vendredi 31 décembre 2021

SEMAN, Miguel A. - Le musée des rêves

Lorsqu’il est contacté par Mendívez, un homme qui se prétend incapable de rêver, Rodolfo se dit qu’il va pouvoir se faire un peu d’argent, Mendívez lui proposant en effet d’acheter ses rêves. Mais vendre ses rêves n’est pas anodin et Rodolfo finit par se demander ce qui se cache derrière cet étrange commerce. Il découvre alors l’existence d’un groupe clandestin dont les membres se préparent pour « le jour de tous les rêves » lors duquel ils comptent renverser le régime dictatorial qui plonge le pays dans les ténèbres.
 
 
Poétique et envoûtant, Le Musée des rêves interroge les possibilités de résistance dans une société où règne l’arbitraire et où prospèrent les petits collaborateurs d’un régime dont la violence n’épargne personne. Roman magistral sur la mémoire, l’imagination et le pouvoir des livres, ce texte s’adresse aux légions de rêveurs qui ont soif de liberté, d’amour et de folie.

mercredi 29 décembre 2021

LE DANTEC, Jean-Pierre - Dix jardiniers

Loin d'être paisiblement et exclusivement préoccupés par la pousse des plantes et la beauté d'un agencement réussi, les créateurs de jardins sont souvent des personnages flamboyants, passionnés jusqu'à l'excès, et aux destins parfois tragiques. C'est ce que découvrira le lecteur de ce nouvel ouvrage de Jean-Pierre Le Dantec, qui conte les "Vies" d'une dizaine de jardiniers de cultures et d'époques différentes : le souverain moghol Babur, l'Italien Pirro Ligorio, créateur des jardins de la villa d'Este, le Chinois Ji Cheng, "dresseur de pierres" au début du XVIIe siècle, Jean-Baptiste Le Blond qui dessina les plans de Saint-Pétersbourg, le landscape gardener anglais Humphry Repton, le prince allemand Hermann von Pückler-Muskau, les Américains Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux, créateurs de Central Park à New York ; ou encore l'étonnante Ellen Willmott, qui s'obstina jusqu'à sa mort à planter sans relâche, et Charles Pécqueur, un ancien mineur du Nord de la France qui avait rassemblé sa vision du monde dans un jardinet de quelques dizaines de mètres carrés.
 
Pour rendre hommage à ces artistes méconnus que sont les "jardiniers-paysagistes", Jean-Pierre Le Dantec a su allier avec bonheur la plume du romancier et l'exigence de l'historien des jardins. En inventant des personnages qui ont existé, il nous rappelle aussi que l'histoire est sans doute la source la plus riche de la fiction.

dimanche 19 décembre 2021

CLAUDEL, Philippe - Inhumaines


Nous sommes devenus des monstres.
On pourrait s’en affliger.
Mieux vaut en rire.
« Le rire contre les armes. Et l’ironie pour se moquer de nous.
L’homme est sans doute le seul animal à commettre deux fois les mêmes erreurs. Il est aussi l’unique à fabriquer le pire et à le dépasser sans cesse. À observer le monde comme il va, on hésite alors entre les larmes et le rire.
J’ai choisi dans Inhumaines de m’affubler d’un nez rouge, d’exagérer le vrai pour en saisir l’atroce. Ma volonté était de cette façon de tempérer la cruauté née de notre société en la croquant de façon grotesque, ce qui permet de s’en moquer, en espérant contribuer à la corriger aussi, même si je n’ai guère d’illusion sur ce point : restons modeste.
En 2000, j’avais déjà écrit un roman, J’abandonne, sur la vulgarité de notre monde et sa bêtise. Cela ne me faisait pas rire à l’époque, et le texte était serré comme un coup de poing. Avec le temps, j’ai préféré l’humour et la satire, comme dans Le Paquet ou dans L’Enquête, pour dire comment nous allions droit dans le mur, un mur plus solide que nos pauvres caboches.
Je suis convaincu qu’il est des situations où la littérature doit se transformer en papier de verre pour décaper les cervelles : cela fait un peu mal au début mais cela chatouille aussi. Et après tout, à mon très petit niveau, je ne fais avec ce roman de moeurs que m’inscrire dans un sillon tracé depuis longtemps par des aînés prestigieux, Pétrone, Rabelais, Molière, Voltaire, Villiers de L’Isle-Adam, Jarry, l’Apollinaire des romans érotiques et absurdes, Georges Fourest, les Surréalistes, Ionesco, Roland Topor, Pierre Desproges et bien d’autres qui se sont
servis de l’outrance et de la farce pour transcrire nos errements, et amuser leur public en le déshabillant.
Bien des peintres et graveurs aussi m’ont inspiré depuis longtemps, qui ont su se pencher sur les monstres : Jérôme Bosch, Brueghel, Jacques Callot, Monsu Desiderio, Füssli, George Grosz, Alfred Kubin, Otto Dix, le Topor dessinateur, Reiser, Jean Rustin, Cardon, sans oublier la joyeuse bande du mythique Hara-Kiri. Et dans le cinéma, comment ne pas citer Dino Risi et ses propres Monstres, mais aussi plus près de nous le devenu culte désormais C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde,
Inhumaines est inspiré de faits réels. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant est totalement volontaire. J’ai simplement forcé un peu le trait. À peine. Et je n’ai d’autre ambition que faire rire, même jaune, à nos propres dépens, à commencer par les miens.
Inhumaines est à la vérité ce que le palais des glaces est au réel : exhibant un reflet convexe, parfois concave, rétréci ou agrandi, même s’il déforme, il ne ment jamais. »

lundi 13 décembre 2021

KAKUTA, Mitsuyo - Lune de papier

Mariée depuis peu, Rika tente avec beaucoup d’humilité de correspondre à l’image qu’elle se fait du bonheur conjugal, mais ne tarde pas à percevoir l’inélégance de son mari. À cela la jeune femme ne voit qu’une parade : réintégrer le monde du travail pour assumer ses propres dépenses, être relativement autonome, et retrouver un semblant de vie sociale. Dès lors, elle prépare un examen qu’elle obtient haut la main et entre dans une banque où lui est rapidement attribué un poste de responsable de clientèle.

 
Rika s’attelle ainsi à la gestion de produits d’épargne un peu particuliers, puisqu’il s’agit de les vendre exclusivement à des personnes âgées dont elle doit gagner la confiance à l’occasion de visites régulières, et toujours à domicile. Quand un jeune homme la croise chez son grand-père, Rika a déjà basculé dans une véritable addiction. Bien loin d’être une héroïne hollywoodienne, cette femme ordinaire est néanmoins sur le point de mettre en place l’une des plus importantes escroqueries de l’époque.

Avec une férocité saisissante, Mistuyo Kakuta explore de livre en livre les effets de la société japonaise sur la psychologie du féminin. Capables de briser le carcan du quotidien, de sauter de l’autre côté de leur vie pour échapper au renoncement, ses créatures sans faille apparente sont inoubliables car effroyablement proches de nous.

dimanche 5 décembre 2021

DEVILLE, Patrick - Fenua

La Polynésie se décline en un poudroiement d’îles, atolls et archipels, sur des milliers de kilomètres, mais en fin de compte un ensemble de terres émergées assez réduit : toutes réunies, elles ne feraient pas même la surface de la Corse. Et ce territoire, c’est le Fenua.
Comme toujours chez Deville, le roman foisonne d’histoires, de rencontres et de voyages. On déambule, on rêve. On découvre les conflits impérialistes et coloniaux qui opposèrent la France et l’Angleterre, on croise Bougainville, Stevenson, Melville, puis Pierre Loti sur les traces de son frère Gustave, ou Victor Segalen. Mais la figure centrale c’est Gauguin, le peintre qui a fixé notre imaginaire de cette partie du monde, entre douceur lascive et sauvagerie. Des îles merveilleuses qui deviendront, vers le milieu du xxe siècle, le terrain privilégié d’essais nucléaires dont le plus sûr effet aura peut-être été de susciter un désir d’indépendance…

jeudi 25 novembre 2021

SWARTHOUT, Glendon - Bénis soient les enfants et les bêtes

Ils sont six adolescents à s’être rencontrés dans ce camp de vacances en plein cœur de l’Arizona. Leurs riches parents ne savaient pas quoi faire d’eux cet été-là, et ils ont décidé d’endurcir leurs rejetons en les envoyant au grand air pour qu’ils deviennent de “vrais cow-boys”. Au sein du camp, ces enfants se sont trouvés, unis par le fait que personne ne voulait rien avoir à faire avec eux. Cette nuit-là, alors que tout le monde est endormi, ils ont une mission à accomplir, un acte de bravoure qui prouvera au monde entier qu’ils valent quelque chose. Et ils iront jusqu’au bout de leur projet, quel que soit le prix à payer.

dimanche 21 novembre 2021

GIESBERT, Franz-Olivier - Le schmock

"J'écris des romans pour raconter des histoires. Depuis longtemps, j'en avais une qui me courait dans la tête et qui se déroulait dans l'Allemagne nazie du siècle dernier, en Bavière. Une histoire d'amour, d'amitié. Malgré toutes mes lectures sur la période hitlérienne, je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi tant d'Allemands "bien", respectables, avaient pris à la légère la montée du nazisme tandis que les Juifs tardaient étrangement à fuir.

Par quelle aberration, à cause de quelles complaisances, quelles lâchetés, le nazisme fut-il possible ? Qu'était-il arrivé à ce grand pays de musiciens, de philosophes et de poètes ? Ces questions-là n'ont jamais cessé de me hanter. Je crois que l'histoire d'Elie, Elsa, Lila, Karl et les autres apporte quelques clés. Après tout, il n'y a que les fous pour tenter de répondre à ce genre de questions, les fous ou les personnages de roman".

mardi 16 novembre 2021

MATSUURA, Hisaki - La calligraphe

Otsuki, un ancien toxicomane qui a décroché de l'université et se laisse entretenir par des maîtresses, vit une existence de parasite à Tokyo. Une rencontre fortuite avec un ancien collègue le mène à accepter un emploi auprès d'un mystérieux maître calligraphe.
Otsuki plonge petit à petit dans un cauchemar labyrinthique, à travers les bas-fonds miteux d'un enfer urbain peuplé de personnages troubles et criminels.
Un univers étrange et sensuel qui évoque Murakami, Edogawa Ranpo, Kyotaro Nishimura ; une écriture poétique qui mène une réflexion métaphysique sur la calligraphie, la sexualité et le temps.

jeudi 11 novembre 2021

BONNEFOY, Miguel - Le voyage d'Octavio

Le voyage d’Octavio est celui d’un analphabète vénézuélien qui, à travers d’épiques tribulations, va se réapproprier son passé et celui de son pays. Le destin voudra qu’il tombe amoureux de Venezuela, une comédienne de Maracaibo, qui lui apprend l’écriture. Mais la bande de brigands «chevaleresques», menée par Rutilio Alberto Guerra, pour laquelle il travaille, organisera un cambriolage précisément au domicile de sa bien-aimée. Avant que ne débute un grand voyage dans le pays qui porte son nom. Octavio va alors mettre ses pas dans ceux de saint Christophe, dans ceux d’un hôte mystérieux, dans ceux d’un peuple qu’il ignore.

Car cette rencontre déchirante entre un homme et un pays, racontée ici dans la langue simple des premiers récits, est d’abord une initiation allégorique et amoureuse, dont l’univers luxuriant n’est pas sans faire songer à ceux de Gabriel Garcia Marquez ou d’Alejo Carpentier.

dimanche 7 novembre 2021

BEINHART, Larry - Le bibliothécaire

Travaillant dans une université huppée de Washington D.C., David Goldberg devient, par le plus grand des hasards, le bibliothécaire privé d'Alan Stowe. Vieil acariâtre multimillionnaire, industriel cynique et sans scrupules, Stowe est
surtout le plus grand bailleur de fonds du parti républicain. Or, nous sommes justement en pleine élection présidentielle et l'équipe du candidat sortant, un gosse de riche va-t-en-guerre, ancien alcoolique reconverti en fou de Dieu, voit d'un mauvais œil l'arrivée de cet inconnu auprès d'un homme aussi influent que Stowe. A peine Goldberg a-t-il le temps de commencer le classement des papiers de l'homme d'affaires qu'il se retrouve pris en chasse par des barbouzes de la Sécurité intérieure. Tandis que la candidate démocrate grignote son retard sur le Président et que le grand jour du vote se rapproche, David, aidé d'une bande d'amis, se voit contraint de trouver dans les documents de Stowe l'information pour laquelle on veut le tuer... Après Reality show (Folio Policier n° 313), adapté au cinéma sous le titre Des hommes d'influence avec Dustin Hoffman et Robert De Niro, Larry Beinhart fait un retour fracassant sur la scène littéraire, démontant pièce par pièce l'administration Bush, sa manière de manipuler le public américain et l'opinion mondiale en jouant avec des peurs et des fantasmes archaïques. Comme quoi les critiques les plus virulentes ne viennent pas toujours de la " vieille Europe "...

dimanche 31 octobre 2021

De VIGAN, Delphine - Les enfants sont rois

"La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s'étonna de l'autorité qui émanait d'une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l'obscurité. "On dirait une enfant" pensa la première, "elle ressemble à une poupée" songea la seconde.
Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire."

A travers l'histoire de deux femmes aux destins contraires, Les enfants sont rois explore les dérives d'une époque où l'on ne vit que pour être vu. Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine De Vigan offre une plongée glaçante dans un monde où tout s'expose et se vend, jusqu'au bonheur familial.

jeudi 28 octobre 2021

DELY, Renaud - Le grand saut

Jeux olympiques de Los Angeles, 8 août 1984. Un jeune homme aux boucles brunes court à petites foulées, sa perche à la main.

À des milliers de kilomètres, en pleine nuit, un enfant est planté devant son poste de télévision. Il regarde Pierre Quinon qui s’envole, décroche la médaille d’or du saut à la perche. La prouesse lui fait oublier, un instant, le souffle court de sa mère dans la chambre à côté.
Pourtant…
Malgré une jeunesse assombrie, l’enfant construira sa vie. En dépit d’une jeunesse lumineuse, Pierre Quinon écourtera la sienne. Il se défenestre le 17 août 2011, miroir inversé du saut qui l’a sacré dieu de l’Olympe.
Deux trajectoires, deux existences, racontées par la mémoire du cœur.

mardi 26 octobre 2021

RUFIN, Jean-Christophe - Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla

"Sept fois ils se sont dit oui. Dans des consulats obscurs, des mairies de quartier, des grandes cathédrales ou des chapelles du bout du monde. Tantôt pieds nus, tantôt en grand équipage. Il leur est même arrivé d'oublier les alliances. Sept fois, ils se sont engagés. Et six fois, l'éloignement, la séparation, le divorce... Edgar et Ludmilla... Le mariage sans fin d'un aventurier charmeur, un brin escroc, et d'une exilée un peu "perchée", devenue une sublime cantatrice acclamée sur toutes les scènes d'opéra du monde. Pour eux, c'était en somme : "ni avec toi, ni sans toi". A cause de cette impossibilité, ils ont inventé une autre manière de s'aimer. Pour tenter de percer leur mystère, je les ai suivis partout, de Russie jusqu'en Amérique, du Maroc à l'Afrique du Sud. J'ai consulté les archives et reconstitué les étapes de leur vie pendant un demi-siècle palpitant, de l'après-guerre jusqu'aux années 2000. Surtout, je suis le seul à avoir recueilli leurs confidences, au point de savoir à peu près tout sur eux. Parfois, je me demande même s'ils existeraient sans moi", Jean-Christophe Rufin.

mardi 19 octobre 2021

WELSH, Irvine - L'artiste au couteau

Charlatan pour les uns, visionnaire pour les autres, le terrible Begbie est devenu un artiste bien installé en Californie. Mais un drame le ramène à Édimbourg où il retrouve sa vieille communauté. Là, entre un passé violent et un présent psychotique, les choses vont tourner vraiment mal, vraiment vite 
 
Francis Begbie a été découvert dans le film « Trainspotting » (1996) de Danny Boyle, alors que la majorité des lecteurs francophones ignoraient le roman de Irvine Welsh. Violent, burlesque et décapant, le livre a mis en scène l'un des méchants les plus attachants de l'histoire de la littérature, proche de ses amis de toujours, mais ne les tolérant qu'à moitié parce qu'ils s'adonnent à la drogue, substance chimique qu'il abhorre. Loin d'être un enfant de coeur, il n'hésite jamais lorsqu'il s'agit de se lancer dans la bagarre, prêt à tout pour aplatir les opposants. Entêté, capricieux et imprévisible, il apparaît comme totalement instable. Pourtant, les années se sont écoulées et il a désormais quitté l'Angleterre pour les Etats-Unis où, sous une nouvelle identité, il mène une existence rangée avec son épouse et leurs deux filles. Sculpteur et peintre à succès, il semble avoir tiré un trait sur son passé de mauvais garçon, mais le meurtre de son fils (qu'il connaissait à peine !) l'oblige de revenir à Édimbourg, ville de sa jeunesse et dans laquelle il retrouve ses copains d'hier. Pendant ce temps, sa femme découvre son passé. Saisi dans un engrenage dont il ne maîtrise pas les règles, Begbie se réveille et se sait prêt à tous les coups pour rasséréner son orgueil blessé. A nouveau, Irvine Welsh signe un volume empreint de virulence, qui ne manque jamais de rythme et qui peut être considéré comme une critique de la société moderne ultra violente. En ce sens, il se fait chroniqueur tout en demeurant un narrateur original. Bien sûr, le titre « L'artiste au couteau » joue sur l'ambiguïté de l'expression » ! 

mercredi 6 octobre 2021

COUTURE, CharlElie - New York Memories

New Yorcœur


Je n'ai jamais ressenti une émotion aussi forte ailleurs. Manhattan est une dope.
Depuis la première minute, quand j'ai atterri à JFK en 1981. Coup de foudre sur la skyline.
New York n'est pas une ville tendre, c'est une ville de béton et de brique, de glace et d'acier, une ville dure, une ville d'efficacité et d'utilité pour survivre, une ville qui ne tient pas compte des petites misères et qui reste inflexible. Et pourtant, New York trouve un équilibre grâce à sa beauté moderne.

Vivre à New York : un rêve devenu réalité pour CharlElie. Si loin de la France, Big Apple et ses habitants l'inspirent, le surprennent, et parfois lui jouent de mauvais tours... La ville s'amuse de lui tout autant qu'il s'amuse d'elle. CharlElie la peint et la dépeint, la met en musique, y prend ses marques.
Jusqu'à ce que l'émerveillement et la frénésie des premières années s'estompent. Et s'il était temps de revenir ?

lundi 4 octobre 2021

HOUELLEBECQ, Michel - Sérotonine

« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour » écrivait récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman, son double inversé), l'échec des idéaux de leur jeunesse, l'espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue. Ce roman sur les ravages d'un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret.

jeudi 30 septembre 2021

ISHIGURO, Kazuo - Nocturnes

Des piazzas italiennes aux collines de Malvern, d’un appartement londonien à l’étage feutré d’un hôtel sélect de Hollywood, ce cycle sublime de nouvelles explore l’amour, la musique et le temps qui passe. Les personnages décrits sont des musiciens de rue, des stars déchues et des rêveurs, chacun en quête intime, chacun dans un moment de vérité. Comme le rythme de la musique qu’il évoque, imprégné de thèmes obsédants, le quintette résonne de questions spirituelles et éternelles : le combat humain pour s’éloigner du désenchantement, et pour préserver intact le charme de la vie, même quand les relations s’embourbent et que les espoirs de jeunesse s’émoussent.

jeudi 23 septembre 2021

EGGERS, Dave - La parade

Un pays non nommé se relève avec peine d’une sombre décennie de guerre civile. Afin de commémorer l’armistice tant attendu, le gouvernement ordonne la construction d’une route reliant le Sud dévasté à la capitale du Nord victorieux. Deux entrepreneurs étrangers ont pour mission de goudronner en quelques jours ce chemin long de plusieurs kilomètres, après quoi sera organisée une grande parade où les gens du Sud se rendront au Nord en empruntant cette nouvelle voie. Mais la cohabitation entre ces deux hommes que tout oppose ne sera pas simple, et la nouvelle alliance entre les deux parties de la nation semble trop belle pour être vraie.

Avec "La parade", Dave Eggers questionne brillamment la valeur des tentatives de reconstruction par ceux-là mêmes qui sont à l’origine du carnage, et nous tient en haleine jusqu’à la dernière page.

lundi 20 septembre 2021

GAUDE, Laurent - Paris, mille vies

Guidé par une ombre errante, l'écrivain-narrateur déambule de nuit dans un Paris étrangement vide, se remémorant des scènes proches ou lointaines, des existences anonymes ou fameuses, des personnalités tutélaires (Villon, Hugo, Artaud...).
Mille vies l'ont précédé dans cette ville qui l'a vu naître et mettre au monde lui-même tant de personnages. Un récit sur la présence des absents, qui mêle l'autofiction au fantastique pour esquisser un art poétique.

MILLE, Raoul - La belle Otero

Elle fut une idole de la Belle Epoque. Des hommes se tuèrent pour elle. Le Kaiser Guillaume II, le milliardaire Vanderbilt, le dandy Bony de Castellane furent fous d'elle et la couvrirent de diamants. Elle laissa des millions sur les tables de jeu de Monte-Carlo. Elle était née dans un village andalou. Elle y avait connu la misère. Plus tard, elle rencontra l'amour, sous les traits du prince Alexandre de Russie. Elle mourut presque centenaire, à Nice, un jour de 1965... Elle s'appelait Caroline Otero. L'auteur des Amants du paradis, prix Interallié 1987, nous raconte ici sa fabuleuse histoire.

mercredi 8 septembre 2021

FOURNIER, Jean-Louis - Je ne suis pas seul à être seul

Le premier souvenir de solitude ? Un petit garçon coiffé en brosse qui réclame sa mère à l'accueil d'un grand magasin. Plus tard, c'est un enfant de 10 ans qui nage seul dans la mer du nord et qui lorsqu'il se retourne découvre la plage vide : personne ne l'a attendu. Puis c'est la première danse refusée, la première rupture, le premier deuil, mais c'est aussi tous ces moments choisis, voulus, espérés, goutés : seul avec un livre, avec une musique, seul à regarder les autres, seul en écrivant. Jean-Louis Fournier est toujours ce petit garçon, fils unique qui rêvait d'amitiés et d'une grande famille mais qui espérait aussi s'échapper, grandir, rester seul. Aujourd'hui dans un grand appartement, après la mort de sa femme, de ses amis, de son éditeur, ce désir des autres et ce besoin de solitude sont restés les mêmes et il passe de l'un à l'autre. Avec un mélange de douceur, de tristesse et d'espièglerie, il regarde les fenêtres toujours fermées de ses voisins (des gens seuls comme lui ?), il observe ce monde où les hommes sont ultra connectés et semblent n'avoir jamais été aussi seuls, il attend la visite d'une jeune femme qui l'emmène au musée, qui le distrait, lui apporte sa jeunesse : mais des deux qui est le plus seul ? Un livre tendre, délicat, mélancolique parfois qui ressemble à une aquarelle de Turner et à un dessin de Sempé

mardi 31 août 2021

RYKIEL, Nathalie - Ecoute-moi bien

« Je souris, j'y pense, tu te voyais peut-être l'héroïne de mon roman, le roman de ma vie... En voici une version. C'est ton cadeau. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot maman. On partage. Mon sujet ce n'est pas toi, c'est nous. Nous deux. »

vendredi 27 août 2021

SHIBA, Ryôtarô - Le dernier shôgun

Certaines vies ressemblent à des romans. Ainsi en va-t-il de la vie de Yoshinobu, qui devint shôgun non grâce à sa naissance mais à ses talents, et qui, malgré son orgueil de guerrier, préféra la voie de la paix au tumulte des armes. Yoshinobu fut, à la fin du XIXe siècle, le dernier shôgun du Japon féodal. Shiba - auteur de nombreux romans populaires historiques - nous raconte ici les ultimes soubresauts d'un empire qui va s'effondrer, les rivalités de clans et les luttes de palais. A travers sa carrière mouvementée dans un monde en pleine mutation, se dessine le portrait attachant d'un homme solitaire, d'un shôgun éclairé, d'un politicien visionnaire évoluant au milieu de nobles de cour décadents et de samouraïs dévorés d'ambition. Mort en 1913, le dernier shôgun a été le témoin de la naissance du Japon moderne, et vu l'ancien Edo devenir peu à peu ce Tôkyô nostalgique du début du xxe siècle, si magistralement décrit par Kawabata, Sôseki ou Kafû.

lundi 16 août 2021

HARRISON, Jim - Le vieux saltimbanque

Dans un récit à la troisième personne, l'auteur revient sur des épisodes marquants de sa vie : souvenirs d'enfance, mariage, amours et amitiés, pulsions sexuelles, plaisirs de la table, alcools, drogues, etc.

samedi 14 août 2021

TESSON, Sylvain - La panthère des neiges

"- Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J'y retourne cet hiver, je t'emmène.

-Qui est-ce ?
-La panthère des neiges. Une ombre magnifique !
-Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je.
-C'est ce qu'elle fait croire."

vendredi 13 août 2021

VUILLARD, Eric - La bataille d'Occident

« La Bataille d’Occident est l’un des noms de nos exploits imaginaires. C’est un récit de la Grande Guerre, celle de 14-18, où nos différentes traditions de « maîtres du monde » manifestèrent ouvertement leur grande querelle. Il en résulta un charnier sans précédent, la chute de plusieurs empires, une révolution. Et tout cela fut déclenché par quelques coups de révolvers ! »

Eric Vuillard revisite à sa manière historique, politique et polémique le premier conflit mondial.

jeudi 12 août 2021

MURAKAMI, Haruki - Profession romancien

Écrire un roman n’est pas très difficile. Écrire un roman magnifique n’est pas non plus si difficile. Je ne prétends pas que c’est simple, mais ce n’est pas non plus impossible. Ce qui est particulièrement ardu, en revanche, c’est d’écrire des romans encore et encore. Tout le monde n’en est pas capable. Comme je l’ai déjà dit, il faut disposer d’une capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple « talent ».

Bon, mais comment savoir si l’on possède cette aptitude ? Voici la réponse : plongez dans l’eau et voyez si vous nagez ou si vous coulez.
Bienvenue sur le ring !

Dans un essai à la fois drôle, intelligent, passionnant, Haruki Murakami se raconte et porte un regard aussi rafraîchissant que sincère sur le métier de romancier.
Tout en explorant ses plus chères obsessions et en distillant des réflexions sur la littérature, la lecture et plus largement la société japonaise, l’auteur dévoile les coulisses de son quotidien, où s’imposent persévérance, patience et endurance.

mercredi 4 août 2021

KAWAKAMI, Hiromi - Soudain, j'ai entendu la voix de l'eau

Un frère et une sœur reviennent vivre dans la maison de leur enfance. Là où dort enfoui le temps du bonheur, des désirs les plus secrets et les plus interdits, prêts à se réveiller. L'odeur du beurre fondu, les crissements d'un drap de lin, la ritournelle des cigales de montagne, le tic-tac lancinant d'une horloge dans une chambre toujours fermée à clé... Quelle est cette sensation qu'on ne peut oublier, et qui fait chavirer le cœur ?

Les souvenirs s'emmêlent, le trou noir de l'attentat au gaz sarin de 1995 et la douceur des lèvres du premier baiser, ils passent de l'ombre à la lumière en révélant les liens invisibles qui unissent une famille ; suspendu à ce murmure fragile et tenace comme le fil de la vie, le lecteur retient son souffle.

jeudi 29 juillet 2021

PICQ, Pascal - S'adapter ou périr Covid-19 : faire front

"Les enseignements de la pandémie de Covid-19 au révélateur de sa science anthropologique, mais aussi de ses convictions et de ses engagements d'Homme : voilà les trésors que partage Pascal Picq dans ce dense dialogue, qui met comme jamais en lumière les attributs de "l'évolution" : plus que jamais, en effet, à l'épreuve de l'évènement sanitaire, économique, social, (géo)politique, entrepreneurial, qui frappe la planète, n'est-il pas capital de se placer en situation, en condition, en volonté de s'adapter ? Jamais autant qu'aujourd'hui n'a été espérée une "société évolutionnaire", jamais autant qu'aujourd'hui n'est apparue aussi cardinale la conscience que chaque décision, chaque acte accompli maintenant détermine le "jeu des possibles" des générations futures. Oui, il s'agit bien de s'adapter. Ou de prendre le risque de disparaître." Denis Lafay

lundi 26 juillet 2021

PICQ, Pascal - Sapiens contre Sapiens

Notre espèce Homo sapiens saura-t-elle s’adapter aux conséquences fulgurantes de son succès depuis 40 000 ans et à son amplification sans précédent depuis un demi-siècle ?

Il n’y a pas si longtemps, plusieurs espèces humaines se partageaient la Terre et échangeaient des techniques et des gènes. Puis des populations sapiennes plus récentes (notre espèce), sorties d’Afrique, sont parties à pied et en bateau à la conquête du monde jusqu’en Australie et aux Amériques, avant d’écarter les Néandertaliens d’Europe ou les Dénisoviens d’Asie, parmi d’autres.
Telle est la splendide aventure que raconte cet essai. Mais cette étonnante capacité d’acclimatation des hommes depuis plus d’un million d’années pourra-t-elle servir notre adaptation dans un monde urbanisé, connecté, pollué, menacé par des pandémies, comme la Covid-19, et aux écosystèmes dévastés ? Car l’évolution continue.
Avec ses talents de vulgarisateur hors pair, Pascal Picq interroge les notions de progrès et d’évolution en explorant comment le succès inégalé de Sapiens le rend désormais seul responsable de son devenir : Sapiens est face à Sapiens.

lundi 28 juin 2021

DIOP, David - Frère d'âme

Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne.


Né à Paris en 1966, David Diop a grandi au Sénégal. Il est actuellement maître de conférence à l’université de Pau.

jeudi 24 juin 2021

OYAMADA, Hiroko - L'usine

L'Usine, un gigantesque complexe industriel de la taille d'une ville, s'étend à perte de vue. C'est là qu'une femme et deux hommes, sans liens apparents, vont désormais travailler à des postes pour le moins curieux. L'un d'entre eux est chargé d'étudier des mousses pour végétaliser les toits. Un autre corrige des écrits de toutes sortes dont l'usage reste mystérieux. La dernière, elle, est préposée à la déchiqueteuse de documents.
Très vite, la monotonie et l'absence de sens les saisit, mais lorsqu'il faut gagner sa vie, on est prêt à accepter beaucoup de choses... Même si cela implique de voir ce lieu de travail pénétrer chaque strate de son existence ?

Dans une ambiance kafkaïenne où la réalité perd peu à peu de ses contours, et alors que d'étranges animaux commencent à rôder dans les rues, les trois narrateurs se confrontent de plus en plus à l'emprise de l'Usine.
Hiroko Oyamada livre un roman sur l'aliénation au travail où les apparences sont souvent trompeuses.

dimanche 20 juin 2021

JAUFFRET, Régis - Le dernier bain de Gustave Flaubert

Conçu à la mi-mars 1821 d’un coup de reins que j’ai toujours eu quelque peine à imaginer je suis né le mercredi 12 décembre à quatre heures du matin. Il neigeait sur Rouen, une légende familiale prétend que ma mère se montra si stoïque pendant le travail qu’on pouvait entendre tomber les flocons sur les toits de la ville. Quant à moi, je serais bien resté quelques années de plus dans le ventre à l’abri de l’imbécillité du monde.

Désespéré de naître j’ai poussé un atroce hurlement. Épuisé par mon premier cri je semblais si peu gaillard qu’on attendit le lendemain pour me déclarer à l’état civil car si j’étais mort entre-temps on en aurait profité pour signaler mon décès par la même occasion.

Le 8 mai 1880 au matin Gustave Flaubert prit un bain. Il décéda peu après dans son cabinet de travail d’une attaque cérébrale sans doute précédée d’une de ces crises d’épilepsie dont il était coutumier. Allongé dans l’eau il revoit son enfance, sa jeunesse, ses rêves de jeune homme, ses livres dont héroïnes et héros viennent le visiter. Il se souvient d’Élisa Schlésinger, la belle baigneuse de Trouville qui l’éblouit l’année de ses quinze ans, de Louise Colet dont les lettres qu’il lui adressa constituent à elles seules un chef-d’œuvre mais aussi de l’écrivain Alfred Le Poittevin qui fut l’amour de sa vie.

vendredi 11 juin 2021

ORLEAN, Susan - L.A. Bibliothèque

Près de 500 000 livres partis en fumée, 700 000 autres endommagés. Et un mystère. D'où est parti l'incendie qui a dévasté pendant plus de sept heures la bibliothèque centrale de Los Angeles le 29 avril 1986 ? Était-il accidentel ou s'agissait-il d'un acte criminel ? Les soupçons d'emblée se portent sur Harry Peak, un jeune homme qui ambitionne de faire carrière à Hollywood, mais que la police finira pas relâcher. Plus de trente ans plus tard, Susan Orlean mène m'enquête sur ce spectaculaire incendie survenu le jour de la catastrophe de Tchernobyl, et de ce fait passé relativement inaperçu. Au fil d'un thriller haletant, elle signe un hommage puissant aux livres et à ceux qui les préservent.

mardi 1 juin 2021

MOUTON, Mylène - Soleils d'ôcre

Il y a 12 000 ans, au pied des Alpes, le clan de Fraou vit et se déplace au rythme des saisons, en célébrant la mémoire de Tadiik'anh, le souffle sacré du renne. Un soir un chasseur ramène un garçon étranger, qu'il a trouvé gisant, blessé. Il a les cheveux rouges. Rouges comme les traînées d'ocre qui semblent flamboyer dans le ciel crépusculaire. Un signe, disent les chasseurs. Le lendemain naissent deux enfants jumeaux, fille et garçon. Ils seront le joyau du clan, " enfants-chance " garants de la protection d'Eryniâ, la Lune. A condition den'être jamais séparés, telle est la loi du clan. Mais déjà en ces temps lointains, les lois de l'amour, de la jalousie et de la haine président aux destins. C'est un drame intemporel que Mylène Mouton met en scène à l'âge de pierre. Son écriture somptueusement limpide donne vie à des hommes et des femmes préhistoriques qui nous sontétonnamment proches. Documenté avec précision, romancé avec intelligence, Soleils d'ocre est d'une grande rigueur archéologique. Comme une peinture rupestre encore toute fraîche...

jeudi 27 mai 2021

KALTENBACH, Lorraine - La famille Chibret, 150 ans de passion pour l'ophtalmologie (1875-2015)

Cette saga qui a pour toile de fond la ville de Clermont-Ferrand, dépeint la longue histoire des Chibret de la Révolution française à nos jours. De la pommade ophtalmique utilisée par le Prince de Metternich, aux sangsues placées derrière les oreilles; des premiers lasers, en passant par la Révolution des antibiotiques, puis celle des collyres «sans conservateur», cet ouvrage retrace la naissance et l’évolution d’une discipline et de sa pharmacopée. C’est enfin le récit d’hommes et de femmes confrontés dans leur vie familiale comme professionnelle à la grande Histoire, deux guerres mondiales, la construction de l’Europe et la mondialisation.


Concocté par Lorraine KALTENBACH, sous la férule d’Henri CHIBRET, fondateur des laboratoires Théa, cet ouvrage sort aux Éditions JC. Lattès, qui éditent en France des livres et auteurs de renom: les prix Nobel Muhammad Yunus et Luc Montagnier ou encore John Grisham, Dan Brown et son Da Vinci Code ! Un voisinage détonnant pour un ouvrage qui en apprendra beaucoup aux patients comme aux praticiens contemporains aussi bien sur l’origine de leur profession que sur l’histoire des médicaments qu’ils prescrivent tous les jours.

 

mardi 25 mai 2021

LEMAITRE, Pierre - Le miroir de nos peines

Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches... Et quelques hommes de bonne volonté.
Il fallait toute la verve et la générosité d’un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d’un peuple broyé par les circonstances.
Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique… Le talent de Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, est ici à son sommet.

jeudi 20 mai 2021

DESBIOLLES, Maryline - Le neveu d'Anchise

Un chien noir, familier et inquiétant à la fois, traverse le livre et le paysage. Ce paysage, c’est celui d’Anchise, apiculteur farouche, veuf inconsolé qui, sur le tard, s’est suicidé par le feu. Aubin était alors un enfant. Il a peu connu son grand-oncle, mais en secret il a joué dans sa maison abandonnée. Au bord de la route, pas très loin de Nice, pas très loin de la ville et déjà à la campagne, minée par les pavillons et leurs clôtures en plastique.


Depuis, la maison a été rasée et remplacée par une déchetterie. Et c’est là que, adolescent, Aubin, à deux pas de chez lui, franchit sa propre clôture, le périmètre très étroit de sa famille. C’est là, à l’endroit de la maison détruite, qu’Aubin rencontre le désir, la musique et l’ailleurs en la personne d’Adel, le jeune gardien de la déchetterie.

Un roman sur la mémoire et ses traces, sur la question de l’origine, toujours à réinventer.

samedi 15 mai 2021

GHOSH, Amitav - Les feux du Bengale

Roman indien saisissant, ce livre est un voyage insolite mené par quatre personnages aussi excentriques qu'attachants. Alu, surdoué du métier à tisser, Zindi-la-pomme, maquerelle aux dimensions fort respectables, Jyoti Das, policier féru d'ornithologie et Balaram, phrénologue qui a pour héros Louis Pasteur, se croisent et se retrouvent au fil du hasard en Inde, en Afrique et dans les pays arabes. Orientalisme, magie et aventures. Cette saga romanesque semble tout droit sortie d'un conte des Mille et une nuits où les héros poursuivent des quêtes inattendues dans des pays qui apparaissent parfois irrationnels. Comme celle de Balaram qui essaie de communiquer sa passion pasteurienne et ce culte de la raison, jusqu'en Hindoustan. Écrit dans un style traditionnel propre aux récits indiens, les personnages modernes, que l'on pourrait presque qualifier d'occidentaux, pourraient faire partie d'un roman de John Irving. Amilav Ghosh livre ici un premier roman aussi hilarant que déroutant. Cette course est un récit fulgurant de catastrophes et de merveilles en tout genre.


Voici la prodigieuse histoire d'Alu, le surdoué du tissage, de Balaram, le phrénologue grand mesureur de bosses, de Zindi-la-Pomme, la maquerelle aux proportions aussi vastes que le coeur, de Jyoti Das, le policier crypto-ornitologue. Des personnages ordinairement excentriques - nous sommes en Inde -, dont les destins se mêlent et se trament en une saga aussi chatoyante que les soieries dont Alu a le secret.

Balaram, ex-membre de la Société pour la dissémination de la science et du rationalisme parmi les peuples de l'Hindoustan, a pour héros Louis Pasteur. Et, s'il avait eu moins d'admiration pour Mme Joliot-Curie, peut-être ne se serait-il pas exilé à Lalpukur pour tenter de mettre un peu d'ordre dans un monde qui n'en finit pas de sécréter violemment l'irrationnel.

Après la fatale explosion qui s'ensuit, Alu, à son tour, reprendra le flambeau et cette course folle à la Raison à travers les Indes, l'Arabie et l'Afrique, déclenchant sur son passage catastrophes et merveilles, dont le récit fulgurant semble sorti tout droit des Mille et Une Nuits revues et corrigées par Louis Pasteur qui aurait épousé Zindi-la-Pomme...

mardi 4 mai 2021

SUKEGAWA, Durian - Le rêve de Ryosuke

Ryôsuke souffre de manque de confiance en lui, un mal-être qui trouve ses racines dans la mort de son père lorsqu’il était enfant. Après une tentative de suicide, il part sur les traces de ce père disparu, qui vivait sur une île réputée pour ses chèvres sauvages, et tente de réaliser le rêve paternel : fabriquer du fromage.
À travers les efforts du jeune homme pour mener à bien son entreprise dans un environnement hostile, Sukegawa dépeint la difficulté à trouver sa voie et à s’insérer dans la société, et souligne le prix de la vie, humaine comme animale.

mercredi 28 avril 2021

CLEMENT, Gilles - Je chemine avec...

Qui suis-je ? Si je le savais, cela réglerait un certain nombre de questions que je continue à me poser ! Mais heureusement, j’ai commencé par refuser d’être celui que l’on voulait que je sois. J’ai renoncé très jeune à rentrer dans une catégorie, case, obligation, ou bienséance. Finalement, j’ai exploré deux pistes : l’émerveillement, lorsqu’on observe les insectes on est dans l’étonnement, et le faire, parce que fabriquer de ses mains m’a toujours paru très important. »


Gilles Clément a vécu son enfance entre la Creuse et Oran, où s’est ancré son goût du voyage et de l'observation. Jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, enseignant et écrivain, il n’a qu’une passion : le vivant ! Il est à l’origine de nombreux sites (privés et publics, en France et dans le monde) : le jardin de l'Arche de la Défense (Paris), le parc Matisse (Lille), le Domaine du Rayol (Var). Il en a dégagé certains concepts florissants (le Jardin en Mouvement, le Jardin Planétaire et le Tiers-Paysage) sur un principe de base : « Faire le plus possible avec, le moins possible contre » la nature, les énergies, la vie.

samedi 24 avril 2021

PRINCE, Christophe & Nathalie - Nietzsche au Paraguay

Paraguay, 1886. Virginio Miramontes, un aventurier solitaire, est recueilli en pleine jungle dans une étrange colonie peuplée d’une poignée de familles allemandes.

C’est le projet fou d’Elisabeth Nietzsche, sœur du célèbre philosophe, et de son mari, le lugubre docteur Förster. Tous deux rêvent de créer dans ces terres vierges une nouvelle Allemagne digne de l’utopie aryenne balbutiante.
Antisémitisme délirant, plans d’expansion démesurés, cultures et commerces impossibles… Rien ne marche comme prévu, et la Nueva Germania court au désastre. La maladie rôde, la faim guette, la violence s’installe. Perdue dans ce microcosme entouré de barbelés, Elisabeth tient à son frère la chronique fantasmée de leur succès, passant ses jours à attendre les lettres de Nietzsche.

Nietzsche au Paraguay révèle une face cachée de l’Histoire, celle d’une illusion folle, présage des massacres nazis un demi-siècle plus tard.

jeudi 22 avril 2021

BURGAT, Florence - Qu'est-ce qu'une plante ?

A un moment où une certaine confusion a été introduite dans les esprits, Florence Burgat mène une enquête passionnante sur la vie végétale. Des ouvrages et des articles récents ont connu un grand succès en anthropomorphisant les plantes et en leur attribuant une conscience, une vie sensible et des émotions qu'elles n'ont pas. L'auteur éclaire d'une manière scientifique et philosophique, dans le cadre d'une approche phénoménologique remarquablement bien conduite, didactique et élégante, la différence ontologique entre animaux et végétaux.
Les végétaux, en effet, ont une vie d'un autre type et des interactions biochimiques entre eux et avec leur biotope : les plantes sont dépourvues de psyché, elles n'ont pas d'existence "pour soi", il n'y a pas de psychologie des plantes. Sans organes sensoriels ni système nerveux, les plantes réagissent mais ne perçoivent pas, elles n'ont pas de subjectivité , elles ne sont confrontées ni à la souffrance, ni à l'expérience de la mort : leur vie, contrairement à la vie animale, n'est pas marquée par l'inquiétude et n'a pas de dimension tragique. Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas s'engager pour protéger les forêts, les arbres, les buissons, les fleurs, ni s'opposer à la destruction et à l'appauvrissement des écosystèmes et notamment de la flore. Cela signifie que l'on est fondé à se demander "qui" sont les animaux mais que pour la vie végétale, d'une radicale altérité par rapport à la vie animale, la nôtre et celle des autres espèces, la bonne question est bien :"qu'est-ce" qu'une plante ?

dimanche 18 avril 2021

CLAUDEL, Philippe - Fantaisie allemande

Philippe Claudel cite en exergue le si réaliste Thomas Bernhardt : « L’Allemagne a une haleine de gouffre. » Terrible formule qui trouve sa réalisation dans ce roman décomposé où les personnages reviennent, comme dans une ronde que même la mort ne peut interrompre.
Un soldat (un déserteur ? un rescapé ?) croit trouver refuge et trouve la fin.
Un homme âgé ressasse un passé qui n’en finit pas, et l’on apprend qu’il est le père de Viktor. Qui est Viktor ? Un soldat ou un salaud, ou les deux ?
Une fille mal dégrossie, cruelle, maltraite le pensionnaire d’un hospice, mais qui est le plus cruel d’entre eux, puisque l’homme si paisible chantonne à son heure des marches nazies ?
Le peintre expressionniste allemand Franz Marc est-il mort à Verdun en 1916 ou au contraire au cours de l’Aktion qui élimina les handicapés physiques et mentaux ?
Qu’est-ce que la petite (« die Kleine ») va faire du cadavre carbonisé couché en gisant dans l’usine où elle s’égare et joue ?

samedi 17 avril 2021

DOS PASSOS, John - Manhattan transfer

Ils durent changer de train à Manhattan Transfer. Ellen avait un gant neuf, en chevreau, dont le pouce avait craqué, et elle ne cessait de le frotter nerveusement avec l'index. John portait un imperméable à martingale et un chapeau mou gris rosâtre. Quand il se tourna vers elle, en souriant, elle ne put s'empêcher de détourner les yeux et de fixer la pluie qui miroitait sur les rails. - Voilà, chère Elaine. Oh, fille de prince, voyez, nous prenons le train qui vient de la gare de Penn... C'est drôle d'attendre ainsi dans la brousse de New Jersey.

...

Un voyage dans le temps, un aller retour à New-York, pas la ville que nous connaissons , mais New-York du début du vingtième siècle. Elle n'a pas tellement changé, le même bruissement, le va et vient incessant telle une fourmilière. Dans ce brouhaha John Dos Passos nous fait découvrir un univers "Manhattan Transfer" une ville et des êtres humains. Sur une période allant de la première guerre mondiale au crack boursier de 1929 jusqu'à la prohibition.
John Dos Passos nous raconte à sa manière des vies de femmes et d'hommes, des destins plus ou moins contrariés, moins linéaires que ces rues et avenues.
Nous suivons particulièrement deux personnages Elaine Oglethorpe et James Herf. Deux tranches de vie particulièrement bien décrit par Dos Passos. le point commun de ces deux jeunes gens c'est la solitude, l'ennui, l'éternel insatisfaction, ils trainent leurs mal-être dans les endroits à la mode, rencontrent des personnes pas toujours recommandables dans un début de siècle en pleine effervescence. Elaine est actrice et James Journaliste.
L'écriture de John Dos Passos est particulière, un mélange de nouveaux journalisme à la "Tom Wolfe" et le style "John Steinbeck" c'est mon ressenti. Une belle étude sociologique d'un monde et d'une ville où le " rêve américain" est en train de devenir le leitmotiv d'une société en quête de renouveau. Une belle découverte en attendant de lire sa célèbre trilogie " le 42ème parallèle " suivi de " 1919" et " La grosse galette".

dimanche 4 avril 2021

À la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C'est l'histoire d'un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c'est qu'il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d'Apollinaire et les chansons de Trenet. C'est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l'odeur de la mer. Par la magie d'une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.

mardi 30 mars 2021

BRIVAL, Roland - Sato San, le maître des corsets

Il est des enfances dont l'on n'oserait rêver, comme celle de Shiro Sato. Grandir à Osaka dans l'intimité d'une mère dont les talents de couturière, experte en l'art des corsets, sont la cause d'un incessant ballet de femmes venues essayer leurs somptueux articles.

L'expérience, il est vrai, a de quoi fasciner un jeune garçon à l'imagination débordante. Initié à son tour à l'art des couleurs, de la coupe et de la broderie, il sera un élève brillant. Mais, à côtoyer tous les jours des femmes à demi nues, il découvrira que, pour chaque homme, le plus difficile est encore d'apprendre à maîtriser ses désirs. Et cela d'autant plus que, dans le Japon des traditions millénaires, le raffinement et la cruauté voyagent souvent de concert...

Avec ce roman, Roland Brival nous transporte dans un Japon aux multiples facettes. Où l'harmonie de la nature et la sérénité des temples zen côtoient un monde d'un érotisme vertigineux.

mardi 23 mars 2021

HARRISON, Jim - Dalva

D'un balcon sur le Pacifique aux plaines du Nebraska, Dalva est un long souvenir. C'est le roman de la vie vaille que vaille avec son lot de meurtrissures qu'il faut porter au coeur. Mais avant que ne se creusent les brèches taillées par le désespoir, l'ironie salvatrice et pudique éloigne le tragique. Dalva, c'est une histoire de femmes où le passé revisité s'écoule comme un torrent qui n'a pas le goût du regret ni de la mélancolie. Dalva, c'est aussi une femme trop belle, tempétueuse et passionnée qui a grandi trop vite, partie à la recherche de ceux qu'on lui a arrachés comme une partie d'elle-même. Les hommes de sa vie, un père, un amant presque frère, un fils, des passants furtifs qu'elle ne peut oublier. Alors, à quarante ans, Dalva repart pour une tendre errance au pays de ses amours sauvages. Dalva, enfin c'est l'émouvante pudeur de Jim Harrison, amoureux de la terre, attaché à cette force vive que nous donne la vie.

dimanche 14 mars 2021

SEYMAN, Ingrid - La petite conformiste

Esther est une enfant de droite née par hasard dans une famille de gauche, au mitan des années 70. Chez elle, tout le monde vit nu. Et tout le monde - sauf elle - est excentrique. Sa mère est une secrétaire anticapitaliste qui ne jure que par Mai 68. Son père, juif pied-noir, conjure son angoisse d'un prochain holocauste en rédigeant des listes de tâches à accomplir. Dans la famille d'Esther, il y a également un frère hyperactif et des grands-parents qui soignent leur nostalgie de l'Algérie en jouant à la roulette avec les pois chiches du couscous. Mais aussi une violence diffuse, instaurée par le père, dont les inquiétantes manies empoisonnent la vie de famille. L'existence de la petite fille va basculer lorsque ses géniteurs, pétris de contradictions, décident de la scolariser chez l'ennemi : une école catholique, située dans le quartier le plus bourgeois de Marseille.


La petite conformiste est un roman haletant, où la langue fait office de mitraillette. Il interroge notre rapport à la normalité et règle définitivement son sort aux amours qui font mal. C'est à la fois drôle et grave. Absurde et bouleversant.

samedi 13 mars 2021

DETAMBEL, Régine - Les livres prennent soin de nous - Pour une bibliothérapie créative

Par le rythme et la musicalité de leurs phrases, l’ordre de leur syntaxe, le toucher sensuel de leur papier, les livres nous soignent et nous apaisent. Au fil de l’enveloppant mouvement de l’écriture et de la lecture se dispense en effet un sens toujours renouvelé capable de nous arracher à nous-mêmes et à nos souffrances.

Dans la détresse physique ou psychique, dans le handicap ou la grande vieillesse, le livre permet d’élaborer ou de restaurer un espace “à soi”. Face à la double menace de la passivité et de la perte d’autonomie, la lecture a le pouvoir de favoriser la reconquête d’une position de sujet, ce qui est précisément l’objectif de toute bibliothérapie digne de ce nom.
Tandis que fleurissent les salons de “développement personnel” et les premières thèses de médecine sur le pouvoir des livres, Régine Detambel, écrivain et kinésithérapeute de formation, se donne ici pour tâche de montrer que la littérature en tant que “remède” doit se défier tout autant du pouvoir médical que des lieux communs du bien-être de masse. Elle propose à Montpellier-Juvignac une formation en bibliothérapie créative. Le présent ouvrage recense quelquesunes de ses sources théoriques et les grandes lignes de sa pratique.

HALL, Louisa - Trinity

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures,...