dimanche 28 décembre 2014

SWARTHOUT, Glendon - Homesman

Au coeur des grandes plaines de l'Ouest, au milieu du xixè siècle, Mary Bee Cuddy est une ancienne institutrice solitaire qui a appris à cultiver sa terre et à toujours laisser sa porte ouverte. Cette année-là, quatre femmes, brisées par l'hiver impitoyable et les conditions de vie extrêmes sur la Frontière, ont perdu la raison. Aux yeux de la communauté des colons, il n'y a qu'une seule solution : il faut rapatrier les démentes vers l'Est, vers leurs familles et leurs terres d'origine. Mary Bee accepte d'effectuer ce voyage de plusieurs semaines à travers le continent américain. Pour la seconder, Briggs, un bon à rien, voleur de concession voué à la pendaison, devra endosser le rôle de "homesman" et l'accompagner dans son périple.
Inoubliable portrait d'une femme hors du commun et de son compagnon taciturne, aventure et quête à rebours, Homesman se dévore de la première à la dernière page.
L'adaptation cinématographique de ce roman par Tommy Lee Jones, qui jouera aux côtés d'Hilary Swank et de Meryl Streep, sortira en salle fin mai 2014.

samedi 13 décembre 2014

TOOLE, F. X. - De sueur et de sang

Ce livre sur la boxe est composé de trois nouvelles inédites en français intitulées : "Entraîner un poids lourd", "Saint homme : chaque entraîneur cherche un boxeur, un messie, qui l'emmènera en terre promise", "Folies nocturnes". Dans chacun de ces textes, un boxeur prometteur attise l'intérêt d'un vieil entraîneur qui, malgré les déceptions réitérées d'une vie consacrée au noble art, s'engage à le rendre plus performant. L'espoir vibrant de l'entraîneur est de remporter un titre : "fabriquer un champion c'est ce qui me fait bouger le cul". Ce nouveau "père" - coach philosophe quelque peu cynique - donne tout ce qu'il a au boxeur pour l'aider à gagner, puis assiste fatalement à une débâcle - souvent sanglante. Fin du rêve. Les histoires et les personnages de F. X. Toole sentent le vécu ; ainsi, dans "Saint homme", le boxeur blanc Ernie Pescetti, tétanisé par le trac avant de monter sur le ring, s'oublie et tache d'urine sa tenue noire conçue spécialement par l'entraîneur pour éviter l'humiliation. Au fil de ces trois textes, le lecteur se prend des coups et comprend vite que la boxe, c'est l'évacuation de toutes les humeurs : sang, salive, sueur, pisse. Il y a également les humeurs, en tant que "dispositions affectives", associées au sport en général et à la boxe en particulier : l'extrême violence des matchs, les insultes, les menaces, les tentations, la corruption, les trahisons pour une poignée de dollars, le business... Enfin, pour F. X. Toole, "le monde était les combats et les combats étaient le monde." (James Ellroy, préface à Coup pour coup, Albin Michel,

mardi 9 décembre 2014

NEIDER, Charles - La véritable histoire de la mort d'Henry Jones

«Nous l'avons inhumé près de l'arbre fantôme, au plus haut des falaises de la Punta del Diablo. Ce matin de juillet 1881, les cris des lions de mer s'unirent aux pleurs de tous ceux qui aimaient le Kid. Même Dad Longworth semblait incrédule. Il venait pourtant d'abattre le plus célèbre des hors-la-loi mais n'osait encore songer à sa notoriété future, au livre qu'il écrirait sur la véritable histoire d'Hendry Jones.»
Pour Doc Baker, le shérif Longworth est un menteur et son livre une infamie. Parce qu'il fut son dernier compadre, lui connaît la vérité de la bouche même du Kid. La «guerre du comté de Lincoln», l'évasion spectaculaire de la prison de Monterey, mais aussi la raison pour laquelle le môme reprit la piste du nord, vers son destin. Quant à ce qui s'est vraiment passé le soir de son exécution, la véritable histoire de la mort d'Hendry Jones, seul le Doc peut le raconter.

mardi 2 décembre 2014

SILVERBERG, Robert - Les monades urbaines

En l’an 2381, la Terre porte soixante-dix milliards d’êtres humains dont la devise est : Croissez et multipliez. Ils habitent des tours de mille étages, les monades urbaines, et jouissent d’une totale liberté sexuelle. Ils ne quittent jamais leurs villes verticales et explorent rarement un autre étage que le leur. Ils vivent l’utopie, la promiscuité, le bonheur.
Qui en doute est malade. Qui est malade est soigné. Qui est incurable est exécuté.
Micael, l’électronicien, rêve pourtant de la Terre du passé, de l’océan, de la nature, qu’il a découverts à travers un film vieux d’un siècle. Il fuit.
Et Jason, l’historien, armé par son savoir contre tous les tabous anciens, redécouvre de son côté un sentiment proscrit, la jalousie. Les Monades urbaines constitue le chef-d’œuvre incontesté de Robert Silverberg, l’un des plus célèbres et des plus féconds des écrivains américains de science-fiction. Il y peint dans le moindre détail un monde de l’avenir, séduisant, terrifiant, vraisemblable.

jeudi 27 novembre 2014

BLEYS, Olivier - Haut vol

Paris, fin du XIXe siècle. Samson Vaillant est un brillant acrobate, très populaire sur les champs de foire. Alors qu'il prend de l'âge et que sa carrière est sur le déclin, il va connaître un regain de célébrité inespéré lorsqu'un imprésario, Tiburce Lefranc, lui propose de monter une attraction inédite et spectaculaire. Il s'agit de profiter de la vogue des montgolfières pour exécuter des numéros de trapèze et d'anneaux en voltige, suspendu à un aérostat à vingt ou trente mètres du sol, voire davantage. La femme de Samson s'y oppose tout d'abord farouchement, tant à cause de la réputation sulfureuse de Tiburce que du danger de l'exercice. Par manque d'argent, elle finit par céder, car la rétribution promise est importante. La mise au point du numéro n'est pas sans difficulté ni danger. Samson et son ballon, dès lors, attirent les foules. Mais l'acrobate, sujet au vertige, se sent de moins en moins assuré, et un rhumatisme persistant à l'épaule le fait horriblement souffrir... Olivier Bleys développe à plaisir sa prose nostalgique et sensuelle, qui restitue avec beaucoup de charme les atmosphères des champs de foire d'autrefois, et atteint à une vraie grâce dans la description du ballon, du vent, du ciel : l'aérostat est un personnage central, au même titre que l'acrobate.

samedi 22 novembre 2014

TEULE, Jean - Rainbow pour Rimbaud

À 36 ans, Robert est un doux géant de deux mètres dix doté d'une âme d'enfant. Il vit avec ses parents à Charleville-Mézières. Robert se prend pour Arthur Rimbaud. Son bateau ivre à lui est une armoire dans laquelle il dort.Lorsque son père décide de se débarrasser du meuble, Robert décide de faire un pélerinage sur les traces de Rimbaud et part aussitôt pour Paris.Gare de l'Est, il rencontre Isabelle, (un mètre soixante) standardiste à la SNCF. La passion ne tarde pas à naître entre ces deux êtres si sensibles et si différents des autres. Ensemble, les voilà partis pour un voyage au long cours vers l'Afrique, l'Égypte, le Sénégal, avec l'amour fou et Rimbaud pour seuls bagages...

jeudi 20 novembre 2014

CHESSEX, Jacques - Le vampire de Chessex

En 1903 à Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, la fille du juge de paix meurt à vingt ans d'une méningite. Un matin, on trouve le cercueil ouvert, le corps de la virginale Rosa profané, les membres en partie dévorés. Stupéfaction des villages alentour, retour des superstitions, hantise du vampirisme. Puis, à Carrouge et à Ferlens, deux autres profanations sont commises. Le nommé Favez, un garçon de ferme, est le coupable idéal. Condamné, emprisonné, soumis à la psychiatrie, on perd sa trace en 1915. A partir d'un fait réel, Jacques Chessex donne le roman de la fascination meurtrière. Qui mieux que lui sait dire la " crasse primitive ", les fantasmes des notables, la mauvaise conscience d'une époque ?

vendredi 14 novembre 2014

ABE, Kazushige - Sin Semillas

Impossible de résumer ce livre-monde, ce livre-univers qui brasse les réalités les plus sombres de la petite ville de Jinmachi au nord-est du Japon : drogue, corruption, violences sexuelles, accidents, suicides, disparitions, inondations, apparitions d'ovnis et phénomènes supranormaux en cette veille du XXIe siècle. C'est un monde crépusculaire, violent et survolté, où chacun veut exercer son pouvoir sur l'autre, sans illusions et sans sentimentalisme aucun. L'intrigue vous tient en haleine de bout en bout car chaque acte interagit en cascade sur la vie des autres (flics corrompus, politicien exhibitionniste, yakuzas, voyeurs, hommes de main, femmes infidèles ou cocaïnomanes...) et elle est comme un puzzle qui se construirait et se déconstruirait sans cesse. Ce roman qui prend en charge toutes les épaisseurs du réel ne propose pas de morale, n'apporte aucun apaisement mais il vous prend à la gorge et ne lâche plus prise.

Abe Kazushige est né en 1968 à Jinmachi, la ville même de son roman. Il fait des études de cinéma à Tôkyô, écrit un scénario de 700 pages (refusé car trop long...) et passe à la littérature. Il a obtenu entre autres le prix Akutagawa pour Grand finale et le prix Tanizaki pour Pistils, et il est l'un des écrivains les plus novateurs et expérimentaux de son époque.

Ouvrage spécialement sélectionné pour le Programme de Publication de Littérature Japonaise (JLPP)

mardi 4 novembre 2014

TSUJI, Hitonari - Objectif

Regarder l'autre, c'est déjà commencer à l'aimer. Enfant, la jeune femme qui raconte souffrait d'un isolement et d'une timidité quasi phobiques. Jusqu'au jour où son père lui a offert un appareil photo. L'objectif devient filtre vital, sinon philtre d'amour. Adulte, la narratrice, toujours en lisière de
sa propre existence, observe et capture comme d'autres chassent et se nourrissent. Invariablement, ses amours passent par ce médium prothétique mi-masque, mi-béquille. Entre confidence et témoignage, elle remonte le fil d'une liaison amoureuse restée comme en suspens après la rupture. Réserve des débuts jamais tout à fait dissipée, déchaînement des élans, légèreté de la complicité, poids des silences. En fouillant cette mémoire vive à la faveur de retrouvailles épisodiques, la jeune femme va aussi progressivement se confronter à son propre besoin d'être aimée. Et à son tour, regardée.

lundi 3 novembre 2014

MAALOUF, Amin - Le Rocher de Tanios

Entre le cheikh de Kfaryabda, véritable don juan, et l'épouse de son intendant, Lamia, la plus belle femme du pays, la rencontre était inévitable. Déjà par sa naissance, Tanios provoque une querelle de palais et des conflits larvés dans cette région de la montagne libanaise qui en connaîtra bien d'autres et qui se retrouvera dans les années 1830 au cœur de la rivalité entre l'Empire ottoman, l'Égypte et l'Angleterre. Avec un art de conteur extraordinaire, Amin Maalouf fait revivre intrigues et batailles, mais surtout à travers le destin singulier de Tanios, il dit tout son amour nostalgique pour ce coin de Liban ,"Lieu de refuge, lieu de passage. Terre du lait et du miel et du sang. Ni paradis ni enfer : purgatoire." Un superbe roman d'aventures et une méditation sur l'attachement au sol et sur l'exil.

jeudi 30 octobre 2014

MIZUBAYASHI, Akira - Mélodie, chronique d'une passion

Dans un placard dont on a fait un sanctuaire ne ressemblant en rien à un sanctuaire et qui abrite discrètement quelques âmes inoubliables et inoubliées, il y a une petite boîte en bois laqué pour le thé en poudre. Elle contient une toute petite portion des cendres de mon père que j'avais prélevée dans son urne avant qu'elle ne fût mise en tombe. Lorsque j'ai préparé cette boîte mortuaire il y a déjà dix-huit ans, j'ai osé prendre une pincée de miettes d'os pour en goûter. Bientôt, je crois que j'en ferai autant pour Mélodie dont je garde toujours l'urne près de moi sur l'emplacement exact de son matelas. Je me procurerai une autre boîte en bois laqué pour y mettre quelques cuillerées de poudre d'os et une partie de l'omoplate ou d'une côte. Le reste sera répandu dans le jardin ou ailleurs pour retourner à la terre.
Passion d'un japonais pour son chien... Aucun intérêt !

dimanche 26 octobre 2014

TOURNIER, Michel - Le médianoche amoureux

C'étaient des statues sculptées dans le sable, d'une étrange et poignante beauté. Les corps se lovaient dans une faible dépression, ceints d'un lambeau de tissu gris souillé de vase. On songeait à Adam et Eve avant que Dieu vînt souffler la vie dans leurs narines de limon. Le rocher de Tombelaine émergeait de la brume. Suspendu comme un mirage saharien au-dessus des nuées, le Mont-Saint-Michel brillait de toutes ses tuiles vermeilles, de tous les vitraux de sa pyramide abbatiale. 

vendredi 24 octobre 2014

TESTUD, Sylvie - Le Ciel t'aidera

" T'as peur, t'as peur de tout, sauf du ridicule ", m'a dit mon copain qui est d'une mauvaise foi sidérante! " Il n'y a aucun danger dans cette maison, à part toi! ", il a rajouté. Mon copain dit que je suis une trouillarde, et ça m'énerve ! Si le courage peut se mesurer à la peur à surmonter, alors je me proclame la fille la plus courageuse du monde. Je ne suis quand même pas la seule fille qui balise à l'idée de dormir seule? Je ne suis pas la seule fille à dire que se garer dans un parking non surveillé, la nuit, ça fout les jetons ? C'est pas moi qui invente les cambriolages ? les dingues qui vous guettent au coin de la rue? les monstres pervers pires que des loups ? C'est pas moi qui invente les tempêtes de neige et les maladies fulgurantes ? " Alors? Ça peut arriver ou pas. ? ", j'ai demandé à mon copain, , un jour. " Le pire n'est jamais sûr, la peur n'évite pas le danger ", il m'a répondu . Ça m'a encore plus énervée. Flippée, Sylvie Testud ? Le Ciel t'aidera est l'histoire de sa vie quand elle ne joue pas un rôle sur un plateau, c'est l'histoire d'une fille trop imaginative qui rêve de mourir centenaire et dans son lit. Alors elle se bat comme un diable: elle planque des couteaux sous ses matelas, elle se balade avec un ravissant pistolet de dame, elle s'entraîne au sabre sur ses plantes vertes. C'est vrai qu'elle est Flippée, mais il y a quand même des trucs bizarres... Son copain, lui, trouve que tout est normal, à part elle.

mardi 21 octobre 2014

MIZUBAYASHI, Akira - Petit éloge de l'errance

C’est cet effort d’absence volontaire, de déracinement voulu, de distanciation active par rapport à son milieu qui paraît toujours naturel, c’est donc cette manière de s’éloigner de soi-même – ne serait-ce que momentanément et provisoirement –, de se séparer du natal, du national et de ce qui, plus généralement, le fixe dans une étroitesse identitaire, c’est cela et surtout cela que j’appellerai errance.

mercredi 15 octobre 2014

FOURNIER, Jean-Louis - Trop

Les murs de la salle d'exposition sont couverts de tableaux, ils sont tous tellement beaux qu'on ne sait plus où donner de la tête, devant lequel s'attarder. Alors, on ne s'attarde pas. Dans la pénombre, au fond d'une salle, est accroché un seul petit tableau, l'assistance est silencieuse, recueillie. Il s'agit d'un dessin de Raphaël, une vierge belle à se damner. Je m'arrête devant la devanture d'un kiosquier. Les étagères ploient sous le poids des journaux, des revues, souvent jamais lues. Le marchand de journaux est débordé, il n'a plus de place. Je viens d'acheter un nouveau poste, il me garantit 1350 stations. Je ne peux plus entendre ma radio préférée, il y a trop de stations, elles se brouillent. Sur l'appareil qu'on m'a offert, je peux stocker plus de 1000 chansons. Mon nouveau téléviseur me promet 500 chaînes. Je suis arrêté dans un embouteillage depuis plus d'une heure, il y a trop de voitures. J'ai voulu acheter les sonates pour piano de Mozart, il y a 50 interprétations. Comment choisir ? Au supermarché, j'ai compté 40 marques de gâteaux secs. Je n'en ai pas acheté. Le prince a 400 femmes dans son harem, il a l'embarras du choix. Chaque soir, il hésite, se morfond. Quand il choisit une brune, il pense aux blondes, quand il choisit une blonde, il pense aux brunes. J'ai le syndrome du harem. J'ai le choix, j'ai surtout l'embarras du choix. J'imagine une forêt hirsute, les arbres sont côte à côte, trop serrés, ils s'étouffent, la forêt va bientôt mourir. On va couper quelques arbres pour mon nouveau livre. Il sort une centaine de livres par jour, je pense à mon petit livre. Au bout d'une semaine, il va disparaitre, écrasé par 600 livres. Mon prochain livre, je vais l'appeler TROP.

samedi 11 octobre 2014

OATES, Joyce Carol - Mudwoman

Abandonnée par sa mère à demi-folle au milieu des marais de l’Adirondacks, Mudgirl, l’enfant de la boue, est sauvée on ne sait trop comment, puis adoptée par un brave couple de Quakers qui l’élèvera avec tendresse en s’efforçant toujours de la protéger des conséquences de son horrible histoire. Devenue Meredith "M.R" Neukirchen, première femme présidente d’une université de grand renom, Mudgirl, brillante et irréprochable, fait preuve d’un dévouement total à l’égard de sa carrière et d’une ferveur morale intense quant à son rôle. Mais précisément épuisée par la conception d’une rigidité excessive qu’elle a des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traverse les États-Unis à la veille d’une guerre avec l’Iraq (crise qui la contraint à s’engager sur un terrain politique dangereux) et confrontée à la classique malveillance sournoise des milieux académiques, M.R. se retrouve face à des défis qui la rongent de manière imprévisible. Un voyage sur les lieux qui l’ont vue naître, censé lui rendre un peu de l’équilibre qui lui échappe, va au contraire la jeter dans une terrifiante collision psychique avec son enfance et menacer de l’engloutir une fois encore, mais dans la folie. Cette impitoyable exploration des fantômes du passé, doublée du portrait intime d’une femme ayant percé le plafond de verre à un coût gigantesque, fait de ce livre ainsi que l’a proclamé la critique, "un géant parmi les grands romans de Oates".

mardi 30 septembre 2014

DE LUCA, Erri - Les poissons ne ferment pas les yeux

"À travers l'écriture, je m'approche du moi-même d'il y a cinquante ans, pour un jubilé personnel. L'âge de dix ans ne m'a pas porté à écrire, jusqu'à aujourd‘hui. Il n'a pas la foule intérieure de l'enfance ni la découverte physique du corps adolescent. À dix ans, on est dans une enveloppe contenant toutes les formes futures. On regarde à l'extérieur en adultes présumés, mais à l'étroit dans une taille de souliers plus petite". Comme chaque été, l'enfant de la ville qu'était le narrateur descend sur l'île y passer les vacances estivales. Il retrouve cette année le monde des pêcheurs, les plaisirs marins, mais ne peut échapper à la mutation qui a débuté avec son dixième anniversaire. Une fillette fait irruption sur la plage et le pousse à remettre en question son ignorance du verbe aimer que les adultes exagèrent à l'excès selon lui. Mais il découvre aussi la cruauté et la vengeance lorsque trois garçons jaloux le passent à tabac et l'envoient à l'infirmerie le visage en sang. Conscient de ce risque, il avait volontairement offert son jeune corps aux assaillants, un mal nécessaire pour faire exploser le cocon charnel de l'adulte en puissance, et lui permettre de contempler le monde, sans jamais avoir à fermer les yeux. Erri De Luca nous offre ici un puissant récit d'initiation où les problématiques de la langue, de la justice, de l'engagement se cristallisent à travers sa plume. Arrivé à l'âge d'archive, il parvient à saisir avec justesse et nuances la mue de l'enfance, et ainsi explorer au plus profond ce passage fondateur de toute une vie.

lundi 15 septembre 2014

SOLLERS, Philippe - Medium

Médium (du latin medius, au milieu) : personne susceptible, dans certaines circonstances, d'entrer en contact avec les esprits.

Méditation à la lueur de Saint-Simon et de la magie de Venise... Contre la perversion du monde, Sollers offre un manuel de contre-folie.
On aime beaucoup
Venise, évidemment. Pourquoi changer de décor, de lumière, d'air ambiant, quand ici tout est parfait. Venise, et sa « magie médiumnique », impalpable et évidente comme le sacré « On la voit sans la voir, on l'entend sans l'entendre, elle disparaît parfois pendant des semaines ou des mois, et soudain, dans une clarté imprévue, elle est là. On la respire, elle fait signe, elle fait flamber les toits et les mâts, l'espérance pour rien recommence. » Il y a longtemps que le narrateur des romans de Philippe Sollers y a ses habitudes, son emploi du temps réglé, entre lectures, promenades, méditation. La compagne de ces instants parfaits, elle, n'est plus là – plus de ce monde. Alors, « après tout, pourquoi ne pas dis­paraître ici, tranquillement, dans l'ombre ? J'ai ce qu'il faut comme produit, crise cardiaque, petite buée dans les médias, et basta. Plus d'informations désinformantes, plus de bavardages, plus de mécanique des gestes ». Mais le ciel peut aussi attendre...
Donc, Venise. Nous y sommes, aux côtés du narrateur, « Il Professore ». Alentour, deux figures de femme : Ada, « mon ardeur », masseuse professionnelle, chamane ou presque, dont les mains expertes savent ressusciter « ce corps qui pèse et qui s'use », et la jeune Loretta. Posés sur le bureau, dans le petit appartement aux volets presque clos, quelques livres, très peu, puisque « à part Saint-Simon et les classiques chinois, je ne lis plus que les journaux et des dictionnaires ». Dans les journaux, ce sont les symptômes de la folie collective planétaire qui s'étalent, et que le narrateur relève et commente – folie mortifère, proliférante, protéiforme, hydre à mille têtes, mille visages hideux parmi lesquels la vulgarité, le conformisme, l'ignorance, la lourdeur, l'obsession pour le mal, le refus de l'Histoire... La liste est longue – vraiment trop longue –, à laquelle il entreprend d'opposer une sorte de bréviaire de survie, son Art de la guerre à lui : un Manuel de contre-folie.
Pour interlocuteur privilégié, en cet exercice, il choisit Saint-Simon, le scribe insolent de la Cour, c'est-à-dire de l'enfer, donc l'ennemi du diable – « Dieu est mort, mais, depuis cet angle vide, son secrétaire observe tout à la loupe, mariages, naissances, bâtardises, fortunes, vols, usurpations, trafics, agonies, ruines. Rien ne lui échappe, et ça va vite. Cet homme est un tourbillon dans un tourbillon... » C'est aussi pour cela qu'on lit les romans de Sollers : parce qu'ils nous ramènent toujours vers la grande Bibliothèque et les grands textes pour toujours vivants. Parce qu'ils relient et intercèdent, tracent des liens, tirent des fils. Parce que, à travers eux, Sollers aussi est un médium.

vendredi 12 septembre 2014

O'FARRELL, John - L'homme qui a oublié sa femme

Qu'un homme oublie l'anniversaire de sa femme, quoi de plus commun ? Le cas de Vaughan est plus inhabituel : il se réveille un jour dans le métro, totalement amnésique. Oubliés son métier de professeur, ses enfants, sa femme... et leur prochain divorce ! Pourtant, à peine a-t-il posé les yeux sur Maddie qu'il en retombe fou amoureux. Vaughan saura-t-il réinventer sa vie pour reconquérir son grand amour ?

samedi 6 septembre 2014

BENNETT, Alan - La dame à la camionnette

Miss Shepherd, vieille dame excentrique, vit dans une camionnette aux abords de la résidence londonienne d’Alan Bennett. Victime de l’embourgeoisement du quartier et de quelques vauriens, elle finit par installer son véhicule dans la propriété de l’auteur. 
Commence alors une incroyable cohabitation entre la marginale et la célébrité, qui durera près de vingt ans.
Entre disputes, extravagances et situations drolatiques, la dame à la camionnette n’épargne rien à son hôte ni au lecteur. Bennett, en excellent conteur, saisit leur duo et livre, au-delà des anecdotes, un tableau très juste du Londres des années 1970 et 1980, de sa bourgeoisie progressiste et de ses exclus. 
Un récit d’une grande humanité qui croque avec humour les travers de la société britannique contemporaine.

mercredi 3 septembre 2014

GOUGAUD, Henri - Le roman de Louise

Jusqu'à sa mort en 1905 à 75 ans, Louise Michel, surnommée « La Vierge rouge », lutta pour les droits de l’homme, la justice sociale et le soutien à ceux qui manquent de tout. Née en 1830 d’une servante et fille mère, Louise est dès l’enfance une écorchée vive à la personnalité affirmée, que les douleurs des autres enragent. Institutrice, elle développe à Paris, où elle arrive en 1856, une activité littéraire pédagogique, politique et activiste jusqu’à la Commune, à laquelle elle participe en première ligne. Capturée, déportée en Nouvelle Calédonie, elle revient en France en 1880 où elle multiplie les manifestations, suivies d’emprisonnements. Toute sa vie, elle se voudra au service des pauvres. Sainte ? Peut-être, mais rouge. Anarchiste, violente, intraitable, épuisante parfois pour ceux qui la suivent, généreuse à la folie, elle a voulu changer la vie de son siècle.

Cette extraordinaire personnalité fascine depuis toujours Henri Gougaud. Il nous la raconte avec sa verve inimitable et son talent de conteur.

lundi 1 septembre 2014

De VIGAN, Delphine - Les jolis garçons

Prenez un homme qui aime les femmes, le corps des femmes surtout. Il a une quarantaine d'années, il est beau mais fatigué. Prenez une femme qui aime les hommes, la peau des hommes mais pas seulement. Elle va avoir trente ans, elle est jolie quand elle y prête attention, parfois on se retourne sur elle, on la dévisage, parfois elle est grise, on ne la voit pas. Trois hommes dans la vie d'Emma. Trois rencontres sur des musiques différentes, basses et douloureuses, rieuses et légères, hantées par un même motif : l'illusion. Combien de fois faut-il rejouer la fable pour être capable de s'en défaire ?

jeudi 21 août 2014

AMETTE, Jean-Pierre - La Maîtresse de Brecht



La maîtresse de Brecht, c'est Maria Eich, jeune actrice viennoise que les services de la Stasi vont engager au retour de Brecht pour l'espionner. Brecht arrive à Berlin-Est en 1948 avec sa femme Hélène Weigel pour diriger le Berliner Ensemble et engage Maria Eich pour jouer Antigone. Fatigué, vieillissant, il lui faut des maîtresses jeunes, pleines de vie et relativement soumises. Ce à quoi s'emploie Maria tout en se livrant à son double travail de comédienne et d'espionne, photographiant tout document produit par Brecht, pièces de théâtre, poèmes, correspondance, qu'elle livre à l'officier de la Stasi qui l'a recrutée, Hans Trow. Durant plus de quatre ans, elle sera la maîtresse officielle de Brecht, sous les yeux complaisants de sa femme, éprouvant pour le grand homme un mélange d'indifférence, de mépris et d'admiration, réservant à Hans un sentiment amoureux qu'elle ne nommera jamais, bien qu'il soit partagé. Puis Maria passe à Berlin-Ouest où elle raconte sa double vie à la CIA avant de se rendre dans le Bade Wurtemberg pour y être professeur d'allemand.

Un roman sur les dernière années de Brecht, qui sait qu'il va mourir et ne nourrit que peu d'illusions sur l'humanité en général et le régime qui l'a accueilli en particulier. Il est condamné à incarner le héros des temps modernes, le dramaturge du parti communiste allemand, l'homme à femmes, sorte de Minotaure à qui l'on fournit son contingent de vierges.

lundi 18 août 2014

FOENKINOS, David - En cas de bonheur



" Personne ne savait que faire en cas de bonheur. On avait des assurances pour la mort, pour la voiture, et pour la mort en voiture. Mais qui nous protégera du bonheur ? Jean-Jacques venait de comprendre que ce bonheur, en devenant si fort, était la pire chose qui pût lui arriver. " 
Après "Le Potentiel érotique de ma femme" (Prix Roger-Nimier 2004), David Foenkinos nous emmène avec humour et ironie sur les chemins de l'adultère et du couple, " ce pays qui a la plus faible espérance de vie ".


"Un autre soir, Claire accepta d’aller au restaurant. Une fois assis, Jean-Jacques fut torturé par une angoisse existentielle majeure :
- J’hésite entre une pizza ou des pâtes. C’est tout le problème des restaurants italiens.
- C’est tout le problème de la vie, ironisa Claire."
David Foekinos fait partie de la famille des écrivains satiristes, ceux qui s’emparent d’un sujet pour le malaxer et en tirer un jus souvent très noir. L’auteur, ici, ne change pas sa nature en s’en prenant à la question du couple contemporain. Entre promesse, ennui, répétition de jours nuls et adultère salvateur, où situer le couple (où ce qu’il en reste), cette figure du malheur des sociétés démocratiques avancées ? Réponse grâce à Jean-Jacques et Claire, les sémillants protagonistes de ce roman sans pitié sur la misère sentimentale.
Un très bon roman, signé par un jeune homme de trente ans qui a été en 2003 le lauréat de la Fondation Hachette et a reçu le prix Roger-Nimier 2004 pour une fiction très tonique (et programmatique), "Le Potentiel érotique de ma femme".



vendredi 15 août 2014

RASPAIL, Jean - Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie



Sur une modeste tombe d'un petit cimetière du Périgord, on peut lire cette épitaphe : Ci-gît Orelie-Antoine Ier, roi de Patagonie, décédé le 18 septembre 1878. La plus étrange épopée qui se puisse concevoir... Durant les vingt-huit années du règne d'Orélie-Antoine, le rêve et la réalité se confondent aux bornes extrêmes du monde, là-bas, en Patagonie, au détroit de Magellan. Qui est Antoine de Tounens, roi de Patagonie, conquérant solitaire, obscur avoué périgourdin embarqué sur les flottes de la démesure, son pavillon bleu, blanc, vert claquant aux vents du cap Horn ? Un fou ? Un naïf ? Un mythomane ? Ou plus simplement un homme digne de ce nom, porteur d'un grand destin qu'il poursuivra toute sa vie en dépit des échecs, des trahisons, des sarcasmes qui peupleront son existence... Es-tu roi de Patagonie ? Je le suis ! Il n'en démordra pas. Roi il fut, quelques jours au moins, et toute une vie. Des sujets, il en eut : Quillapan, cacique des Araucans, Calfucura, cacique des Patagons, mais aussi Verlaine, Charles Cros, le commodore Templeton, le général Chabrier, l'amiral Dumont d'Urville, l'astronome Camille Flammarion, le colonel von Pikkendorff, Véronique, reine de Patagonie, aux multiples visages, et tant d'autres, le coeur débordant d'émotion, qui se déclarèrent un jour ou l'autre, l'espace d'un instant, sujets du roi Orélie-Antoine. Car nous sommes tous des Patagons. Là-bas, en Patagonie, l'homme devient roi. Sa longue nuit s'illumine.

dimanche 10 août 2014

NOTHOMB, Amélie - Acide sulfurique

"Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle."


Concentration : la dernière-née des émissions télévisées. On enlève des gens, on recrute des kapos, on filme… Tout de suite, le plus haut score de téléspectateurs, l’audimat absolu qui se nourrit autant de la cruauté filmée que de l’horreur dénoncée.

Etudiante à la beauté stupéfiante, Pannonique est devenue CKZ 114 dans le camp de concentration télévisé. Le premier sévice étant la perte de son nom, partant de son identité. Zdena, chômeuse devenue la kapo Zdena, découvre en Pannonique son double inversé et se met à l’aimer éperdument. Le bien et le mal en couple fatal, la victime et le bourreau, la belle et la bête aussi. Quand les organisateurs du jeu, pour stimuler encore l’audience, décident de faire voter le public pour désigner les prisonniers à abattre, un tollé médiatique s’élève mais personne ne s’abstient de voter et Pannonique joue sa vie…

Les jeux du cirque modernes : téléréalité, voyeurisme, ignominie, bonne conscience, dénonciation moralisante y ont partie liée. Un monde de bêtise et de cruauté, d’hypocrisie bien-pensante où l’individu a perdu toute liberté d’agir puisque tout est récupéré, où même la dénonciation du système appartient au système. Et cependant qui dit victime dit désir de sauver sa peau. En premier chef de reconquérir la faculté de nommer, le début de l’humanité selon Nothomb…

samedi 9 août 2014

KUHN, Shane - Guide de survie en milieu hostile

John Lago n'est pas un homme très fréquentable. mais, dans sa partie, c'est le meilleur. Sa spécialité ? Infiltrer les grandes sociétés en y sollicitant un stage afin d'éliminer les dirigeants corrompus.
Le stagiaire se caractérise par son insignifiance. On lui demande d’être corvéable à merci, mais pour le reste personne ne lui prête attention. Passant facilement inaperçu, le stagiaire est ainsi un parfait assassin en puissance. C’est la raison pour laquelle, depuis une dizaine d’années, John Iago enchaîne les stages en entreprise afin d’éliminer les cibles qu’on lui assigne : quelle meilleure couverture, en effet, pour un tueur à gage ? Ainsi vient-il tout juste de rejoindre l’un des plus grands cabinets d’avocats new-yorkais avec pour mission d’assassiner un des associés.À ses heures perdues, John a décidé d’écrire un Guide de survie à l'intention des jeunes stagiaires, illustré d’exemples tirés de sa propre expérience. Ce qui lui permet de donner quelques précieux conseils aux nouvelles recrues de Human Resources, Inc, la mystérieuse organisation qui l’emploie, spécialisée dans l’entraînement et le placement des « stagiaires ». Le problème, c’est que John n’est plus au top de sa forme. À chacun des trente-quatre meurtres qu’il a commis, quelque chose est mort en lui. Et, alors que l’heure de se retirer du jeu a sonné, la mission qu’on lui a confiéé va s’avérer la plus dangereuse et la plus inattendue de toutes.Entre American Psycho et Un employé modèle, Guide de survie en milieu hostile nous fait pénétrer dans l’esprit d’un tueur particulièrement attachant qui, à son grand désespoir, devient de plus en plus humain à mesure que ses chances de survie diminuent. À la fois drôle, cruel et grinçant, ce premier roman impose d’emblée Shane Kuhn comme l’un des auteurs de thriller les plus inventifs de la scène littéraire.Shane Kuhn est producteur et metteur en scène. Il vit à Los Angeles. Guide de survie en milieu hostile est son premier roman.

jeudi 7 août 2014

GARY, Romain - Les cerfs-volants

Pour Ludo le narrateur, l'unique amour de sa vie commence à l'âge de dix ans, en 1930, lorsqu'il aperçoit dans la forêt de sa Normandie natale la petite Lila Bronicka, aristocrate polonaise passant ses vacances avec ses parents. Depuis la mort des siens, le jeune garçon a pour tuteur son oncle Ambroise Fleury dit «le facteur timbré» parce qu'il fabrique de merveilleux cerfs-volants connus dans le monde entier. Doué de l'exceptionnelle mémoire «historique» de tous les siens, fidèle aux valeurs de «l'enseignement public obligatoire», le petit Normand n'oubliera jamais Lila. Il essaie de s'en rendre digne, étudie, souffre de jalousie à cause du bel Allemand Hans von Schwede, devient le secrétaire du comte Bronicki avant le départ de la famille en Pologne, où il les rejoint au mois de juin 1939, juste avant l'explosion de la Seconde Guerre mondiale qui l'oblige à rentrer en France.Alors la séparation commence pour les très jeunes amants... Pour traverser les épreuves, défendre son pays et les valeurs humaines, pour retrouver son amour, Ludo sera toujours soutenu par l'image des grands cerfs-volants, leur symbole d'audace, de poésie et de liberté inscrit dans le ciel.

vendredi 1 août 2014

DE KERANGAL, Maylis - Naissance d'un pont

« À l'aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent, perpendiculaires à la surface du fleuve, c'est un autre homme qui sort des bois, c'est un homme hors de lui, c'est un meurtrier en puissance. Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d'acier, irise les nappes d'hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire ouverte. »

Ce livre part d'une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d'un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d'une dizaine d'hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, « à l'américaine », qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.

lundi 28 juillet 2014

SELLOU, Abdel - Tu as changé ma vie... Intouchables pour toujours !

La véritable histoire du « Driss » d’Intouchables.

« À côté du film, nous avons fait bien pire ! Rien ne pouvait nous arrêter, Philippe et moi ! On a vécu à fond ! »

Et pourtant il ne voulait pas de cette place. Il sortait à peine de prison, n’avait aucune expérience, aucune envie de jouer les nounous, et puis les riches… Mais Philippe ne voulait que lui : les autres avaient trop de fausse pudeur, trop d’apitoiement.

Avec Abdel, aucune crainte dans ce domaine ! Chacun a donné sa chance à l’autre sans trémolos, sans même s’en apercevoir au début, dans une provocation mutuelle qui tenait d’un double défi : faire de leurs faiblesses réciproques autant de forces.

Resté particulièrement discret lors du phénomène Intouchables, Abdel Sellou nous livre ici une surprenante version de cette fabuleuse aventure, à la fois leçon de vie, voyage initiatique et balade hilarante aux instants d’émotion explosifs : une jolie claque aux idées reçues.

dimanche 27 juillet 2014

HIGASHINO, Keigo - La maison où je suis mort autrefois

Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d’affaires absent, mère d’une fillette de trois ans qu’elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d’elle au berceau, faisant ses premiers pas… Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l’y accompagner.
Ils découvrent une construction apparemment abandonnée. L’entrée a été condamnée. Toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d’enfant, ils trouvent le journal intime d’un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d’événements tragiques…
Keigo Higashino compose avec La Maison où je suis mort autrefois un roman étrange et obsédant. D’une écri - ture froide, sereine et lugubre comme la mort, il ex plore calmement les lancinantes lacunes de notre mémoire, la matière noire de nos vies, la part de mort déjà en nous.

jeudi 24 juillet 2014

SEBASTIAN, Javier - Le cycliste de Tchernobyl

Un vieil homme hagard, entouré de sacs remplis de vêtements, est abandonné dans un self-service sur les Champs-Élysées. « Ne les laissez pas me tuer », c’est tout ce qu’il sait dire.
Pripiat, ville fantôme, à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl : dans les rues désertes, entre la grande roue neuve et les autos tamponneuses abandonnées, pas âme qui vive. Sauf les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite. Laurenti Bakhtiarov chante Demis Roussos devant la salle vide du ciné-théâtre Prometheus, deux Américains givrés testent les effets de la radioactivité sur leur corps… Au cœur d’une apocalypse permanente, Vassia, l’homme à vélo, croit encore à la possibilité d’une communauté humaine. 
Ce roman magistral est librement inspiré de la vie de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, devenu l’homme à abattre pour le KGB pour avoir tenté de contrer la désinformation systématique autour de Tchernobyl.
Des paysages hallucinés aux aberrations du système soviétique, Sebastián signe un texte d’une force rare, à la fois glaçant et étrangement beau, hymne à la résistance dans un monde dévasté.

dimanche 20 juillet 2014

DAWSON, Georges & Glaubman, Richard - Life is so good

Carder le coton avec sa grand-mère lorsqu'il était tout petit, trimer dans les ranches du Texas ou les ports du Mississipi, sillonner le Vieux Sud avec les vagabonds, élever une famille nombreuse en pleine ségrégation raciale, cela n'a pas empêché George Dawson (1898-2001) de devenir centenaire et de conserver un optimisme à toute épreuve.
Cette vie qui a fini par se confondre avec l'histoire de l'Amérique et celle du XXème siècle méritait bien un ouvrage, mais George avait dû travailler trop jeune pour pouvoir apprendre à lire et à écrire. C'est à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans qu'enfin il a pris le chemin de l'école. Son ami Richard Glaubman, instituteur, l'a aidé à raconter ses mémoires qui valent tous les élixirs de jouvence.

lundi 14 juillet 2014

KAWAKAMI, Hiromi - Les 10 amours de Nishino

Qui était Nishino, cet homme insouciant et farouche comme un chat, et qui comme lui s'immisçait avec naturel dans la vie des femmes dont il faisait battre le coeur trop fort ? Dix voix de femmes composent ce roman dont un homme est le centre de gravité et dont l'existence nous est progressivement révélée par celles qui l'ont tant aimé aux différentes époques de sa vie. Chacune d'elles à son tour prend la parole : elles tissent un à un les fils séparés d'une existence qui se rejoignent pour dessiner en creux le visage d'un homme plein de charme et de mystère, nonchalant, touchant, insaisissable. Et en faisant son portrait c'est elles-mêmes finalement qu'elles révèlent. Dix variations tissées de poésie, de mélancolie, de drôlerie, pour tenter de comprendre cet étrange sentiment que 1'on nomme l'amour.

jeudi 10 juillet 2014

LACKBERG, Camilla - Le prédicateur

Le descendant d’un prédicateur manipulateur des foules, catastrophé d’avoir perdu le don de soigner, entreprend de tuer pour bénéficier à nouveau de l’aide divine. Les nouvelles aventures d’Erica Falck, l’héroïne middle class découverte dans La Princesse des glaces.
Un matin d’été, un jeune garçon joue dans les rochers à Fjällbacka, la petite ville touristique de la côte ouest dont il était question dans La Princesse des glaces. Dans une crevasse, il tombe sur le cadavre d’une femme. La police établit rapidement qu’il s’agit d’un meurtre mais l’affaire se complique avec la découverte, plus profond au même endroit, de deux squelettes de femmes…
L’inspecteur Patrik Hedström est chargé de l’enquête en cette période estivale où l’incident a tendance à faire fuir les touristes et qui, canicule oblige, rend difficiles les dernières semaines de grossesse d’Erica Falck, sa compagne.
Sans témoins, sans éléments déterminants, la police ne peut que patauger en attendant les résultats d’analyses des services spécialisés. Mais grâce à Erica, fille du pays qui fouille à la bibliothèque, le tableau va se constituer : les squelettes sont certainement ceux de deux jeunes femmes disparues vingt-quatre ans plus tôt : Mona et Siv. Entre ainsi dans lumière la famille Hult, divisée depuis cette époque en deux branches qui se haïssent.
Il était une fois Ephraïm, prédicateur, gourou d’une église évangélique, toujours en tournée avec ses deux petits garçons, Gabriel et Johannes, dotés tous deux de pouvoirs de guérisseurs. Devenu adulte, Gabriel s’est marié avec une Laini, Johannes avec une Solveig. Gabriel a déclaré à la police avoir vu son frère prendre en stop une des jeunes filles disparues. Depuis la mort d’Ephraïm, Gabriel et Laini, ainsi que leur fille Linda, profitent d’une belle demeure et de terres qu’ils exploitent. Leur fils Jacob est installé comme directeur d’un centre religio-éducatif pour enfants à problèmes. L’autre branche croupit misérablement dans ce que lui a alloué le testament : une bicoque crasseuse où végètent Solveig, ex-reine de beauté devenue obèse, et ses deux fils délinquants : Johan et Robert.
Transpirant autant dans son bureau qu’en tournée d’interrogatoires, se sentant coupable de ne pas s’occuper d’Erica qu’il abandonne aux prises avec des membres de la famille envahissants, Patrik finit par assembler les morceaux du puzzle, allant de surprise en surprise. Mais le temps presse et la pression monte quand une nouvelle disparition se produit : Jenny, une jeune fille en vacances dans un camping du coin. La liste s’allonge… et l’étau se resserre autour de la famille Hult.
Une nouvelle fois, Camilla Läckberg excelle à tisser son intrigue, manipulant son lecteur avec jubilation, entre informations finement distillées et plaisir pervers de nous perdre en compagnie de ses nombreux et complexes personnages : couples qui battent de l’aile, policiers flemmards, adolescents en crise. Sa force : nous passionner dans cette ambiance d’enquête provinciale et figée, où rien n’avance puisque rien n’est facile à trouver. Ici, les enquêteurs pataugent, et les journées passent, apportant leur lot de nouvelles victimes plus que de miraculeux sauvetages. Sous la chape de plomb, le suspense.

dimanche 29 juin 2014

France Culture Papier - N° 7 - Automne 2013




Comme dans les numéros 5 et 6, le lecteur pourra y découvrir un contenu exclusif publié avant sa diffusion sur l’antenne. Après Gérard Depardieu et Michel Rocard, c’est Erik Orsenna qui se confie à Jean-Michel Djian, rédacteur en chef de France Culture Papiers.


Au long de 25 pages d’entretien, l’académicien se révèle sous les traits d’un « Tintin flingueur » : grand voyageur, toujours curieux, il enquête sur des sujets primordiaux pour les hommes et leur planète.

Un entretien à lire dans France Culture Papiers avant de l’écouter dans « A voix nue » (coordination Sandrine Treiner) du 16 au 20 septembre à 20h sur France Culture.


Ce numéro de la revue consacre également une place toute particulière à l’anniversaire des 50 ans de France Culture. L’histoire de la chaîne créée en décembre 1963 fait l’objet d’un grand entretien entre son directeur, Olivier Poivre d’Arvor, et Jean-Noël Jeanneney, producteur de l’émission "Concordance des temps" mais aussi ancien président de Radio France.

Dans "D’hier à aujourd’hui", France Culture Papiers exhume également pour nous des archives exceptionnelles de l’année 1963 et donne à lire en écho des souvenirs d’auditeurs.


Egalement au sommaire de ce septième numéro de France Culture Papiers :

TRANSERSALES

Une lecture sélective et séquencée de la grille. Des propos inouïs et inédits. 

- En avant-première, Benoît Peeters et François Schuiten nous invitent dans leurs Voyages dans les Cités Obscures, avant diffusion dans le cadre de l’émission des "Villes Mondes",

- Savant, poète médecin, historien de la littérature et critique littéraire, Jean Starobinski nous livre les plus grands écrivains et penseurs dans une clarté éblouissante,

- Comment les jeux vidéo sont-ils devenus des outils de communication politique ?

- A Vostok, au cœur de l’Antarctique, Américains, Russes et Français concluent,  en 1957, le deal de la guerre froide.


THEMATIQUES

Un grand dossier élaboré à partir d’émissions diverses. Une manière intemporelle d’écouter et de lire le monde actuel.

Dans ce numéro 7 : « Sommes-nous faits pour l’excellence ? »,  avec :

- En avant-première, rendez-vous à Oxford : entre traditions et progrès, légendes et mauvaises réputations, célébrités et snobinards, qu’en est-il de l’élitisme So British ?

- Une histoire des CANONS DE BEAUTÉ pour observer à quel point, de tous temps et en tous lieux, ils symbolisent les désirs et la sexualité, le pouvoir et l’âme humaine aussi.

- Quel point commun entre le bel ouvrage d’un compagnon, la Joconde et le jardin de la villa d’Este ? Il est ici question de L’ART DE L’EXCEPTION ou encore de la définition d’un chef-d’oeuvre.

- La virilité est une valeur extrêmement fluctuante qui se construit et se recompose sans cesse. LES HOMMES SONT-ILS À LA HAUTEUR de l’image idéale qu’ils ont d’eux-mêmes ? 

- L’excellence est-elle du côté de l’accomplissement ou du dépassement ? Et si LE CORPS AUGMENTÉ n’était désormais plus synonyme de carence mais bien le moyen d’outrepasser les limites de l’homme ? 

- Le modèle français, républicain et ultra-scolaire, ne ferait-il que produire UNE ÉLITE CONTRE-PRODUCTIVE ? 

- Être philosophe, c’est avant tout se méfier de l’ordinaire et savoir que LA PERFECTION N’EST PAS DE CE MONDE…


samedi 28 juin 2014

PERCIVAL, Everett - Pas Sidney Poitier

Venu au monde au terme d'une ahurissante grossesse de vingt-quatre mois, un enfant répondant au patronyme de Poitier se voit affublé par une mère aussi rebelle qu'excentrique de l'impossible prénom de Pas Sidney, lequel semble n'avoir d'autre vertu, le temps passant, que de condamner son fils à rejouer dans la "vraie vie" certains des rôles interprétés par l'acteur principal du célèbre film des années 1960, Devine qui vient dîner ?...
En contrepartie de ce menaçant destin, sa mère, à sa mort, lègue également à l'enfant une colossale fortune issue des dividendes d'actions jadis acquises par elle dans une jeune entreprise du nom de CNN, fondée par son vieil ami, Ted Turner. Flanqué d'une Jane Fonda en tenue d'aérobic, l'extravagant roi des médias prend en charge la formation de l'orphelin, qui s'initie à la gestion de son patrimoine tout en se découvrant pourvu de surnaturels dons d'hypnose... et d'une embarrassante capacité de séduction. 
Victime de la concupiscence érotique de son environnement féminin immédiat, en butte à la brutalité raciste des forces de police comme à l'hostilité de ses camarades d'université, tétanisé par les fantasques conseils d'un très déconcertant professeur de "philosophie du non-sens" du nom de Percival Everett, et maintes fois sauvé du désastre par son capital en dollars, Pas Sidney Poitier progresse dans l'existence comme dans un champ de mines, au fil d'un roman d'initiation aussi drolatique que grinçant, dans une Amérique contemporaine confrontée au pesant héritage de la question raciale.

mardi 10 juin 2014

FONTANEL, Sophie - L'envie

Pendant une longue période, une jeune femme vit sans connaître une intimité physique avec un homme. Ce n'est pas tant une décision qu'elle a prise, c'est un état de fait, c'est une absence d'envie de sa part. De cet état habituellement inavouable, elle parle. Dans ce rien, elle trouve des ressources insoupçonnées, des rêves, un certain bien-être. Elle découvre aussi des relations différentes avec les hommes et les femmes qui l'entourent. Soit parce qu'ils se rapprochent d'elle afin de lui faire part de leur propre situation, soit parce qu'ils essaient de la comprendre, ou de l'encourager, ou de la convaincre qu'elle fait fausse route. Cette femme incertaine traverse avec légèreté et gravité l'existence ; ses perceptions, sa sensibilité, son empathie sont décuplées. Il semble qu'il ne lui appartienne pas d'évoluer. Pour elle, la vie privée ce n'est pas ce qu'on fait, c'est ce qu'on ne fait pas. Un jour, pourtant, les choses vont changer.

vendredi 6 juin 2014

ANGOT, Christine - Les petits

Ils se rencontrent à Paris. L'histoire s'installe par paliers, mais assez simplement. Ils finissent par prendre un appartement dans le quinzième, où ils vivent, avec les enfants qui arrivent à un rythme régulier. Rien que de très ordinaire, classique, courant. Mais que se passe-t-il à l'intérieur de ces quatre murs ? Quels détails du ménage, du partage du lit, de l'éducation des enfants et de toute l'organisation matérielle vont mettre en péril progressivement l'équilibre ? Comment se reconstituent dans un intérieur les luttes sociales, raciales, sexuelles ? Vont-ils s'en libérer ? Quel rôle joue l'argent ? À quel moment les murs deviennent-ils des passoires de toutes les maladies sociales ? Ont-ils jamais protégé de quoi que ce soit ? Faut-il renoncer ? Qui va gagner ? Lui ? Elle ? Et que va-t-il arriver aux petits, qui les réunissent et les divisent ? L'hostilité croissante entre un homme et une femme. la violence quotidienne entre un père et une mère, les manipulations et déchirements qu'éveillent les enfants : la narratrice restitue ces scènes, tantôt de manière tendre, tantôt implacable. L'écriture s'impose ici avec une émotion contenue et une clairvoyance coupante. Dans un roman réaliste, quasi naturaliste. Christine Angot met en scène le côté sombre de la puissance féminine, elle en fait une donnée essentielle autour de laquelle tous les autres personnages auront à se définir.

mardi 3 juin 2014

Anonyme - Le livre sans nom

Santa Mondega, une ville d'Amérique du Sud oubliée du reste du monde, où sommeillent de terribles secrets.
Un serial killer qui assassine ceux qui ont eu la malchance de lire un énigmatique livre sans nom. La seule victime encore vivante du tueur, qui, après cinq ans de coma, se réveille, amnésique. Deux flics très spéciaux, des barons du crime, des moines férus d'arts martiaux, une pierre précieuse à la valeur inestimable, un massacre dans un monastère isolé, quelques clins d'oeil à Seven et à The Ring, et voilà le thriller le plus rock'n'roll et le plus jubilatoire de l'année ! Diffusé anonymement sur Internet en 2007, cet ouvrage aussi original que réjouissant est vite devenu culte.
II a ensuite été publié en Angleterre puis aux Etats-Unis, où il connaît un succès fulgurant

vendredi 23 mai 2014

POURCHET, Maria - Avancer

D'abord Victoria, jeune personne en quête d'avenir. Peu pressée de cotiser et convaincue que tout arrive, elle est disposée à étudier n'importe quelle offre du Destin ? en dehors du travail. Victoria se tient donc la plupart du temps au balcon, dans un état de vigilance avancée. Sous le même toit, Marc-Ange, quelqu'un d'assez facile à vivre. Jadis professeur de Victoria, il est aujourd'hui son compagnon alors qu'il s'était juré de ne pas tomber dans le panneau. De son prochain, Marc-Ange n'attend rien d'extraordinaire : qu'il aille voir ailleurs s'il y est. Ça ne l'empêche pas d'avoir un fils, le Petit, brillant sujet de dix ans prompt à donner son avis sur des questions extérieures à son champ d'expertise, dans une langue trop recherchée pour être honnête. Qui d'autre? Les Dupont. En ce moment les Dupont ? un jeune, un vieux, l'un poli l'autre non ? vivent sur le trottoir, d'air frais et d'on ne sait quoi. Bref chacun est à peu près à sa place. Pour l'instant. Tout arrive, en effet.

dimanche 11 mai 2014

FISHER, Marc - Le millionnaire

Le jeune homme avait toujours cru que les millionnaires étaient des êtres calculateurs. Il se rendait compte à présent qu'un millionnaire peut être un véritable poète, un rêveur, mais un rêveur lucide qui construit sa vie comme un artiste. Et si être millionnaire c'était se retrouver soudain soulevé d'enthousiasme, prêt à reconquérir tous les terrains perdus, à relever la tête et à croire en sa bonne étoile ? "Respecte tes désirs profonds, même les plus fous, dit le Millionnaire, car ils sont la promesse de ce que tu peux devenir, ils sont la boule de cristal dans laquelle tu peux lire ton avenir." " M. F. Hasard ? Bonne fortune ? Un jeune homme que le sort n'a pas favorisé croise le chemin d'un être étonnant. Un homme riche. Immensément riche. Mais un extravagant. Un enfant. Un sage. C'est le Millionnaire. Ce n'est pas à un cours d'économie, mais à une leçon d'humanisme, de courage et de foi que Marc Fisher nous convie

samedi 10 mai 2014

FOLLETT, Ken - Les piliers de la terre

Dans l'Angleterre du xiie siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles. et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.
Abandonnant le monde de l'espionnage, Ken Follett, le maître du suspense, nous livre avec Les Piliers de la Terre une oeuvre monumentale dont l'intrigue, aux rebonds incessants, s'appuie sur un extraordinaire travail 
d'historien. Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au coeur de l'Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d'une superbe épopée romanesque dont il aimerait qu'elle n'eût pas de fin.

jeudi 1 mai 2014

DUBOIS, Jean-Paul - Vous plaisantez, monsieur Tanner

" Eh bien moi, vous me verrez tous les jours de la semaine. - Vous plaisantez, monsieur Tanner. En tout cas, il faut qu'on se mette d'accord : qui est-ce qui va commander ? " Paul Tanner, documentariste animalier, menait une existence paisible avant d'hériter de la maison familiale. Décidé à la restaurer de fond en comble, il entreprend des travaux. Tandis qu'il s'échine sur les sols, les corps de métier défilent. Maçons déments, couvreurs délinquants, électriciens fous... tous semblent s'être donné le mot pour lui rendre la vie impossible. Récit véridique d'un chantier, chronique d'un douloureux combat, galerie de portraits terriblement humains, Vous plaisantez, monsieur Tanner se lit comme une comédie. Une comédie menée par un narrateur qui ressemble fort à son auteur.

mardi 29 avril 2014

AMIS, Martin - Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre

Lionel Asbo vient d’une banlieue où les garçons prennent le chemin de la prison plus souvent que celui de l’école, et où le pitbull est le meilleur ami de l’homme. Après avoir longtemps œuvré dans le recouvrement de dettes par tous les moyens, il gagne un jour la modique somme de cent quarante millions de livres sterling à la loterie, ce qui lui permet de fréquenter enfin les héros de l’Angleterre contemporaine, les stars de la téléréalité comme celles du monde du football, et lui vaudra l’admiration éperdue de son neveu Desmond, jeune homme sentimental et brillant. Si ce dernier réussit à s’extraire de son milieu, il ne perdra jamais de vue les frasques de son oncle, chroniquées par le menu dans les tabloïds anglais, tout en redoutant qu’il ne découvre la faute impardonnable qu’il a commise au temps de son adolescence. Martin Amis nous offre un portrait au vitriol de l’Angleterre d’aujourd’hui. Ce roman ravageur et terriblement drôle démontre une nouvelle fois la virtuosité verbale de son auteur. Son talent de satiriste et sa capacité à dépeindre l’Angleterre avec tous ses travers sont éclatants.

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...