues.
Nous suivons particulièrement deux personnages Elaine Oglethorpe et James Herf. Deux tranches de vie particulièrement bien décrit par Dos Passos. le point commun de ces deux jeunes gens c'est la solitude, l'ennui, l'éternel insatisfaction, ils trainent leurs mal-être dans les endroits à la mode, rencontrent des personnes pas toujours recommandables dans un début de siècle en pleine effervescence. Elaine est actrice et James Journaliste.
L'écriture de John Dos Passos est particulière, un mélange de nouveaux journalisme à la "Tom Wolfe" et le style "John Steinbeck" c'est mon ressenti. Une belle étude sociologique d'un monde et d'une ville où le " rêve américain" est en train de devenir le leitmotiv d'une société en quête de renouveau. Une belle découverte en attendant de lire sa célèbre trilogie " le 42ème parallèle " suivi de " 1919" et " La grosse galette".

dimanche 4 avril 2021

À la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C'est l'histoire d'un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c'est qu'il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d'Apollinaire et les chansons de Trenet. C'est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l'odeur de la mer. Par la magie d'une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...