samedi 7 juin 2025

ROLIN, Olivier - Extérieur monde

Bigarré, vertigineux, toujours surprenant, tel demeure le monde aux yeux de qui en est curieux : pas mondialisé, en dépit de tout. Venu du profond de l’enfance, le désir de le voir me tient toujours, écrire naît de là. Chacun des noms qui constellent les cartes m’adresse une invitation personnelle. Ce livre est un voyage à travers mes voyages. Digressions, zigzags, la mémoire vagabonde. Visages, voix, paysages composent un atlas subjectif, désordonné, passionné. Le tragique, guerres, catastrophes, voisine avec des anecdotes minuscules. Des femmes passent, des lectures. Si j’apparais au fil de cette géographie rêveuse, c’est parce que l’usage du monde ne cesse de me former, que ma vie est tressée de toutes celles que j’ai rencontrées.»

jeudi 29 mai 2025

EL ASWANY, Alaa - L'Immeuble Yacoubian

Construit en plein coeur du Caire dans les années 1930, vestige d'une splendeur révolue, l'immeuble Yacoubian constitue un creuset socioculturel très représentatif de l'Egypte du XXIe siècle naissant. Dans son escalier se croisent ou s'ignorent Taha, le fils du concierge, qui rêve de devenir policier ; Hatem, le journaliste homosexuel ; le vieil aristocrate Zaki, perdu dans ses souvenirs ; Azzam, l'affairiste louche aussi bigot que lubrique ; la belle et pauvre Boussaïna, qui voudrait travailler sans avoir à subir la convoitise d'un patron... Témoin d'une époque, Alaa El Aswany pose, sans juger, un regard tendre sur des personnages qui se débattent tous dans le même piège, celui d'une société dominée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales, l'absence de liberté sexuelle, la nostalgie du passé. Au.delà des problématiques égyptiennes, en digne héritier d'un Dostoïevski, d'un Zola ou d'un Mahfouz, c'est de l'homme que parle Alaa El Aswany, de ses vices et de ses faiblesses, de ses rêves et de ses échecs, et le miroir qu'il tend, pour indulgent qu'il soit, n'en est que plus effrayant.

dimanche 18 mai 2025

TAYLOR, Benjamin - Philip Roth, mon ami

En revenant sur vingt ans d'amitié avec Philip Roth, Benjamin Taylor fait le portrait sans fard de celui qui fut son complice, et restitue l'un des plus grands écrivains américains dans son humanité. Au cours de ces mémoires conçus comme autant d'instants de vie, le lecteur découvre l'intimité de deux hommes liés par une passion commune pour la littérature et par une loyauté totale l'un envers l'autre.Honnête, Benjamin Taylor témoigne d'un Philip Roth érudit, inflexible, à l'humour incisif et au charme sibyllin ravageur. Avec tact et poésie, l'auteur jette une lumière neuve sur son enfance, son attachement à Newark, la petite ville près de New York où il a grandi, son rapport à l'amour, les difficultés et les fragilités de sa vieillesse, la façon dont il envisageait son travail d'écriture, son œuvre et la place de la littérature dans le monde.
Philip Roth a eu raison d'encourager Benjamin Taylor à écrire : il y apparaît dans son émouvante vérité.

HUSTVEDT, Siri - Tout ce que j'aimais

Au milieu des années 1970, à New York, deux couples d’artistes ont partagé les rêves de liberté de l’époque, ils ont fait de l’art et de la création le ciment d’une amitié qu’ils voulaient éternelle et, quand ils ont fondé leur famille, se sont installés dans des appartements voisins. Rien n’a pu les préparer aux coups du destin qui vont les frapper et infléchir radicalement le cours de leurs vies… Siri Hustvedt convie ici à un voyage à travers les régions inquiétantes de l’âme : bouleversant, ambigu, vertigineux, Tout ce que j’aimais est le roman d’une génération coupable d’innocence qui se retrouve, vingt ans plus tard, au bout de son beau rêve.critique de Céline Darner :
Une histoire d'amitié sur un fond artistique des années 70. Ce n'est pas un hasard si Siri Hustvedt dédie son livre à Paul Auster. On y retrouve dans un décor new-yorkais les mêmes turbulences étranges, le même thème du double, les mêmes intentions gouvernées par le sens de l'amitié. Ici, en l'occurrence, ce sont deux couples qui vivent sur les mêmes rythmes dans les milieux artistiques, emménagent les uns à côté des autres, attendent leur premier enfant ensemble, vivent et traversent de semblables tragédies. Des histoires parallèles qui ne manquent pas de failles ni d'angoisses ni de douleur, de la perte d'un enfant à la toxicomanie d'un autre, de la séparation à la déchirure. Déployant le portrait d'une génération vouée à la réussite, modèle parmi les modèles mais craquant de toutes parts, Siri Hustvedt ajoute clins d'œil et mises en abîme : aux descriptions de tableaux succèdent des essais sur la boulimie et les désordres de la nutrition, des remarques sur l'hystérie, des relents de Charcot qui sont autant d'échos sur l'étrangeté de l'existence. La conclusion optimiste n'est aussi pas la moindre référence heureuse à Paul Auster, dont l'œuvre s'illumine toujours par un triomphe de l'humanité. C'est tant mieux, quand bien même on préfèrerait aller directement chez Paul Auster.

samedi 10 mai 2025

HOCHET, Stéphanie - Pacifique

Dans le chaos de la Seconde Guerre mondiale, sur un porte-avions de l’empire du Japon, le soldat Kaneda s’apprête à mourir. Il a pour mission de s’écraser contre un croiseur américain. Ainsi il contribuera à l’éradication de l’homme occidental, l’ennemi civilisationnel, l’ennemi intime. Mais Isao Kaneda doute. Il pressent que la guerre est perdue et que son sacrifice ne sauvera pas le pays. Isao devra puiser dans son passé, dans son éducation et les coutumes ancestrales pour trouver la force d’aller jusqu’au bout. Le matin du départ, il exécute les ordres et monte à bord de son chasseur Zero. En plein vol, une avarie l’oblige à atterrir en urgence sur une petite île de l'archipel. Alors, loin de la guerre, au cœur d'une nature éternelle et divine, le mot pacifique prendra tout son sens…

jeudi 8 mai 2025

MALTE, Marcus - Aux marges du palais

Au doux pays de Frzangzwe, le fossé entre les nantis et les fauchés ne cesse de se creuser. D’un côté, la baronne, secondée par son équipe de bras cassés : Mo, l’homme de main toujours chargé du sale boulot, Mouna la Souris experte en informatique, Hakkon le Brave inséparable de sa hache bien affûtée, le Toubib réchappé de la justice, Zap le naïf. De l’autre côté, l’archimaréchal règne avec ses zeds de camp et son conseiller Gabriel Pipaudi, premier fifrelin du palais, diplômé de la Grande École – promo Machiavel. Et puis il y a la marjorette, Anne-Sophie-Catherine-Elisabeth dite Aneth. Enfermée dans son vase clos gorgé de paillettes et des ors de la république, Aneth rêve d’amour et d’horizons inconnus. Lorsque sa servante Chantal organise une escapade clandestine dans la jungle du réel, tout bascule. Car les deux mondes vont se croiser, alors que grogne la révolte. Retranchés dans leur manoir, la bande de marginaux fomente un coup d’éclat : occuper la Grande Tour F. Pour quoi faire ? La démonter. Quand ? Le 1er mai. Et si la Révolution était en marche ?

vendredi 2 mai 2025

ELLROY, James - Le dahlia noir

Le 15 janvier 1947, la police de Los Angeles trouve sur un terrain vague le cadavre nu d'une femme de 22 ans, Betty Short. Le corps est sectionné en deux au niveau de la taille, vidé de ses organes et de son sang, il présente de nombreuses lacérations et brûlures, notamment aux seins, et la bouche a été ouverte d'une oreille à l'autre.
La police met toutes ses forces sur ce meurtre qui, à cause de la tendance de la victime à se vêtir de noir, devient "l'affaire Dahlia noir."
Elle va faire la une du Herald Express pendant douze semaines. 
Inspiré d'un fait divers, le premier volet du Quatuor de Los Angeles a consacré le James Ellroy auprès du public français. 
À la lecture de cette bombe, on comprend aisément pourquoi: il fait vivre au lecteur une véritable descente aux enfers. 
Cette mortelle randonnée continue dans Le Grand Nulle Part, L.A Confidential et White Jazz.

mardi 22 avril 2025

HOUELLEBECQ, Michel - Anéantir

Dès qu’ils atteignirent les premières forêts il comprit que ce voyage était une excellente idée, et qu’ils allaient pendant ces quelques jours être très heureux, peut-être pour la dernière fois ; c’était certainement, en tout cas, leur dernier voyage. Prudence conduisait bien, elle était au volant calme et sûre. Ils parlaient peu, mais ce n’était pas nécessaire ; le paysage, très beau dès leur entrée en Bourgogne, devint splendide tout de suite après Mâcon, dès qu’ils arrivèrent dans le Beaujolais proprement dit. Les vignes étaient illuminées d’écarlate et d’or, davantage lui semblait-il qu’elles ne l’avaient jamais été, mais c’était peut-être simplement parce qu’il allait mourir, qu’il ne reverrait plus jamais ce paysage qu’il aimait depuis l’enfance.

mercredi 16 avril 2025

MAURIAC, François - Thérèse Desqueyrous

Pour éviter le scandale et protéger les intérêts de leur fille, Bernard Desqueyroux, que sa femme Thérèse a tenté d'empoisonner, dépose de telle sorte qu'elle bénéficie d'un non-lieu. Enfermée dans la chambre, Thérèse tombe dans une prostration si complète que son mari, effrayé, ne sait plus quelle décision prendre. Doit-il lui rendre sa liberté ? Dans ce livre envoûtant, François Mauriac a réussi un portrait de criminelle fascinant.

dimanche 13 avril 2025

KELEN, Jacqueline - L'esprit de solitude

Pour la plupart des contemporains, la solitude est ressentie de façon négative : on la confond avec l'isolement, le manque, l'abandon. Et la société veille à empêcher que l'être humain ne se retrouve seul, face à lui-même.Or la solitude est loin d'être un enfermement, une pauvreté. 
C'est un état d'heureuse plénitude. Non seulement parce qu'elle offre la clef de la vie intérieure et créative, mais parce qu'elle est disponibilité et apprentissage de l'amour. Et il n'est pas de liberté de l'individu sans ce recueillement de la pensée, sans cet ermitage du cœur.
Pourquoi tant de philosophes, d'artistes, de saints et de mystiques furent-ils de grands solitaires ? Quelle force, quelle inspiration puisèrent-ils dans cette vie d'austère apparence ? Et pourquoi notre monde lutte-t-il avec tant d'ardeur contre un état propice à la connaissance de soi ?
Le livre de Jacqueline Kelen invite chacun à découvrir sa liberté personnelle inaliénable, semblable à une citadelle ouverte aux vents de l'amour et de l'esprit.

vendredi 11 avril 2025

CHABOT, Pascal - Avoir le temps - Essai de chronosophie

Être, c’est avoir du temps. Et ne jamais avoir le temps, c’est être à moitié, vivre à demi. Le propre de notre civilisation est de vivre simultanément sous quatre régimes temporels qui s’entrechoquent: le Destin, le Progrès, l’Hypertemps et le Délai de la catastrophe écologique. De là viennent autant la fabuleuse complexité de ce que nous vivons que les impasses redoutées. Car notre attitude envers le temps a l’impact le plus profond sur notre vie. Nous naviguons entre nostalgie du passé, addiction au présent et espoir des lendemains qui chantent. Dès lors quelle temporalité privilégier ? Dans l’Hypertemps contemporain, l’heure est partout, le temps nulle part. Comment le retrouver ? 
Tout le défi est de construire une sagesse du temps à la mesure des enjeux actuels : une chronosophie.

mercredi 2 avril 2025

BESSON, Philippe - Ceci n'est pas un fait divers

Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : 
« Papa vient de tuer maman. » 
Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.
Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d’un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre.

mardi 1 avril 2025

UKETSU - Strange pictures

Plus on regarde, plus ça devient étrange.Un blog inquiétant, un enfant qui disparaît, un cadavre massacré, une jeune fille dans un centre de redressement… Quelle vérité choquante se dissimule dans ces « étranges images » ? !
Uketsu est l’écrivain le plus vendu au Japon, et le leader de la nouvelle vague des auteurs de thrillers et d’horreur. Artiste complet, il écrit, dessine, publie des vidéos d’horreur et de suspense et compose de la musique. On ne connaît pas sa véritable identité, il apparaît toujours vêtu de noir avec un masque blanc.

samedi 22 mars 2025

COULON, Cécile - Petit éloge du running

« La course à pied au sens large du terme, contient tout ce que l’Histoire contient d’histoires : de l’ère paléolithique à nos jours, elle incarne le drame humain, ses passions, ses conquêtes, ses victoires et ses défaites. D’un point de vue sportif, la course est un enfant sauvage, un mauvais élève, parce qu’elle ne répond à aucune règle, ne retient aucune leçon : la course se pratique quand on veut, où l'on veut, avec ou sans matériel, seul ou à plusieurs. Elle ne s’alourdit d’aucune contrainte ; elle incarne la liberté de l’homme à chercher, dans sa douleur, dans sa vitesse, dans ses capacités physiques, morales et psychologiques, la force d’avancer, même s’il s’agit de revenir au point de départ. Car en course, lorsqu’on part sans se poser de question, il arrive souvent que l’on trouve une réponse dans sa lancée. »Cécile Coulon

Passionnée de course à pied – elle avale elle-même une quarantaine de kilomètres par semaine –, Cécile Coulon est romancière. Elle a publié une dizaine de romans, dont récemment, chez Viviane Hamy, Le Cœur du Pélican (2015) et Trois saisons d’orage (2017, Prix des Libraires). Elle prépare actuellement une thèse sur les liens entre sport et littérature.

vendredi 21 mars 2025

LIPSZYC, Rywka - Le journal de Rywka Lipszyc

Pas lu le journal en lui-même...

Soixante ans après "le journal d'Anne Franck", un nouveau témoignage exceptionnel incontournable)1945. Une femme médecin de l’Armée rouge tire des ruines d’Auschwitz- Birkenau un petit carnet. Elle n’en sait rien encore mais il s’agit de l’un des témoignages les plus bouleversants de la Shoah. Il sera oublié pendant des décennies…
Entre octobre 1943 et avril 1944, Rywka Lipszyc a dépeint dans les pages de son journal le cauchemar qui fut le sien et celui de centaines de milliers de Juifs dans le ghetto le plus dur du régime nazi, celui de Lodz, en Pologne.
Avec l’éloquence de l’innocence, Rywka relate son quotidien terrible. Mais elle raconte aussi comment elle trouve dans l’amitié, la spiritualité et dans sa foi en l’humanité la détermination de vivre. Et pour Rywka vivre, c’est continuer d’aimer, d’étudier, d’écrire de la poésie. C’est continuer de croire en un avenir meilleur.
« Mon jeune sang bouillonne dans mes veines. La jeunesse ! La jeunesse vers la vie ! Quelque chose a chanté en moi ! Je veux vivre ! Vivre de suite ! Vivre ! »
Rywka LIPSZYC est née en 1929. Elle a 14 ans quand elle écrit son journal. Son destin exact demeure obscur. Redécouverts récemment, ses écrits paraissent aujourd'hui pour la première fois dans le monde entier.
Journal traduit du polonais par Kamil Barbarski. Avant-propos et appareil critique traduits de l'anglais par Agnès Blondel.

lundi 10 mars 2025

KUNDERA, Milan - La lenteur

" Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux. Une Grande Bêtise Pour Ton Plaisir. J'ai peur que le moment ne soit venu. Je veux seulement te prévenir : fais attention. " J'incline la tête encore plus bas. " Te rappelles-tu ce que te disait ta maman ? J'entends sa voix comme si c'était hier : Milanku, cesse de faire des plaisanteries. Personne ne te comprendra. Tu offenseras tout le monde et tout le monde finira par te détester. Te rappelles-tu ? - Oui, dis-je. - Je te préviens. Le sérieux te protégeait. Le manque de sérieux te laissera nu devant les loups. Et tu sais qu'ils t'attendent, les loups. "Autre résumé:
«[...] L'homme au casque, avec sa drôle d'intonation, répète : "Je viens de vivre une nuit tout à fait merveilleuse."
Le chevalier hoche la tête comme s'il disait oui, je te comprends, ami. Qui d'autre pourrait te comprendre ? Et puis, il y pense : ayant promis d'être discret, il ne pourra jamais dire à personne ce qu'il a vécu. Mais une indiscrétion après deux cents ans est-elle encore une indiscrétion ? Il lui semble que le Dieu des libertins lui a envoyé cet homme pour qu'il puisse lui parler ; pour qu'il puisse être indiscret en tenant en même temps sa promesse de discrétion ; pour qu'il puisse déposer un moment de sa vie quelque part dans l'avenir : le projeter dans l'éternité ; le transformer en gloire.
"Tu es vraiment du XXe siècle ?
- Mais oui, mon vieux. Il se passe des choses extraordinaires dans ce siècle. La liberté des mœurs. Je viens de vivre, je le répète, une nuit formidable.
- Moi aussi", dit encore une fois le chevalier [...]»

samedi 8 mars 2025

KANKIMAKI, Mia - Ces héroïnes qui peuplent mes nuits

Que faire à quarante ans et des poussières, célibataire, sans enfant, quand on se retrouve soudain désœuvrée ? En quête d’un sens à sa vie, Mia lâche tout : son travail, son appartement, son pays, pour partir sur les traces des héroïnes dont les aventures habitent ses nuits. Elle rêve d’Alexandra David-Néel et de son courage, de l’intrépide Karen Blixen, du tour du monde de Nellie Bly. Alors, puisant sa force dans leurs parcours, elle nous emmène en Afrique du Sud, en Italie ou au Japon, à la rencontre de femmes qui ont défié le patriarcat et l’ordre établi, et dont les histoires ainsi liées tissent un puissant paysage de sororité.

dimanche 23 février 2025

NOTHOMB, Amélie - L'impossible retour

« Tout retour est impossible, l'amour le plus absolu n'en donne pas la clé. »

Un roman plutôt sympa.
L'amie d'Amélie, Pep, veut découvrir le Japon et demande à cette dernière si elle veut l'accompagner. Amélie n'a pas réellement envie car trop nostalgique de ce pays mais veut lui faire plaisir. 
Et les voilà parties. L'autrice nous dévoile un joli panorama du pays.
Juste un bémol, son amie Pep est souvent agaçante à vouloir tout et son contraire et il faut beaucoup de ruse et de psychologie pour calmer cette amie.
Un roman vite lu, comme tout ceux de l'autrice mais plaisant.

mercredi 19 février 2025

DUGAIN, Marc - L'emprise

Un favori à l'élection présidentielle, le président d'un groupe militaro-industriel, un directeur du renseignement intérieur, un syndicaliste disparu après le meurtre de sa famille, une photographe chinoise en vogue...Qu'est-ce qui peut les relier ? Lorraine, agent des services secrets, est chargée de faire le lien. De Paris, en passant par la Bretagne et l'Irlande, pourra-t-elle y parvenir ? Rien n'est moins certain.
Neuf ans après La malédiction d'Edgar, Marc Dugain nous offre une plongée romanesque sans concession au coeur du système français où se mêlent politiques, industriels et espions.

vendredi 14 février 2025

MIZUBAYASHI, Akira - Une langue venue d'ailleurs

« Le français, dit Akira Mizubayashi est ma langue paternelle. » Voici donc un Japonais qui habite notre langue. Plus, qui la vit. Soit un jeune Japonais des années 70. Accablé par les « maux de langue » que lui inflige son idiome natal, qu’il juge paralysé par le conservatisme, avili par l’injonction consumériste et tétanisé par l’hystérie mimétique des doxas soixante-huitardes, il étouffe. Il se sent immensément seul. Et se tait. Quelque chose en lui aspire à une existence dont les moyens lui manquent. Il lui faut un outil de penser, une méthode pour accéder à ce qui, confusément, se dit en lui, une langue sienne, pour y renaître. Ce sera le français. Et le voici séjournant en France, épousant une Française, à ce point familier de notre langue qu’il ne l’est plus vraiment de la sienne. Presque français et plus tout à fait japonais. Presque français car le français qui se parle ne se laisse jamais tout entier posséder par une oreille née ailleurs, plus tout à fait japonais car ce qui se pense désormais en lui, il doit le traduire en sa langue natale, inadaptée à la structure même de cette pensée. Akira Mizubayashi passe donc sa vie entre ce presque et ce plus tout à fait. Loin d’être un lieu de frustration, cet espace de double « étrangéité » est le terrain d’une permanente recherche de l’exactitude. Ceux qui le connaissent, savent que la question la plus fréquente posée par Akira Mizubayashi, sur ce ton de calme concentration qui le caractérise, est : « Comment dire ? » Question à ne pas prendre pour une quelconque interrogation lexicale ; elle dit l’exigence intellectuelle d’un homme qui a voué sa vie à penser au plus précis pour parler au plus juste. Exigence dont Une langue venue d’ailleurs témoigne fort justement.

samedi 8 février 2025

GREVEILLAC, Paul - Art nouveau

À l'orée du vingtième siècle, Lajos Ligeti, apprenti architecte viennois, gagne Budapest porté par un rêve : bâtir.Il découvre une capitale vieillotte et endormie où tout est à faire.
Mais à Budapest, le conservatisme et les vieilles jalousies ne laissent guère de place à ses ambitions de modernité. Pour construire une ville, il faut séduire patrons et donneurs d'ordre. Manoeuvrer contre des concurrents redoutables aux méthodes déloyales. Visionnaire, Lajos Ligeti s'obstine.
Inspiré par sa muse Katarzyna, il trouve son style. Ses créations de béton armé belles et vivantes s'imposent en Hongrie. C'est l'âge d'or de l'Art nouveau à Budapest. Lajos Ligeti est décoré par l'empereur François-Joseph à Vienne et bâtit bientôt dans toute l'Europe. Étranger, juif, il ne voit pas venir le précipice. La guerre mondiale effacera son oeuvre.
Art Nouveau est une plongée dans le monde d'avant 1914 où Otto Wagner côtoyait Béla Bartók et Egon Schiele. Où un architecte pouvait changer la forme d'une ville et tout réinventer.

jeudi 23 janvier 2025

DUTEURTRE, Benoit - En marche !

Thomas, jeune député curieux et constructif, entreprend un voyage d’étude en Rugénie. Réformé sous la houlette de l’économiste Stepan Gloss, ce pays est devenu la vitrine du meilleur des mondes possibles entre services privatisés, cités sans voitures et championnats de laDiversité. Une valise à roulettes en guise de bâton de pèlerin, Thomas s’enchante puis s’étonne devant les contradictions de ce décor idéal : où la pollution des villes est rejetée dans les banlieues ; où la campagne n’est plus qu’un décor vendu à la découpe ; où les vieux Rugènes et leurs habitudes s’opposent aux hipsters épris de tri sélectif… Un clin d’œil à Voltaire et à Orwell inspire cette fable de plus en plus grinçante : quand la déréglementation de l’économie va de pair avec l’hyper-réglementation des libertés individuelles, et quand la guerre s’invite dans le jeu de la communication.
Après La petite fille et la cigarette et L'ordinateur du paradis, Benoît Duteurtre réussit le pari de nous faire rire de notre époque.

vendredi 17 janvier 2025

SANSAL, Boualem - Rue Darwin

"Je l'ai entendu comme un appel de l'au-delà : Va, retourne à la rue Darwin. J'en ai eu la chair de poule. Jamais, au grand jamais, je n'avais envisagé une seule seconde de retourner un jour dans cette pauvre ruelle où s'était déroulée mon enfance". 
Après la mort de sa mère, Yazid, le narrateur, décide de retourner rue Darwin dans le quartier Belcourt, à Alger. "Le temps de déterrer les morts et de les regarder en face" est venu. 
Une figure domine cette histoire : celle de Lalla Sadia, dite Djéda, toute-puissante grand-mère installée dans son fief villageois, dont la fortune immense s'est bâtie à partir du florissant bordel jouxtant la maison familiale. C'est là que Yazid a été élevé, avant de partir pour Alger. L'histoire de cette famille hors norme traverse la grande histoire tourmentée de l'Algérie, des années cinquante à aujourd'hui. 
Encore une fois, Boualem Sansal nous emporte dans un récit truculent et rageur dont les héros sont les Algériens, déchirés entre leur patrie et une France avec qui les comptes n'ont toujours pas été soldés. Il parvient à introduire tendresse et humour jusque dans la description de la corruption, du grouillement de la misère, de la tristesse qui s'étend. 
Rue Darwin est le récit d'une douleur identitaire, génératrice du chaos politique et social dont l'Algérie peine à sortir.

mardi 7 janvier 2025

MORAVIA, Alberto - Le conformiste

Le jeune Marcello grandit, livré à lui même, dans une famille désunie. Le bouillonnement de l'adolescence l'effraie, il se sent traversé par des instincts violents, meurtriers. Terrorisé par le sentiment d'être différent des autres, Marcello décide, une fois adulte, de devenir comme tout le monde, irréprochablement normal. Dans l'Italie de Mussolini, être normal cela veut dire être fasciste. Marcello a mis le doigt dans un engrenage qui le conduira très loin.
Relire Le Conformiste dans sa première édition, c'est redonner à ce texte qui a suscité tant d'interprétations une virginité. C'est, enfin, laisser la parole aux mots.

vendredi 3 janvier 2025

GUIMARD, Paul - Rue du Havre

Posté matin et soir rue dix Havre pour vendre des billets de loterie, Julien Legris se distrait de la monotonie des jours en observant le flot pressé des gens de banlieue que déversent à heure fixe les trains de la gare Saint-Lazare. Il a ses préférés parmi ces passants. François, par exemple, lui semble fait pour Catherine mais onze minutes séparent l'arrivée de leurs trains respectifs et, on le sait, la S.N.C.F. ne badine pas avec l'horaire. Julien rêve, sans rien oser, de retarder François jusqu'à l'heure de Catherine. Un jour, le jeune homme s'arrête de lui-même le magasin qui l'emploie a besoin d'un Père Noël, Julien veut-il la place ? Julien parle, parle, les onze minutes s'écoulent mais Catherine n'apparaît pas. Le dieu tout-puis-sant du cinéma s'est emparé d'elle. Les fêtes de Noël finies, Julien retourne à sa rue et à sa solitude. Un de ces revirements du sort, qui font le bonheur des uns et le malheur des autres, donne son épilogue à ce conte vif, tendre et spirituel qui cache sa gravité sous une plaisante ironie.

jeudi 2 janvier 2025

SAINT PIERRE, Michel De - Les écrivains

Fuyant la tentation de l'anecdote et de la charge, Michel de Saint-Pierre, pour décrire le monde littéraire qu'il connaît bien, a choisi le mode romanesque. C'est l'histoire d'un écrivain célèbre qui, bien que couvert de gloire, se sent de plus en plus seul face aux petites et grandes interrogations de l'existence.

Alexandre Damville, maître incontesté, bénédictin des lettres, " puissant et solitaire ", et son fils Georges Damville, espoir turbulent de la nouvelle vague.

Mais cette commune passion d'écrire ne les rapproche pas. Elle ne fait que donner plus de relief et de violence au conflit qui les oppose.

Conflit de deux générations et de deux styles, de deux orgueils, de deux tempéraments. Pour Alexandre, Georges n'est qu'un jeune barbare frénétique et bien doué, qui trouble l'ordre de sa vie. Alexandre est pour Georges un grand homme sans âme et sans amour, dont le génie a tué le coeur.

Conflit encore de deux tendresses refoulées.

Entre eux, le vide br-lant que l'absence d'une femme creuse au coeur des hommes : Georges avait sept ans quand sa mère est morte.

Ève Chambleau, la jeune maîtresse d'Alexandre, s'efforce de devenir le trait d'union de ce père et de ce fils, au risque d'y briser sa grâce et ses forces...

Avec une sorte d'héroïsme, toute sa vie, Alexandre Damville a cherché l'effacement de l'homme devant l'artiste. Georges, lui aussi, va jusqu'au bout de la route, en bravant ce père qu'il admire et qu'il craint. Mais le drame de leurs solitudes blessées ne change pas : ils s'aiment.

ROLIN, Olivier - Extérieur monde

Bigarré, vertigineux, toujours surprenant, tel demeure le monde aux yeux de qui en est curieux : pas mondialisé, en dépit de tout. Venu du p...